Reportage de Jean-François Cullafroz-Dalla Riva, journaliste professionnel honoraire, carte de presse 49272
Depuis deux ans, une petite partie de la ligne Autun-Avallon a été remise en activité entre Cordesse-Igornay (Saône-et-Loire) et Manlay (Côte d’Or). A défaut des convois SNCF, ce sont des vélos-rails qui circulent grâce à Olivier Curie, à un amoureux du rail, qui s’était battu contre l’abandon du trafic voyageurs puis du fret. Un parcours touristique et un transport écologique qui allie effort physique et découverte des paysages typiques de la Bourgogne. Rencontre avec des acteurs de cette initiative.
Depuis une quarantaine d’années, au fil du développement de la politique du tout-TGV, la SNCF n’a eu de cesse de fermer des lignes qu’elle estimait non rentables, tant pour la trafic voyageurs que pour les marchandises. Rompant avec sa mission de service public, initiée lors de la nationalisation des compagnies privées par le gouvernement du Front populaire, elle a fait preuve de peu d’anticipation.
Décision technocratique, désastre écologique…
Le désastre écologique que nous vivons avec acuité aujourd’hui était déjà annoncé, et le développement de transports collectifs au plus près des régions aurait dû être privilégié.
De deux circuits vélorail ouverts il y a trente ans, on en compte aujourd’hui près d’une cinquantaine dans l’Hexagone français. Une nouvelle initiative est en route depuis deux ans entre les départements de la Saône et Loire et de la Côte d’Or. Sur cette petite partie du Morvan, on découvre la beauté des paysages, comme ailleurs sont mis en lumière les multiples ouvrages d’art construits il y a près de deux siècles.
Mais avant de découvrir ces merveilles, il faut déjà prendre son billet, que l’on peut réserver par Internet et retirer au guichet.
Les consignes simples viennent d’être données, et les touristes français et étrangers peuvent prendre leur départ. La voie est libre…
Cette ligne de chemin de fer ouverte en 1863 est assez rectiligne, même si de temps à autre, elle sinue en suivant les petits cours d’eau qui vont nourrir l’Yonne, qui est ici proche de sa source.
Entre la gare de Cordesse-Igornay et celle de Barnay, première fin de parcours du petit tronçon, la voie ferrée monte en pente douce sur quatre kilomètres. Puis, c’est sur le plat que l’on parcours les huit kilomètres suivants jusqu’à Manlay, dans le département de la Côte d’Or.
Cette gare désaffectée est en mauvais état. Pourtant, jadis, ici existaient deux voies et de longs quais, et les convois se croisaient dans les deux sens.
Le bâtiment vient d’être acquis par un acheteur britannique, et il pourrait bien servir de pause, avec pourquoi pas un lieu de restauration ?
Pour l’heure, le moment est venu de faire demi-tour. Une opération simple à laquelle on se prêtre volontiers.
Deux heures et demi après le départ, on est de retour à Cordesse-Igornay. Manifestement, le voyage a enchanté une des participantes.
Avant de déjeuner à l’ombre, sur le quai, elle livre ses impressions.
L’initiative lancée il y a deux ans par Olivier Curie semble répondre à une attente de touristes de plus en plus nombreux à rejoindre la gare de Cordesse-Igornay.
Après avoir été licencié de l’entreprise Dim qui a connu plusieurs rachats, il a effectué, comme il le dit lui-même « une reconversion professionnelle ». Olivier Curie est un amoureux du rail, et a déjà milité au sein de l’association des Amis du rail du Forez.
Alors, il a su s’entourer d’amis pour assurer les tâches du quotidien et faire vivre son rêve.
Avoir raison trop tôt…
Pour Olivier Curie, cette action, pour créer son activité professionnelle et générer une proposition touristique, fait suite à un engagement tenace pour le maintien de l’exploitation de la ligne sous l’égide de la SNCF et avec les Chemins de fer départementaux.
Une action difficile, depuis que les élus autunois ont refusé le TGV, et n’ont pu empêcher que cette sous-préfecture devienne un désert humain et industriel. Il est encore heureux que le rail puisse encore desservir Dijon d’un côté et Nevers de l’autre.
Olivier Curie évoque ces combats pour le maintien du transport ferroviaire, à un moment où les impératifs écologiques ne figuraient ni à l’agenda de la société ni de ses représentants.
Si ce reportage vous a convaincu du bien-fondé de cette initiative touristique, et après avoir visionné ce bout de voyage, n’hésitez plus ! Les vélos-rail ne rouent pas seulement l’été !