Par Jean-François Cullafroz, Journaliste
Ce blog a pris pour nom Lecumedunjour en référence à l’oeuvre de Boris Vian. Aussi, alors que vient de sortir sur les écrans L’ecume des jours, il est bien normal que l’attention du rédacteur soit donc attirée. Le film de Michel Gondry vient de remettre en lumière le roman-phare de cet artiste génial. De leur côté, en Saône-et-Loire, deux comédiens Michel Picard et Bernard Bloin, tournent depuis deux ans, Brèves de Vian, une de leurs créations, emplie de poèmes de ce génial ingénieur, héraut de St Germain-des-Prés au sortir de la Seconde Guerre mondiale.
Le dernier film de Michel Gondry a suscité des avis très partagés de la part des critiques de cinéma. Pour l’avoir suivi de près, il est vrai que la multiplicité des effets spéciaux qui se succèdent en cascade peut déranger. On est en droit aussi de se demander si derrière un quartet d’artistes connus (Romain Duris dans le rôle de Colin, Audrey Tautou dans celui de Chloé, Gad Elmaleh qui joue Chick, Omar Sy Interprétant Nicolas), le réalisateur ne dissimule pas certaines faiblesses.
Eh bien, non ! N’en déplaise à ses détracteurs, ce quincagénaire aux multiples talents (scénariste, réaliseur, acteur, musicien) livre une crééation assez déjantée tout à fait dans le style du roman de Boris Vian. Michel Gondry retrouve lci la créativité affinée durant ses études de dessin et témoigne d’un amour de la musique, au coeur de la trop courte carrière jazzye de Vian. Rien d’étonnant puisque Gondry a manifesté sur une longue durée son tropisme musical avec des artistes talentueux, dont la chanteuse pop Björk. Gondry, qui n’hésite pas à passer devant la caméra pour jouer le rôle du médecin de Chloé, se paie maussi le luxe de mettre l’ariste québecoise Charlotte Le Bon à l’écran dans le rôle d’Isis, l’amie de Chloë dans le roman.
Le film L’Ecume des jours restitue bien aussi, par le personnage de Chick (Gad Elmaleh), ce qu’a pu être l’engouement pour Jean-Paul Sartre et Simone de Beauvoir dans les anées de la Libération où l’existentialisme faisait recette. Il fait aussi écho à l’engagement du grand boris, contre la guerre, le racisme, la consommation à outrance…
De l’écran au café-théâtre
Au même moment, au café théâtre, deux comédiens bourguignons continuent de tourner Brèves de Vian, une de leurs créations. Michel Picard et Bernard Bloin, dont nous avons apprécié le talent au Bat les arts, un café théâtre d’Autun. Regardez plutôt cet extrait de leur spectacle d’une heure et quart qui démarre autour d’une bonne bouteille de vin de Bourgogne.
C’est autour d’un verre que commence cette évocation théâtrale de la poésie de Boris Vian. Boire pour oublier la vie, la guerre, l’armée, la consommation à outrance. Bris Vian est un chanteur engagé. Entre la chanson « Le déserteur » et le livre « J’irai cracher sur vos tombes », il a eu maille à partir avec la censure, témoignant ainsi de la pertinence de sa dénonciation des ardeurs belliqueuses comme des dérives rxénophobes et racistes, toujours présentes dans notre société.
Michel Picard et Bernard Bloin n’ont pas attendu qu’on reparle de Boris Vian au cinéma pour évoquer les multiples facettes de cet ingénieur, formé à l’Ecole centrale, et de surcroît excellent jazzman. Depuis deux ans, ils tournent un spectacle d’une petite heure « Brèves de Vian » qui vaut le détour. Ces deux amis, sont prêts à prendre la route pour faire connaître les aspects méconnus de la poésie de Vian. Avec en prime quelques notes d’accordéon pour célébrer un air du père de la « Java des bombes atomiques « .
Parmi les nombreux tubes de Boris Vian, il y a « Je bois ». Reprenant cette chanson et avec une pincée de « Java des bombes atomiques », Michel Picard et Bernard Bloin déploie le florilège poétique du trompettiste talentueux et écrivain iconoclaste. Vian est aussi un artiste engagé, comme en atteste « Brèves de Vian ». On peu faire tourner en les deux comédiens en joignant Bernard Bloin : bloinbernard0054@orange.fr.
Ce duo d’amis explique leur choix de la poésie pour faire pénétrer dans l’oeuvre de Boris Vian.
Il serait intéressant de comparer cette nouvelle adaptation de L’ÉCUME DES JOURS avec celle de Charles Belmont en 68, avec les très jeunes acteurs Marie-France Pisier, Jacques Perrin et Sami Frey.
Sélection officielle au Festival de Venise 1968.
Prévert en disait : « Belmont a gardé le coeur du roman, ce film est merveilleusement fait. En plus, c’est drôle ! »
Renoir : « Ce film a la grâce »
En décembre 2011 Télérama : « Une comédie solaire délicieusement surréaliste. Adapter Vian ? un tabou dont Charles Belmont est joliment venu à bout ».
En juin 2012 Michèle Vian dans Le Monde : « C’est très joli. Charles Belmont avait compris quelque chose. Il était fidèle à l’esprit. Et la distribution est éclatante ».
Et le Passeur critique le 24 avril 2013 : « Cette fraîcheur de ton offre au roman original la traduction à l’écran d’une fuite existentielle débordante de vie magnifiée par une bande son jazzy d’une élégance rare et d’un montage à son unisson. Élégant le film l’est tout du long dans un dégradé de nuances. »
On peut voir photos, extraits et avis critiques sur le blog :
L’oeuvre du cinéaste Charles Belmont
charlesbelmont.blogspot.fr