Reportage de Jean-François Cullafroz, journaliste professionnel honoraire, carte de presse 49272
La journée internationale des droits des femmes sera marquée en France par de nombreuses actions. Ainsi, à côté de manifestations culturelles d’information et de sensibilisation, une grève a été lancée par des organisations syndicales et associations pour une grève en raison de la discrimination salariale dont elles sont victimes. Rencontres avec deux femmes qui parlent de leur situation dans une société, empreinte d’une indéniable régression sur le terrain de l’égalité hommes-femmes.
Grève à partir de 15h40 en ce 8 mars 2017 à l’appel de la CGT, de la FSU et de Solidaires, organisations syndicales soutenues par des ONG comme Attac et des associations de jeunesse. Une revendication unique : l’égalité salariale pourtant prévue par la loi, alors même que les statistiques du ministère du travail attestent que les femmes touchent des salaires inférieurs de 26 % à celui des hommes pour le même travail. Un mouvement social qui rejoint la grève internationale qui aura lieu dans 50 pays et qui fête les 30 ans de sa reconnaissance par les Nations Unies (ONU)..
Les femmes ne veulent pas être des icônes, objets de désir, vantées par la publicité et la mode, ou symboles de justes combats, propres à être affichées comme le fait la Ville de Lyon pour présenter les initiatives proposées lors de cette journée internationale.
Journaliste et syndicaliste CFDT, Marie-Martine Chambard milite depuis de nombreuses années pour faire respecter les droits des femmes.
Créatrice en 1998 de l’association Femmes contre les intégrismes, elle présente la réédition du guide Madame vous avez des droits publié la dernière fois en 2008. Elle revient aussi les discriminations sociales, économiques et politiques dont sont toujours victimes les femmes.
A l’usine, au bureau comme dans les champs…
Les principales discriminations qui affectent les femmes au travail tournent autour du niveau de salaires et d’accès aux postes à responsabilités, sans oublier les situations de harcèlement. Ces disparités touchent aussi les femmes retraitées qui sont victimes plus que les autres d’un bas niveau de pensions.
Au niveau du travail, la situation est dure en milieu urbain, mais aussi en milieu rural où les idées toutes faites ont encore cours. A St Marcel d’Ardèche, Florence est vigneronne avec son mari Olivier, qui est, comme elle, ingénieur en techniques agricoles.. Elle excelle aussi bien dans les rangs des vignes pour les travaux de l’année, comme à la cave, de la vendange à la mise en bouteille. Elle assure aussi le suivi financier de l’exploitation Les Accoles, une exploitation qui travaille en biodynamie dans le cadre de l’agriculture biologique. Elle raconte la manière dont elle est perçue dans son petit village et dans on milieu professionnel agricole.
Et dans les religions
Si les femmes sont majoritaires aussi bien sur les bancs des églises et des temples, que dans les tâches peuvent jouer un rôle à accomplir, elles ne sont pas souvent investies de responsabilité. Sans parler de l’Islam où au sein de leur maison mais pas au sein du culte, les femmes restent en situation inégalitaire en milieu juif (trois femmes rabbins en France dans le cadre du Judaïsme libéral, mais pas dans les synagogues orthodoxes), en va-t-il aussi au sein du protestantisme même si l’accès aux fonctions de pasteure relève des années 70, et encore moins en régime catholique, où prêtrise et diaconat restent strictement masculin.
D’ailleurs, le quotidien français La Croix a joué subtilement le jeu de la journée des femmes, en délaissant sa Une pour des articles mettant en exergue la question : situation de la famine qui affecte en priorité les femmes et les enfants en Afrique, éducation à la féminité au sein de la famille, et enfin la place des femmes dans la formation des prêtres.
Au Vatican, malgré les efforts de François
Un sujet brûlant évoqué il y a deux jours dans le quotidien catholique à propos de la démission de l‘Irlandaise Marie Collins, membre de la commission pontificale pour la protection des mineurs. Dans cette instance où l’avait expressément placée le pape François, les hommes, cardinaux membres de la Curie, ont fait la sourde oreille à ses propositions pour une lutte réelle contre la pédophilie dans l’Eglise catholique.
On est loin de l’attitude novatrice d’un cardinal Albert Decourtray, Primat des Gaules, introduisant deux femmes au sein de sa garde rapprochée, le conseil épiscopal.
La monoparentalité féminine depuis les temps bibliques
Nous avons débuté cet article sur le plan syndical et laïc. nous le conclurons avec la voix d’une femme, aumônière de prison.
A l’occasion de Noël 2016, Nicole Fabre, pasteure de l’Eglise protestante unie de France, revenait sur la figure d’une femme, Marie, la mère de Jésus. La bibliste détaille son approche d’une conception et d’une naissance qui furent l’objet de circonstances pour le moins particulières, qui ne sont pas sans écho pour les mères de famille monoparentales.
Le nombre de femmes députées (près de 27 % de femmes pour 577 parlementaires) et sénatrices (25 % des 343 parlementaires) met en lumière le peu de cas que font la plupart des partis politiques, à l’exception du Parti communiste français et d’Europe Ecologie les Verts en matière de stricte parité dans les assemblées de la République.
Mais il y a loin des discours à la mise en pratique, et il a fallu l’insistance de François Hollande pour que la parité complète s’applique dans les conseils départementaux depuis les élections de 2015. Mais, comme en matière de logement social, certains préfèrent payer des amendes pour ne pas respecter la parité à l’Assemblée nationale et au Sénat : 3 millions d’euros pour le parti Les Républicains et un million pour le Parti socialiste !
En attendant la parution du prochain le 29 mars prochain, on peut joindre l’association Femmes contre les intégrismes via son site Internet : http://www.fci-asso.org/