Reportage de Jean-François Cullafroz, journaliste
Il aura fallu attendre la veille du 1er tour des élections municipales françaises pour que les organisations de gauche et d’extrême gauche manifestent contre la montée de l’extrême-droite. Exemple à Lyon, où quelques centaines de personnes se sont rassemblées puis ont défilé dans les rues de la presqu’île. Reportage entre Rhône et Saône et témoignages de deux participants, une nouvelle retraitée et un jeune militant de SOS Racisme.
22 mars. Une date symbolique dans l’histoire sociale française avec son rappel aux événements de mai-juin 1968. Samedi 22 mars 2014 était le jour choisi par par les organisations de gauche et d’extrême-gauche, syndicales et politiques pour s’opposer à la montée de l’extrême-droite. Les syndicats CFDT, CGT, FSU, Solidaires se sont donc retrouvés aux côtés des étudiants de l’Unef, et des partis de gauche et d’extrême-gauche (PS, PC, Front de gauche, EELV, NPA), de militants anarchistes et d’organisations humanistes et solidaires telles la Ligue des droits de l’homme, SOS Racisme ou l’union des juifs des étudiants juifs de France.
Contre le racisme et la xénophobie
Enrayer la montée des mouvements de la droite extrême, au premier chef le Front national, contrer les idées racistes et xénophobes, mais aussi mettre en question certaines décisions du gouvernement socialiste étaient au coeur de la protestation. Ainsi, la récente circulaire du ministre de l’Intérieur aux préfets pour le renvoi des personnes déboutées du droit d’asile était vigoureusement contestée.
Jeunes et moins jeunes se côtoyaient au sein de cette manifestation. Ainsi, Agnès, ex infirmière de l’hôpital neuro-cardio de Bron (Rhône), toujours militante syndicale et politique était venue protester avec enthousiasme. A la retraite, cet acte militant lui semble naturel. Elle s’en explique.
Les jeunes étaient bien représentés, les plus actifs tenant la banderole de tête du défilé. Parmi les étudiants de l’Unef ou de l’Union des étudiants juifs de France, un représentant de SOS Racisme : Chatline. Il détaille les raisons qui l’ont conduit à manifester.
Le lendemain, dimanche 23 mars, les électeurs ont confirmé que les idées du Front national emportaient une adhésion croissante au sein de la population. Aussi, les observateurs, journalistes et experts et les responsables politiques et la presse écrite, radiotélévisée et numérique, n’ont pas manqué de détailler ce phénomène et tenter d’en expliquer les raisons profondes;
Pour leur part, les organisations syndicales n’ont pas manqué d’appeler à la vigilance, telle la confédération CFDT qui a publié une mise en garde insistante en vue du second tour des élections municipales.
La commission exécutive confédérale de la CFDT déclarait notamment lundi 24 mars : » Les postures extrémistes, d’où qu’elles viennent, alimentent la désespérance. En tant qu’organisation syndicale attachée à la démocratie et aux valeurs de la République, la CFDT ne peut rester ni silencieuse, ni passive. L’issue à la crise passe par la recherche de solutions concrètes aux problèmes de chômage, d’inégalité, de malvivre et de pauvreté. Les solutions prônées par le Front national sont aux antipodes de ce qui peut ramener la confiance et la sérénité pour construire l’avenir. Les logiques d’affrontement, d’isolement national ou de replis communautaires sont sources de confrontation et de violence. »
Comme d’autres organisations démocratiques, la CFDT a appelé les électeurs à se mobiliser et, en toute circonstance, à faire barrage au Front national. Le scrutin du second tour des élections municipales dira si ces manifestations et ces appels auront été entendus.