Par Jean-François Cullafroz, journaliste professionnel honoraire, carte de presse 49272, correspondant du Courrier (quotidien à Genève).
Jazz à Vienne 2022 s’est ouvert par deux concerts réservés aux enfants les 27 et 28 juin dans le théâtre antique et romain. Le saxophoniste Raphaël Imbert en était l’instigateur, au terme d’une année de préparation avec les élèves de l’école primaire Edmond-Rostand à Vienne. Une démarche menée sous la houlette de leur intervenante musicale et sous le regard de leur professeure des écoles. Traduction des motivations et des convictions profondes que partage le musicien marseillais et Nine Spirit, son ensemble de jazz.
Raphaël est un pédagogue dans l’âme et il l’est aussi en actes. Le directeur du Conservatoire régional de musique de Marseille l’a encore montré lors des deux matinées d’ouverture du 41e festival Jazz à Vienne.
Une longue préparation
Ces productions étaient le fruit d’un parcours d’une année scolaire menée avec Marie-Laure Buron, l’une des quatre intervenantes musicales de la ville de Vienne, et avec le concours d’Alexia Guillot, professeure des écoles.
Pour une interview exclusive, Raphaël Imbert explique comment les enfants lui transmettent une énergie formidable pour se produire et animer son ensemble musical.
Les membres de la compagnie Nine Spirit ont tous ont contribué à la réussite d’un concert dont les élèves de CM2 de l’école primaire publique Edmond-Rostand ont été les acteurs précieux. Tout comme les 4 500 écoliers présents sur les gradins qui ont repris le son des drones.
Pour Raphaël Imbert, ses prestations des 27 et 28 juin sonnaient comme un retour aux sources.
En effet, si le saxophoniste s’est déjà produit à Vienne aussi bien en ville que sur la grande scène, c’est ici il y a trente-deux que jeune adolescent, il s’est pris de passion pour le jazz.
Il confie ses souvenirs.
Pour Raphaël Imbert, jazz rime avec liberté et démocratie. Ce n’est pas un hasard si les enfants de l’établissement scolaire Jean-Rostand ont appris Le Chant des marais. Cet hymne composé par des déportés du camp de concentration de Börgermoor a marqué le début des deux concerts.
Habitant Marseille et la région Provence-Côte-d’Azur, Raphaël Imbert sait ce que signifie la démocratie et les valeurs républicaines.
Autant de références qui consonent avec ses propres convictions qu’ils relient avec le fond du jazz et de ses origines afroaméricaines. Negrospirituals, jazz et blues portent des valeurs que les plus grands musiciens noirs ont relié avec leurs engagements spirituels, religieux et maçonniques.
Des parcours que Raphaël Imbert a examiné sur place aux États-Unis, qu’il a développé dans des études universitaires et dans des livres, qu’il a vulgarisé sur les ondes de France Musique.
En conclusion, deux matinées joyeuses, hautes en couleurs où, à l’instar de Dawid Bowie, les participant.e.s étaient tous des héros.