Reportage de Jean-François Cullafroz, journaliste professionnel honoraire, carte de presse 49272
Dimanche 11 juin 2017 à 20 heures, les estimations annoncées sur France 2 n’ont guère varié au long de la soirée. Cinq jours plus tard, à 48 heures du 2e tour de l’élection législative du 18 juin 2017, dans de nombreuses circonscriptions, les électeurs de gauche sont en désarroi. Que faire, après un premier tour étonnant, face à un candidat de la République en marche ? Exemple sur la 11e circonscription du Rhône, entre Pays de l’Ozon et vallée du Rhône, au pied des monts du Lyonnais et du massif du Pilat.
Que faire entre les deux F ? Faut-il voter Fenech Georges ou Fugit Jean-Luc, ou tout simplement voter blanc ou rester chez soi dimanche 18 juin. des électeurs de gauche ?
Entre deux F;, leur choix balance…
Si, avec un peu plus de 20 %, le député sortant Les Républicains (Georges Fenech) affiche derrière lui pour le second tour, une ribambelle de maires (il est d’ailleurs intéressant de lister ceux qui n’ont pas pris parti pour lui !), la population a massivement plébiscité le professeur de chimie Jean-Louis Fugit, représentant du mouvement d’Emmanuel Macron avec près de 40 %. Un score époustouflant pour un universitaire stéphanois, quasi nouveau sur un territoire où il est juste connu pour son appartenance au club de rugby givordin.
Mais du côté des responsables politiques de gauche, il n’en va pas de même. Pour la France insoumise et pour le Parti communiste français comme d’ailleurs pour le candidat de Lutte ouvrière, La République en marche et les Républicains sont renvoyés dis à dos. Bonnet blanc et blanc bonnet, pour reprendre l’expression de Jacques Duclos, secrétaire général du PCF lors du duel Pompidou-Poher de l’élection présidentielle de 1969.
Les propos de Christiane Valentin (France insoumise) qui a totalisé un joli score à près de 11 % , sont à l’unisson du communiqué de Robert Combaz (PCF), un citoyen du cru lourdement sanctionné avec moins de 3 %. Pour eux deux, chaque électeur est laissé à sin libre arbitre, tout en indiquant bien que le président de la République poursuivra sa politique de ministre de l’Economie notamment en termes de code du travail. « Fenech et Fugit soutiennet tous les deux un programme libéral approuvé par M. Gattaz, président du Medef », insiste Raymond Combaz et sa colistière Sylvie Benvenutto.
Pour ce qui est du candidat socialiste Jules Jioassard, à deux jours du scrutin, celui a soutenu Benoit Hamon lors de l’élection présidentielle, ne pipe pas mot sur son attitude. Peut-être est-il difficile pour ce militant socialiste investi de responsabilité nationale de délivrer un message sur un candidat macroniste, ancien militant socialiste et proche d’un député de la Loire sortant ?
Les écolos dans le flou
Pour les écologistes du parti EELV, la situation est moins simple. D’abord, il faut compter avec le point de vue des candidats (Jérôme Bub et Stéphanie Marty-Jourjon). après avoir remercié leurs électeurs, et en vue du second tour, ils laissent « les électrices et électeurs écologistes décider de qui sera le plus à même de défendre leurs idées. »
Ils complètent néanmoins cette pétition de principe par un souhait qui laisse sous-entendre un vote pour le candidat macroniste en se référant à Nicolas Hulot. « L’espoir que nous mettons en Nicolas Hulot à défendre leur point de vue, combiné à l’espoir d’un renouvellement de la classe politique peut faire pencher la balance envers l’un ou l’autre des candidats qualifiés. Mais ces espoirs ne doivent pas être trahis à nouveau », déclarent les ex-candidats écologistes.
Liberté d’expression et liberté de choix
Mais comme chez EELV, dans la grande tradition des Verts, rien n’est jamais simple, le groupe local Givors-Condrieu, a écrit au candidat Fugit pour lui apporter son soutien, sans toutefois rendre la position publique dans la presse quotidienne régionale. Interrogé par nos soins, Cyril Mathey, porte-parole des militants de ce groupe, déclare que « si on veut faire de la politique autrement, il faut respecter la liberté d’expression et de choix de chacun, il n’est pas question de donner une consigne de vote. Quand on donne une consigne, des adhérents ne sont pas contents et nous quittent… »
Il reste que plusieurs adhérents EELV ont fréquenté les réunions publiques du candidat de M. Macron, et que celui-ci dispose dans son équipe de campagne d’un ancien militant du parti des Verts.