Reportage de Jean-François Cullafroz-Dalla Riva, journaliste professionnel honoraire, , carte de presse 49272, correspondant du quotidien Le Courrier (Genève)
A la limite des départements de l’Ardèche et de la Haute-Loire, traversé par la ligne de partage des eaux entre Atlantique et Méditerranée, le Plateau Vivarais-Lignon est un havre climatique en temps de canicule, et toute l’année un lieu paisible. Un territoire où la nature offre de très beaux atours et où l’histoire permet des retours dans un passé empreint de résistance et tissée d’une tradition d’accueil, source d’enseignement pour l’actualité nationale et internationale du 21e siècle. Arrêt d’un week-end au Chambon-sur-Lignon (Haute-Loire)
On peut grimper sur le Plateau en voiture, en bus, à pied ou bicyclette, voire même en train par la ligne touristique qui serpente entre Raucoules et St Agrève. Le Velay Express est aujourd’hui objet de curiosité, mais hier, cette ligne des Chemins de fer départementaux permettaient aux populations d’Ardèche et de Haute-Loire de rejoindre le Puy-en-Velay et St Etienne d’un côté, et la vallée du Rhône, Tournon ou La Voulte de l’autre.
Au Chambon-sur-Lignon, à près de 1 000 mètres d’altitude, on respire le bon air. Les nuits sont fraiches, et même en hiver, si le climat continental reste de rigueur, la neige se fait plus rare sur les pistes de ski de fond du domaine du Meygal, au pied du Mont Meyzinc, ou dans les plaines qui bordent le mont Gerbier-de-Jonc en Ardèche voisine.
Creuset de résistance et lieu de mémoire
Le Chambon-sur-Lignon est un lieu de mémoire exceptionnel. Mémoire ancrée dans la résistance aux armées royales voulant imposer la religion catholique. Mémoire d’un combat pacifique, non-violent et avec les armes de l’esprit pour sauver des populations juives pourchassées. Sur le plateau des dizaines d’enfants ont été cachés par des familles.
D’autres ont été convoyés vers la Suisse par des réseaux où protestants, catholiques, juifs et sans appartenance confessionnelle, laïcs, prêtres et pasteurs se sont unis dans la même solidarité contre l’injustice, la haine et l’antisémitisme.
Implanté face au temple de l’Eglise protestante unie de France, un lieu de mémoire raconte ces engagements courageux, œuvres de centaines de Justes. Parmi ces réseaux de résistance au nazisme, il y avait des précurseurs comme Madeleine Barot, fondatrice de la Cimade, institution protestante, et Jean-Marie Soutou, un des animateurs de la revue clandestine Les Cahiers du Témoignage chrétien.
Dans une des salles du Lieu de mémoire, est présentée la résistance sur le plateau et en dehors.
Jusqu’à fin aout, une exposition et un film évoquent dans cette ancienne école publique, l’arrivée dès l’invasion de la zone Sud de la France par l’armée allemande, d’intellectuels, écrivains, poètes et penseurs, sur le plateau du Velay.
Le Plateau : un creuset intellectuel
André Chouraqui, Jules Isaac, Albert Camus, Francis Ponge, Raymond Aron, Pierre Vidal-Naquet…et bien d’autres personnalités ont trouvé ici un refuge mais aussi un lieu d’action. Après la défaite des Nazis, le plateau a continué à être fréquenté, notamment autour du Collège cévenol.
Ainsi le philosophe et protestant Paul Ricoeur a trouvé là l’occasion d’exercer pour la première fois devant des élèves, avant d’entamer un parcours international qui le conduira à la faculté de Nanterre et dans de nombreuses universités du monde entier.
L lieu de mémoire est ouvert toute l’année, pour des visites individuelles et de groupes. Des ateliers pédagogiques avec des classes sont possibles.
Renseignements : 04 71 56 56 65 , accueil@memoireduchambon.com et www.memoireduchambon.com
(A suivre)
Notre prochain article : Le Chambon-sur-Lignon (2) : terre d’accueil s’il en est !