Reportage de Jean-François Cullafroz, journaliste professionnel honoraire, carte de presse 49272
A Paris, à l’Assemblée nationale, les députés examinaient en grande hâte les mesures économiques d’urgence. En région, à Vienne, par exemple, les Gilets jaunes réfléchissaient à la suite de l’action à mener, alors que la police s’apprête à faire place nette sur les ronds-points occupés. Rencontre avec des acteurs du mouvement dans cette frange du Nord-Isère, aux portes du département du Rhône. Reportage et entretiens avec des acteurs de mouvement.
Voilà cinq semaines qu’ils sont sur le pont. C’est bien le cas de le dire pour cet ancien marin, qui après quinze années d’armée a rejoint le secteur privé. Aujourd’hui à la retraite, il a le temps de venir donner un coup de main à différents campements, comme à Saint-Clair-du-Rhône ou à Vienne.
Guy Lagier explique le ressenti de ses amis Gilets jaunes, et envisage ce qui pourra se passer au début de l’année 2019
Une petite affiche était posée sur les pancartes du rond-point et ce jeudi soir, ils étaient une trentaine dans une salle municipale de l‘Espace Saint-Germain. là, Julien et Michel ont rendu compte de leur entretien la veille au petit matin avec la mire de Vienne (Isère). Ce dernier les a reçu un peu plus d’une demi-heure avant d’aller rejoindre le Conseil régional Auvergne-Rhône-Alpes dont il est le président de la commission des finances.
Être présent sur les marchés pour rester visible
L’élu viennois et par ailleurs président de la nouvelle agglomération leur a proposé quatre places sur le marché du samedi où passe entre 20 000 et 30 000 personnes ainsi que la disposition de plusieurs salles municipales pour tenir des permanences.
Appréciant les moyens pratiques qui leur permettra de continuer à se rendre visibles, ils ont aussi beaucoup du contrôle dont ils pouvaient être leur objet de la part des autorités publiques. A la mi-temps d’une rencontre d’une heure et demie, ils ont alors débattu des revendications que le groupe viennois des Gilets jaunes pouvait porter, au premier rang duquel le Ric, entendez par là Référendum d’initiative citoyenne.
Une autre revendication a été plébiscitée au terme d’un vote : le pouvoir de vivre. Cette demande présentée par Fabrice, un intermittent du spectacle résidant dans le massif du Pilat voisin, a pour objet de mieux définir les besoins d’une population aux revenus modestes, et qui ne se limite pas aux achats et par là-même au développement de ma consommation.
Fabrice Degrange explique pourquoi la revendication du Pouvoir de vivre a été choisie comme l’un des deux axes d’action des Gilets jaunes viennois.
Julien travaille dans une papeterie de l’agglomération viennoise où il est chargée de la protection des eaux dont qu’utilise l’entreprise. Il n’est pas à proprement démuni, mais il se veut solidaire des plus pauvres que lui, et relie cette démarche sociale à la préservation de la planète? Il s’explique.
Comme les en a averti mardi passé le commissaire de police de la ville, le rond-point au sud de Vienne devrait être démantelé dans la journée, et les Gilets jaunes ont prévu de déblayer leur matériel et de laisser agir les engins réquisitionnés pour agir.
Demandes profondes de la population, revendications multiples mais aussi fausses informations resteront. Qu’adviendra-t-il après les fêtes de Noël et de fin d’année ? Les mois qui précéderont les élections européennes du 26 avril le diront.
Pour l’heure, Jean-Paul Julliand, réalisateur cinéma venu en voisin, va continuer à filmer le déroulement de l’action. A retrouver sans doute sur les écrans des salles obscures, dans un documentaire qui fera suite à ses enquêtes sur l’école primaire et sur les Anciens combattants de la guerre d’Algérie.