Reportage de Jean-François Cullafroz, journaliste professionnel honoraire, carte de presse 49272
Samedi 19 mars 2016, dans la plupart des communes de France, les municipalités ont commémoré l’armistice du 19 mars 1962, décrété au lendemain de la signature des Accords d’Evian. Cette année, le président de la République a donné plus de solennité que d’habitude à cette journée du souvenir. Il n’en a pas fallu plus pour qu’une polémique déjà très ancienne ressurgisse sur la date du 19 mars. Explications historiques et témoignage de deux anciens combattants d’Algérie.
Président du comité du canton de Vaugneray (Rhône) de la Fédération nationale des anciens combattants d’Algérie Maroc et Tunisie (Fnaca), mardi 16 mars 2016, Roger Grataloup était aux côtés du maire de Brindas et des élus locaux pour la cérémonie commémorative du 19 mars 1962. Pour lui, les vingt-sept mois passés en Algérie entre 1955 et 1958, restent gravés dans sa mémoire comme ceux d’une participation à une véritable guerre.
Alors qu’une polémique s’installe à nouveau sur la date de la fin d’Algérie, cet ancien combattant qui a servi comme 1ere classe dans un bataillon de chasseurs alpins (6e BCA de Chambéry) dans le Djurdura détaille ce qu’il en pense.
Huit années de guerre et environ 400 000 morts
Comme l’explique le site Internet universitaire Hérodote, « le 19 mars 1962, à midi, prend officiellement effet un cessez-le-feu qui met fin à huit ans de guerre en Algérie.
La veille, le gouvernement français a cédé au Gouvernement provisoire de la République algérienne ses pouvoirs sur l’Algérie et le Sahara.
Un double référendum vient bientôt conforter cette décision. Le 8 avril 1962, les Français de métropole approuvent à plus de 90% le choix du général de Gaulle. Le 1er juillet 1962, les Algériens se prononcent encore plus massivement pour l’indépendance de leur pays.
L’indépendance devient effective le 3 juillet 1962. Le 4 juillet, Ahmed Ben Bella s’installe à Alger en qualité de président de la nouvelle république. Le 5 juillet, l’indépendance est officiellement proclamée. »
On estime aujourd’hui le nombre de morts à environ 30 000 du côté français (civils et militaires) et entre 300 000 et 400 000 pour la population algérienne.
Des blessures qui perdurent…
La révolte, puis la guerre, qui ont enflammé tout le Maghreb dans des les années cinquante, entre Tunisie, Maroc (indépendance accordée par la France en mars 1956) et Algérie indépendance gagnée en mars 1962) ont laissé des blessures profondes.
Des souffrances encore perceptibles au sein des populations locales, qu’elles soient habitantes du pays ou Français d’Afrique du Nord revenus en métropole, ou qu’il s’agisse des soldats du contingent, contraints à aller accomplir cette guerre après que leurs aînés aient combattu au Vietnam.
Des jeunes, parfois pacifistes militants ou opposés politiquement à cette guerre coloniale, durent tuer, voire torturer. Plus de soixante plus part, ils sont encore meurtris. C’est le cas de Bernard Gerland. Ce jeune Caladois, chrétien engagé politiquement fut dans cette situation. Celui qui aurait pu faire une carrière d’enseignant devint au sortir de la guerre permanent syndical. Un engagement social et politique qu’il n’a pas abandonné au fil de sa vie de travail dans le bâtiment et les travaux publics.
Culpabilisés d’avoir torturé
A la retraite, iil a mis ses talents d’écrivain, conteur et acteur au service de cette cause : celle de la réconciliation avec son passé, mais aussi celle de la réconciliation entre des peuples que la guerre a séparés. Après avoir écrit un livre « Ma guerre d’Algérie », publié par les éditions lyonnaises Golias.
Il raconte vingt-huit mois passés sous les drapeaux (dont deux ans sur le sol algérien). Ce livre de souvenir est devenu une pièce de théâtre qui fut suivie de bien d’autres. A côté d’autres spectacles, il produit régulièrement une pièce, « Ma guerre d’Algérie », avec la compagnie Parlons-en, qu’il a contribué à créer. Après le premier voyage du président Hollande en Algérie en janvier 2013, il réagissait et expliquait ses motivations.
L’association culturelle Parlons-en, créée en 2001 par Bernard Gerland et quelques amis, produit d’autres spectacles culturels, et intervient à la demande dans les centres culturels, MJC, foyers socio-éducatifs, associations, établissements scolaires. On peut joindre Parlons : 49 rue Smith Lyon 2e dans le quartier de Perrache, et par le téléphone : 04 78 37 79 6 .