Reportage de Jean-François Cullafroz, journaliste professionnel honoraire, carte de presse 49272
Il n’est pas commun de rencontrer des personnes qui ont fait et font encore l’histoire. J’ai eu ce privilège en 2011 lors d’un colloque dont j’étais co-organisateur. Liliane Klein-Liber était un des grands témoins de ces deux jours d’échange tenus à Annecy autour de « l’esprit de résistance ». Sa vie a été structurée par un engagement a débuté aux heures sombres de notre histoire nationale, quand, pourchassée par le régime de Vichy puis par les nazis, cette jeune femme juive a décidé de sauver des enfants. A l’heure présente, un de ses petits enfants, Jonathan Klein a décidé de raconter l’histoire de cette vie solidaire. Prochainement, un film devrait émerger de ce compagnonnage avec sa grand-mère préférée. Rencontres.
De la capitulation à la Résistance
Elle s’appelait Luciole dans la Résistance. Un patronyme directement hérité de son passé de membre des Eclaireuses et éclaireurs israélites de France. Ce totem l’a marqué toute sa vie et s’est d’abord illustré lors de l’occupation de la France par l’armée allemande dès juin 1940. L’armistice signé le 22 juin 1940 par le général Huntziger accompagné du général d’aviation Bergeret, le vice-amiral Le Luc et l’ambassadeur Léon Noël, se plie aux conditions dictées par le chancelier du Reich, Adof Hitler. A ce moment là, depuis septembre 1939, Liliane est repliée à Vichy où réside une partie de sa famille. Comme nombre d’Alsaciens, elle a dû fuir dès l’entrée de la Wehrmacht sur le sol français.
Depuis l’élection du dictateur en 1933, Liliane, âgée de 9 ans, prend conscience du danger du national-socialisme qui se met en œuvre, et voit arriver dans son école de jeunes filles juives qui ont fui Outre-Rhin. Aussi, en 1942, quand Robert Gamzon, le fondateur des Eclaireurs-éclaireuses israélites de France, l’invite à rejoindre Moissac, elle n’hésite pas. elle devient ainsi partie prenante de la Sixième, un mouvement de résistance qui va s’attacher à sauver des enfants juifs avec l’Œuvre de secours aux enfants (OSE).
Cette résistance de l’esprit très concrète se poursuivra toute sa vie par des actions de solidarité envers les femmes et les personnes handicapées. Aujourd’hui encore, elle témoigne encore de la nécessité de s’engager. Entretien avec une résistante d’ici et de maintenant.
Une histoire d’engagement, romanesque et cinématographique
L’engagement de Liliane Klein-Lieber est constant et fidèle, depuis les années sombres du 20e siècle jusqu’aux résurgences de fascisme, racisme et de xénophobie sur fond d’antisémitisme et d’islamophobie actuels. Il est tissé par une attention solidaire constante.
Jonathan, réalisateur et monteur, est très proche de sa grand-mère depuis sa tendre enfance. Passionné pour le 7e art, il a commencé à tourner dès son adolescence des petits bouts de film qui ont aujourd’hui valeurs d’archives. C’est ce qui le conduit aujourd’hui à préparer un long métrage documentaire destiné au cinéma. Un film qui reviendra sur les lieux marquants de cet engagement résistant de son aïeule. Il se confie.
A l’heure où s’est ouvert le 70e Festival de Cannes, (avec sa sélection officielle et ses sections parallèles : Quinzaine des réalisateurs, Semaine de la critique, Un certain regard, Acid), ce projet est une histoire à suivre dont nous vous tiendrons évidement informé ici.
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