Reportage de Jean-François Cullafroz, journaliste honoraire, carte de presse 49272
Avec le film Merci patron !, François Ruffin a de nouveau fait montre de son talent de journaliste. A la critique sociale qui lui est chère, il a ajouté la dimension humoristique avec un suspense bien monté.
Avec près de 80 000 spectateurs début mars, grâce à une diffusion militante, ce film, qui est une critique acerbe de Bernard Arnaud et des milliardaires, a fait son chemin puisque début mai, au bout de douze semaine d’exploitation, la barre des 200 000 spectateurs avait été franchie. Extrait du débat lors de la projection organisée à Vienne (Isère) au cinéma Les Amphis à Vienne (Isère) par le groupe local du mouvement Attac, et interview du journaliste qui a endossé le costume de cinéaste.
Comme pour la projection de Demain, le film Merci Patron ! a fait salle comble avec plus de 500 spectateurs dans le complexe cinématographique au cœur de cette sous-préfecture dauphinoise. Sans doute, la présence du réalisateur, le journaliste François Ruffin, n’était-elle pas étrangère à cette affluence. Mais la forme et le fond même de ce long métrage ne sont pas sont pas étrangère à cet engouement, qui se poursuit au fil de diffusion militante, en salle commerciale ou lors des différentes soirées de Nuit debout dans l’Hexagone.
La famille Klur, représentative de la situation actuelle
Les fictions sur la situation sociale ne manquent pas, et les frères Dardenne, encore présents dans la sélection du festival de Cannes 2016 en sont l’illustration. Et puis, il y a les documentaires, et là aussi, les chaînes de télévision ou les magazines comme Cash investigation sur France 2, en diffusent régulièrement. Mais joindre, réalité mise en scène cinématographiquement est assez rare. Ainsi, est Merci patron !, le dernier bébé cinématographique de François Ruffin.
L’histoire vraie de Jocelyne et Serge Klur, ex-salariés de l’usine de costumes Kenzo (Groupe LVMH), à Poix-du-Nord, près de Valenciennes, ressemble à beaucoup d’autres que nous connaissons. Picard d’origine, François Ruffin connaît bien les Hauts de France, où avec les mines et la sidérurgie, le textile est à mettre au compte des rebuts de l’industrie. De famille populaire, il sait ce que signifie le chômage de longue durée qui peut conduire jusqu’à la perte d’un toît durement acquis.
Mais avec humour, François Ruffin met en scène pour montrer qu’il est nécessaire de ne pas baisser les bras. Car, pour lui, la démocratie est en danger et les citoyens doivent se mobiliser. Echos sonores recueillies lors d’une soirée spéciale organisée par Attac au cinéma les Amphis à Vienne (Isère).
Renouveler les pratiques journalistiques pour faire vivre la démocratie
François est un journaliste engagé et militant, et cette façon d’être ne date pas d’hier. Bien avant son entrée au Centre de formation des journalistes de la rue du Louvre à Paris, il avait créé Fakir, un mensuel qui n’avait pas sa langue dans sa poche, tranchant ainsi avec les accommodements du quotidien régional Le Courrier Picard.
Comment reprocher son choix à ce confrère qui a aussi été le contributeur de l’émission Là bas, si j’y suis de Daniel Mermet, qu’il a défendu jusqu’au bout. , lorsqu’il montre avec force toutes l’ampleur d’un des premiers groupes capitalistes français, LVMH, et les subtilités de Bernard Arnault, son homme-lige, par ailleurs patron de presse, propriétaire des Echos, désormais seul quotidien économique français.
Aussi, pour lui, alors que la France vient d’être classée à la 45e place au baromètre 2016 de Reporters sans frontières, un journalisme qui fasse des choix est plus que jamais une nécessité. Entretien.
Au bout de douze semaines d’exploitation, le film du rédacteur en chef du mensuel Fakir a dépassé les 200 000 visiteurs, mais une fois terminées les projections commerciales en salle, il est toujours possible d’en faire le thème d’une réunion associative, syndicale ou politique ou de le projeter à nouveau entre amis.
Visionner, regarder, débattre pour mieux agir ensuite !