Reportage de Jean-François Cullafroz-Dalla Riva, journaliste professionnel honoraire, carte de presse 49272, correspondant du quotidien Le Courrier (Genève)
Il faut arriver en Avignon de bonne heure. On découvre alors une ville sous un jour bien différent de ce qu’elle sera quelques heures plus tard quand les cigales se seront mises à chanter. Échos d’une journée dans cette ville provençale où théâtre, chant, mime, musique font ménage ou cohabitent dans les rues et les salles obscures. Rencontres et entretiens avec le festival de théâtre off, son responsable, des comédien.ne.s, metteurs en scène et loueurs de lieux où se déploie le spectacle vivant.
Sous les auspices de la République
8h30, en cette mi-juillet, le train qui arrive de valence a desservi toutes les gares et livre dans la cité des papes, un petit filet de salariés qui vont rejoindre leur travail dans cette grande agglomération de 200 000 habitants entre Vaucluse et Gard. rien à voir avec le flot habituel au plein de l’année.
Durant le voyage, on a échangé avec ses voisins sur la foule des festivaliers qui dès la fin de matinée peuple les petites artères, tout comme la longue rue de la République qui conduit des remparts au Palais des papes. D’autres évoquent le trafic routier perturbé par les travaux du tramway dont la première ligne apportera une seconde enceinte à la cité médiévale.
Depuis la porte de la station ferroviaire, les affiches, pancartes, dépliants accrochées aux poteaux en tous genres ou déployés sur de multiples étendages, aguichent, hèlent le chaland pour tenter de la séduire.
Car il faut beaucoup d’efforts, de sueur et de conviction pour les conduire vers les dizaines de propositions du festival officiel, 72e du nom, et de près de 1 600 spectacles du festival off.
Festival off : un tour de force réussi
Le festival d’Avignon officiel, créé il y a plus de 70 ans par Jean Vilar, fondateur du Théâtre national populaire, bénéficie de toutes les attentions du Ministère de la Culture, qui subventionne la programmation d’une cinquantaine de spectacles diffusés lors de 300 représentations, aux côtés de la ville d’Avignon et de la communauté d’agglomération du Grand Avignon.
Pour sa part, le festival off, jongle avec un budget de 1,5 million d’euros (dont une aide de 15 000 € pour la ville d’Avignon et une subvention du conseil départemental du Vaucluse) pour éditer le programme, soutenir les compagnies, accueillir et canaliser les journalistes (500 accréditations pour cette édition 2018, organiser des débats professionnels et des moments conviviaux.
Les principaux soutiens de Avignon Festival & compagnies off sont les troupes de théâtre et festivaliers dont près de 80 000 sont adhérents cette saison. Pierre Beffeyte préside depuis deux ans aux destinées de l’association.
Producteur de spectacles durant l’année, habitué des aller-retour entre la capitale parisienne et la cité provençale, il donne le bilan de santé du festival off qui fonctionne avec une équipe extrêmement réduite.
Avignon, ville provençale, phare du théâtre mondial
Avignon, c’est le Midi, et en général la chaleur, et puis dans la vallée du Rhône, un vent salutaire quand il ne vient pas du désert. Avignon, c’est aussi le crissement d’ailes des cigales sous les platanes de l’avenue, qui, de la porte de la République à l’Hôtel de ville, célèbre les valeurs de la devise nationale imposée par les révolutions successives des 18e et 19e siècle.
Avignon, ce sont aussi les spectacles de rue les plus divers que l’on trouve de par la ville, alors que les compagnies du off elles-mêmes multiplient leurs parades pour faire connaître leurs prestations. Avignon est une vaste scène, bien plus ample que la Cour d’honneur de l’édifice papal.
Les festivals d’Avignon 2018 se poursuivent jusqu’au 24 juillet pour la manifestation officielle et le 29 juillet pour le festival off.
a suivre
Prochain article : Festival d’Avignon off 2018 (2) : Avignonnaises bon teint et petites mains de l’ombre