Par Jean-François Cullafroz-Dalla-Riva, journaliste professionnel honoraire, carte de presse 49272, correspondant du Courrier (quotidien à Genève).
La liaison ferroviaire Lyon-Turin fait à nouveau parler d’elle avec un mouvement de contestation organisé depuis vendredi 16 juin 2023 dans la vallée de la Maurienne par un ensemble de mouvements écologistes que n’ont pas suspendu quatre arrêtes pris par le préfet de Savoie.
Depuis trente ans, depuis la signature de la Convention alpine lançant la construction d’une nouvelle ligne à grande vitesse entre Lyon et Turin, de projet de liaison ferroviaire de 270 kilomètres est toujours contesté.
Un rassemblement est prévu pour s’opposer au creusement de deux tubes de tunnel sous le Mont-Cenis, malgré la décision préfectorale d’interdire le mouvement de contestation.
Les quatre arrêtés du préfet se concrétisent par la mobilisation de 2 000 policiers et gendarmes par le ministre de l’Intérieur, et est légitimé par le rejet par le Tribunal administratif de Grenoble du référé-liberté introduit par les organisations écologistes (EELV, Attac Savoie, et l’association Vivre et agir en Maurienne).
Daniel Ibanez est un opposant irréductible à ce projet. Invité de France Bleu Pays de Savoie le 16 juin, il soulignait que « 1 milliard d’euros a déjà été investi sur cette ligne, mais aujourd’hui il y a cinq fois moins de trains de fret qu’en 1998. On demande juste que les pouvoirs publics fassent la même chose qu’avant les travaux de sécurisation. Sinon, on se demande à quoi les travaux ont servi. »
Nous l’avons rencontré lors du rassemblement 2023 des Citoyens-résistants d’hier et d’aujourd’hui (CRHA) des 19-21 mai 2023. Il détaille les raisons de l’opposition à ce projet.
Des arguments que reprennent des élu.e.s de Savoie comme François Chemin, maire PS de Fourneaux en Maurienne. Ce conseillér régional d’opposition expliquait que « S’il s’agit de gagner 30 minutes ou une heures de trajet pour trois hommes d’affaires qui vont à Milan de temps en temps, ça n’a pas d’intérêt. Moi ce qui m’intéresse, c’est de lutter contre le dérèglement climatique, donc je me dit que tout ce qui peut limiter le trafic routier est bon à prendre, y compris le développement d’une ligne de fret entre deux pays européens. »
Cette contestation est aussi soutenue par l’organisation Les Soulèvements de la terre, dont on parlé lors de la manifestation contre la « grande bassine » de Sainte-Soline (Deux-Sèvres).
Julien Le Guet, un des opposants aux « méga-bassines » explique comment peuvent se poursuivre les résistances à des projets anti-écologistes.
Dans une autre vallée alpine, au bord de l’Arve, des opposants se sont longtemps mobilisés contre le passage des poids lourds et la nécessité d’un ferroutage conséquent sir l’actuel réseau SNCF de la vallée de la Maurienne.
Laure Schmutz, maire de Servoz (Haute-Savoie) entre 2008 et 2014, explique pourquoi il est nécessaire de résister.
très partisan/pas de parole donnée aux « pour » la liaison.Le problème du tunnel de base n’est que partiellement celui d’une liaison Lyon Turin à grande vitesse,mais plutôt une liaison fret performante et pouvant charger les caisses mobiles et conteneurs.La liaison actuelle ne permet que de charger des citernes à gabarit moindre que les caisses et avec une charge de 1200 t par train utilisant 3 locomotives (2 en tête,1 en pousse),pour passer le tunnel actuel.
Pendant nos tergiversations,les Suisses,eux,ont creusé 3 tunnels de base,financés au tiers par l’Europe.Il est vrai que les poids lourds ne peuvent pas avoir le gabarit européen pour traverser la Suisse.Que je sache,les helvètes ne sont pas moins écolo que le maire de Lyon.!