Ils étaient vingt et cent, ils étaient des milliers…

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A perte de vues des baraques et des clôtures électriques, des châlits où, réunis par trois sur leur couche, les déporté.e.s tentaient de faire reposer leurs corps (© Pierre Nouvelle).

Par Jean-François Cullafroz-Dalla Riva, journaliste professionnel honoraire, carte de presse 49272, correspondant du Courrier (quotidien à Genève).

Auschwitz 1, ancienne caserne militaire polonaise fut transformée en camp de concentration en 1939, dès que l’armée nazie envahit la Pologne (© Pierre Nouvelle).

Mercredi 5 novembre 2025, l’Amicale des anciens déportés Auschwitz-Birkenau d’Auvergne-Rhône-Alpes organisait son 25e Voyage de la mémoire, dans les deux camps d’extermination nazis d’Auschwitz et de Birkenau, lieux emblématiques parmi d’autres de la Shoah. Comme la plupart du temps, ce déplacement pédagogique s’adressait à des jeunes, lycéen.ne.s ou salarié.e.s. Des élu.e.s locaux étaient de la partie tels les maires de Caluire et de Charbonnières (Rhône), avec des élèves de leur commune, comme celles aussi de Anse, Mions, Roussillon… Une journée dense, intense, forte en émotion et sans aucun doute porteuse d’enseignement civique et moral, et aussi d’engagement personnel. Plongée dans ce voyage qui pour nous était le second, après une première approche en 2005.

Joseph Hazot et Jean-Claude Nerson, vice-président et président de l’Amicale des anciens déportés d’Auschwitz-Birkenau à Lyon, furent une nouvelle fois les pilotes de ce Voyage de la mémoire
(© Pierre Nouvelle).

Aéroport Lyon-Saint Exupéry, mercredi 5 novembre 2025, 6 heures.Le vol TO 1982 s’envole vers Katowice. A bord du Boeing 737, 180 personnes, dont beaucoup de lycéens lyonnais. Avec l’Amicale des anciens déportés Auschwitz-Birkenau d’Auvergne-Rhône-Alpes, nous partons vers l’enfer concentrationnaire. Au programme de ce Voyage de la mémoire, la découverte des camps Auschwitz 1 et d’Auschwitz ,2 plus connu sous le nom de Birkenau.

Dans la salle d’embarquement, Sarah, une jeune fille de Caluire (Rhône) présente avec un groupe du service civique municipal et du maire de la ville, confie les raisons de sa participation à ce déplacement d’une journée. C’est d’abord et avant tout un retour sur la mémoire de son histoire familiale.

Comme lorsque les trains déversaient leurs flots de femmes et d’hommes raflé.e.s dans leur pays, c’est en groupes nombreux et serrés que l’on pénètre dans l’ancien camp de concentration.

Par un parcours souterrain appelé le labyrinthe, on chemine entre des murs de béton d’où émergent des noms en différentes langues. On met ses pas dans ceux des déporté.e.s.

L’entrée dans la cap d’Auschwitz 1 se déroule dans un labyrinthe enterré où sont égrenés les noms de déporté.e.s de différents pays européens (© Pierre Nouvelle).

Très vite, le cortège des visiteurs s’est déployé au fil d’une trentaine de bâtiments où furent enfermés les déporté.e.s.

Puis, pour entrer dans un espace clos par une double rangée de clôtures électrifiées, on doit courber la tête sous une enseigne de fer forgé stipulant « Arbeit mach frei ». Le comble de cynisme de part des nazis qui contraignaient leurs prisonniers aux tâches les plus dures en leur instillant matin et soir que « le travail rend libre ».

C »est sous le slogan « Le travail rend libre » que les déporté.e.s passaient au retour de leur exténuante journée de labeur(© Pierre Nouvelle).

Des cellules souterraines à la cours des exécutions, des bâtiments d’internement répartis par nationalités aux places d’appel, du semblant d’infirmerie au four crématoire, des monceaux de cheveux transformés en pièces de tissus à l’accumulation de valises…

Les élèves commencent à approcher les sommités de la cruauté humaine, de la haine, du sadisme et de la volonté d’anéantir qui caractérisent la démarche génocidaire du Troisième Reich

Dans une visite menée au pas de charge, quelques minutes furent consacrées au mémorial des déporté.e.s français. Les plus avertis (pas par notre guide qui ignorait le fait) ont déniché les noms de la famille Tennebaum, dont Mnacha Tenenbaum, juif russe immigré en France en 1905 et père du chanteur engagé Jean Ferrat.

A 11 ans, le musicien fut privé de son père, qui fut arrêté par la police française et passa par le camp de Drancy avant d’être déporté le 30 septembre 1942 … Il ne revint pas d’Auschwitz. Vingt ans plus tard, Jean Ferrat rendit hommage aux victimes des camps de concentration nazis de la Seconde Guerre mondiale, sur un fond de drame personnel et douloureux, que constitua la disparition de son père.

(à suivre)

Notre prochain article :

Nuit et brouillard : avec l’Amicale des déportés à Auschwitz-Birkenau le 5 novembre 2025

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