Par Jean-François Cullafroz-Dalla-Riva, journaliste professionnel honoraire, carte de presse 49272, correspondant du Courrier (quotidien à Genève).
Jeudi 6 juillet, avec la huitième journée du festival 2023 de Jazz à Vienne, avec la soirée Gospel, on est arrivé à la source de cette forme musicale contemporaine. Un grand moment de communion populaire a allié la modernité et la tradition née au cœur de l’esclavage afro-américain. Extraits de ce concert et réactions de spectateurs.
Ce jeudi soir, la pluie a épargné le théâtre romain, préférant disperser des gouttes bienvenues pour la terre deux heures plus tôt. C’est donc sous le soleil couchant jusqu’à 22 heures que s’est terminée cette huitième journée de l’édition 2023 du festival Jazz à Vienne.
Benjamin Tanguy, directeur artistique de cette manifestation artistique internationale, a présenté avec beaucoup de joie le spectacle d’une artiste franco-américaine et d’un ensemble orchestral allié à un chœur de négro-spirituals.
Avec 43 années de présence du jazz à Vienne, le festival a eu le temps d’asseoir une stature internationale, aux côtés de ceux d’Antibes et de Nice pour la France, mais aussi de Montreux sur Suisse voisine.
Pour preuve, nous avons rencontré Paul, un prof de maths dans un lycée parisien, spécialement venu pour écouter Adi Oasis. Installée à New York, cette musicienne, interprète et productrice d’origine martiniquaise se produit peu en France. Elle a littéralement enflammé l’amphithéâtre romain.
Venu d’une combinaison panthère, Adi Oasis, la tête ornée d’une couronne, inaugurait sa tournée française par le festival Jazz à Vienne, avant de se produire à Juan-les-Pins.
Durant près d’une heure et demie, cette future maman, bassiste et interprète, n’a pas compté ses efforts pour déployer ses talents de chanteuse et guitariste. Sa voix a emporté l’adhésion du public.
Anne-Espérance apprécie le gospel, la soul et d’autres variétés du jazz. Très heureuse d’être là dans la fosse, au bord de la scène, et parmi 6 000 spectateurs, elle explique ce que représente le gospel.
Après plus d’une heure du show d’Adi Oasis et après deux rappels auxquels elle s’est prêtée avec joie, la jeune artiste française a cédé la place à une seconde partie de grande qualité.
Imaginé par le chef d’orchestre Pascal Horecka en 2017, sur la scène du théâtre romain de Vienne, le Gospel Philharmonic Experience a associé l’orchestre symphonique de l’Opéra de Lyon. La fusion entre les mélodies qui émergèrent des chants de coton pour illuminer les cultes du dimanche dans les églises baptistes, et l’univers de la musique classique occidentale pourrait sembler improbable.
Mais de fait, en ce jeudi 6 juillet 2023, après un premier morceau d’ouverture, le negro-spiritual Go down Moses a enflammé le public. Et l’enthousiasme ne s’est pas démenti jusqu’à la fin de la soirée.
« Gospel Philharmonic Experience allie l’excellence de la musique classique à celle du gospel pour porter un message de paix, de joie et d’espoir au plus grand nombre », explique Pascal Horecka.
A Vienne, le chant des minorités noires a fait merveille, comme on a pu s’en rendre compte en avant-soirée sur le plateau du jardin de Cybèle.
Après une soirée cubaine vendredi 7 juillet, l’amphithéâtre romain accueillera encore six soirées, avec en clôture le traditionnel rendez-vous All night, qui se terminera vers 5 heures du matin le 14 juillet, au terme de la prestation de cinq groupes très variés.
Le jazz ne s’arrêtera pas au terme de la 42e édition du festival de Vienne. On pourra traverser le Rhône et, dès la semaine suivante, gagner le massif du Pilat (Loire) pour les Estivales 2023. A la Chapelle-Villars, la vieille église romane recevra en effet trois groupes du 21 au 23 juillet, qui évolueront entre boogie-woogie et musiques afro-caribéennes.
Estivales de la-Chapelle-Villars (21 juillet-16 septembre 2023) : Un anniversaire, entre note bleue et noirs détours