Par Jean-François Cullafroz, journaliste
Avec la fermeture autoritaire de la radio-télevision grecque ERT dans la nuit du 11 au 12 juin, c’est un coup terrible que le Premier ministre Antonis Samaras a porté à la démocratie. Tout le monde a en tête la dictature des colonels qui dura sept ans. En France l’Intersyndicale des journalistes CFDT-CGT-SNJ a appelé à manifesté en solidarité avec les 2 652 salariés de l’ERT, en compagnie de l »Initiative des étudiants et salariés grecs à Paris. Reportage et entretiens.
Dans la nuit du mardi 11 au mercredi 12 juin 2013, les relais de la télévision publique ERT ont été pris d’assaut par les policiers grecs sur ordre du premier ministre Antonis Samaras. Mercredi 12 juin, 300 personnes ont manifesté devant l’ambassade de Grèce à Paris, au coin de l’avenue d’Iéna et de la rue Galilée, notamment à l’initiative des syndicats français de journalistes CFDT, CGT et SNJ. L’intersyndicale des journalistes, tout juste revenu du congrès de la Fédération internationale des journalistes (FIJ) à Dublin et de l’assemblée générale de la Fédération européenne des journalistes (FEJ) à Verviers, s’est à nouveau retrouvé en solidarité avec les personnels de la presse grecque.
Car, après les menées autoritaires de Viktor Orban en Hongrie, c’est une une nouvelle atteinte à la liberté d’information en Grèce qui est en cause, ainsi que l’emploi de 2 652 salariés, dont 680 journalistes.qui devraient être licenciés. Tout cela sur le sol de l’Europe, et alors même qu’à ses portes, en Turquie comme en Syrie, la dictature frappe les populations et entrave la mission des médias et des journalistes.
Richard Hecht, responsable international des journalistes CFDT explique pourquoi la CFDT comme les autres syndicats de journalistes a réagi spontanément pour marquer la solidarité des salariés français, en particulier du secteur de la presse et de l’information.
Roxane Mitraias, membre de l’initiative des étudiant-e-s et travailleurs-travailleuses grecs-ques à Paris, a suivi de près les événements en Grèce. Elle était en relation téléphonique avec ses parents, dont son père, qui a été journaliste de la télévision publique grecque.
L’initiative à Paris pour la démocratie en Grèce est née il y a trois ans au début de la crise et des mesures d’austérité demandée par le FMI et la Communauté européenne. Cette association était en première ligne pour l’appel à manifester contre le coup de force contre la télévision publique grecque.
Roxane Mitraias détaille les réactions qui ses ont élevées en Grèce.
Les manifestants comptaient dans leurs rangs de nombreux Grecs présents à Paris. C’est le cas de Vicky Skoumbi qui est journaliste. Rédactrice en chef de la revue Alétéia, elle a réagi avec détermination contre le coup de force dont la télévision publique grecque a été victime.
En Grèce, depuis le milieu de la nuit du mardi 11 au mercredi 12 juin, les manifestations citoyennes n’ont pas cessé. Jeudi 13 juin, c’était jour de grève générale et on dénombrait entre 15 000 et 20 000 personnes venues manifester leur solidarité avec la télévision publique et ses salariés. L’Europe, dont la politique d’austérité vient d’être mise en cause par le Fonds monétaire international (FMI) est confrontée à l’application des valeurs qui ont contribué à sa fondation en 1957. D’ores et déjà, le Parlement européen a interpellé le commissaire Olli Rehn, et en séance publique Daniel Cohn-Bendit ne l’a pas ménagé.