Pendant de nombreuses années, l’ADES, association départementale d’éducation à la santé du Rhône a animé un espace situé rue de la Barre à Lyon, dans une aile de l’hôpital de l’Hôtel-Dieu. Cet établissement hospitalier pluriséculaire a vu naître des générations de Lyonnais. Dans le cadre de la mise en place d’une nouvelle carte hospitalière, après les hôpitaux de l’Antiquaille et Debrousse, l’Hôtel-Dieu a fermé ses portes. Un complexe hôtelier haut de gamme devrait voir le jour et le pôle prévention-formation-information qui pourrait encore y avoir sa place semble bel et bien abandonné par la mairie de Lyon. Pourtant, depuis cinq ans, un collectif d’une quinzaine d’associations se bat sans relâche pour la création sur place d’un Pôle de promotion de la santé. Sera-t-il jeté au Rhône voisin par les édiles lyonnais. On n’ose le croire…
La mairie de Lyon a donné à la société Eiffage le soin de transformer et d’aménager les bâtiments de l’ancien Hôtel-Dieu. Cet établissement pluri-centenaire, dont la gestion sociale favorisait l’accueil de plus démunis, a longtemps été confiée aux échevins de la cité, en lien avec l’Eglise catholique et ses ordres religieux.
Rabelais fut aussi médecin dans cet hospice où les pauvres pouvaient avoir droit à des soins gratuits. De nombreuses familles lyonnaises ont fait des dons et des legs à cet hôpital. Dans un passé récent, l’Hôtel-Dieu, qui a vu naître de nombreux Lyonnais, accueillait aussi l’association départementale d’éducation à la santé du Rhône. Un collectif d’une vingtaine d’associations voulait établir son siège dans une toute partie des locaux pour en faire un lieu de référence pour l’éducation, la prévention et la formation sur les questions de santé.
Un engagement non encore tenu…
Pourtant, le maire de Lyon, Gérard Collomb, qui avait pourtant intégré ce projet dans le programme de son second mandat, apparaît avoir abandonné cette perspective; A l’aube de sa troisième campagne électorale municipale, il est revenu sur ses engagements. Désormais, il semble destiner les bâtiments de l’Hôtel-Dieu à une vocation hôtelière de luxe et commerciale, qui viendrait contribuer au rayonnement mondial de la cité des Gaules.
Une prise de position qui ne satisfait pas un collectif d’une quinzaine d’associations qui rappelle qu’ « il propose à l’équipe municipale et à la commission de réflexion ad hoc un projet ambitieux – mais peu coûteux – pour l’unique hôpital public du centre ville, l’Hôtel-Dieu » :
Renouer avec une évidente vocation sociale
Pour ces associations, ce centre multidisciplinaire de promotion de la santé, aurait trois objectifs : un volet Environnement et bien-être, porté par le conseil régional Rhône-Alpes, un volet porté par la Mutualité française qui a également exprimé son souhait de faire partie intégrante de ce projet avec l’intention d’y adjoindre son activité de promotion de la santé, écartant comme actuellement souhaité par les HCL, toute activité de soin concurrente. et puis enfin un volet Promotion de la santé, qui repose sur le regroupement opérationnel d’une quinzaine de structures associatives et universitaires [1].
» Cet espace novateur et unique en France qui passe par une réelle mutualisation des réflexions, des compétences et des moyens vise à encourager, soutenir et développer des pratiques émergentes dans le domaine de la promotion de la santé. Il est l’aboutissement d’une étude de faisabilité financée par le Conseil Régional, dans le but de renforcer le lien social, la prise en compte des plus fragiles de nos concitoyens, notamment par l’éducation pour la santé, les médiations culturelles, le droit des usagers… Il regrouperait aussi les expertises en santé publique aujourd’hui dispersées dans l’agglomération, constituant de facto la base logistique des programmes de prévention », estiment les promoteurs de ce projet coopératif.
Par ailleurs, le collectif souligne que le pôle regroupera, pour la totalité ou pour certaines de leurs activités, » des acteurs d’horizons différents et de compétences complémentaires. Dans des proportions variables, ces associations et organismes partenaires offrent des services destinés au grand public, aux professionnels (santé, action sociale, éducation…), et aux décideurs (Etat, collectivités…) « .
Aux côtés de notre confrère Gérard Clavairoly, spécialiste des questions de santé et de mutualité, journaliste santé, du Dr Jean Genoud, médecin général honoraire de santé publique, de Christophe Porot, responsable de la prévention et de la promotion de la santé de la Mutualité française du Rhône et de Jean-François Vallette, directeur de l’association AIDES Alcool, le Père Bruno-Marie Duffé, philosophe, œuvre au sein de ce collectif associatif.
Professeur d’éthique sociale et médicale, délégué épiscopal à la santé, aumônier catholique du Centre Léon Bérard depuis huit ans, ce prêtre explique sa présence au sein de ce regroupement laïque de forces de la société civile. Il insiste sur la pertinence d’un centre de promotion de la santé en plein cœur de la presqu’île.
Des propos recueillis par Pierre Nouvelle.
[1] Le collectif associatif Pour un pôle régional de promotion de la santé est composé des associations suivantes : Association départementale d’éducation pour la santé (ADES) du Rhône ; AIDES – Délégation Ain-Rhône ; Aides-Alcool ; ANITeA – Délégation Rhône-Alpes ; Collectif Inter-associatif sur la Santé Rhône-Alpes (CISS-RA) ; Espace Santé Jeune du Centre Régional Information Jeunesse (CRIJ) Rhône-Alpes ; Espace Régional de Santé Publique ((Observatoire régional de la santé Rhône-Alpes (ORS-RA)– Instance Régionale de promotion et d’éducation à la santé (IREPS RA , ex-FRAES) – Centre de Ressources Jean Bergeret CRJB) – Centre d’Information Régional sur les Drogues et les Dépendantes (CIRDD) – Centre Régional d’Information pour la prévention du SIDA (CRIPS)) ; Migrations Santé Rhône-Alpes (MSRA) ; Santé Environnement Rhône-Alpes (SERA) ; Institut de Formation et de Recherche pour l’Humanisation des Soins (IFRHUS) ; Laboratoire d’épidémiologie et santé publique (Lyon I) ; Laboratoire GRePS (Lyon II) Laboratoire PAEDI (IUFM, Lyon I.: