Par Jean-François Cullafroz, carte de presse 49 272
Les réactions au Moyen-Orient, en Asie et en Afrique ont parfois été très vives contre la rédaction de Charlie Hebdo. Les manifestations devant les ambassades et consulats voulaient montrer que la question religieuse reste centrale pour certains peuples, et pour certains pratiquants musulmans la caricature du prophète reste inacceptable. Au nom de l’Islam, des jeunes et moins jeunes se sont enflammés pour cette cause. Sans reprendre à leur compte, cette diatribe, des professionnels plus modérés, comme les journalistes, font état de leurs doutes et questions. D’autres ont été plus directs en manifestant en même temps qu’en France, comme cela a été le cas en Guinée. Pour tous, la nécessité de faire leur métier sereinement et sans brider leurs libertés demeurent essentiel. Petite revue de détail et interview d’un collègue burkinabé qui vient de poser le pied sur le sol français pour parfaire sa formation de journaliste.
En Guinée, une liberté franchement mise en cause
A Conaky, dimanche 11 janvier, on vibrait à l’heure française. Le rassemblement prévu à 13h30 devant le Conseil national de la communication s’est dirigé vers l’ambassade de France. « C’est l’encre qui doit couler, pas le sang. Vive la liberté de la presse ! Que justice soit faite », tels étaient les slogans qui ont réunis ceux qui avaient répondu à l’appel d’une douzaine d’associations de journalistes et d’éditeurs et de réseaux de professionnels de la presse.
Une marche qui s’est déroulée au moment où de nombreux journalistes guinéens sont menacés de mort tels Robbie Sarah, Mandian Sidibé, Moussa Tatkourou Diawara, Amadou Diouldé Diallo… « Aujourd’hui que beaucoup de nos compatriotes se proclament soldats de la liberté, notamment d’expression, c’est le moment d’enchainer et ne plus accepter que nos libertés soient bafouées en Guinée », déclarait Nouhou Baldé, journaliste à Guinée Matin, dans un mèl adressé à l’association lyonnaise Reporters solidaires.
Au Burkina, une solidarité naturelle avec Charlie Hebdo
Au Burkina-Faso, la solidarité avec les journalistes français s’est aussi fait entendre. Une semaine après les marches silencieuses, deux journalistes burkinabés ont rejoint Lyon à l’invitation de l’association Reporters solidaires. Moussa Sanon et Abdoulaye Ouattara, journalistes professionnels de la Radio télévision nationale vont séjourner durant trois mois entre Rhône-et-Saône. Objectif : terminer leur master en journalisme entamée dans le cadre de l’université Lyon2 il y a deux ans.
A leur arrivée, Ibrahima un journaliste guinéen qui vient déjà d’effectuer un semestre d’études, les attendait. « Pour nous, cela va être l’occasion de réfléchir sur notre métier et son éthique », soulignaient-ils.
Depuis bientôt un mois,Moussa Sanon a pris ses quartiers dans une résidence universitaire et il a commencé ses études de master à l’université Lyon2. Il précise comment il a ressenti depuis Ouagadougou, en territoire africain de l’Ouest, la question de la liberté d’expression en général et de la presse en particulier. Il précise aussi comment aujourd’hui son opinion a évolué, et comment la prudence reste de mise dès que l’on aborde la question de l’Islam, d’autant plus sur une chaîne publique de radio-télévision.. Des propos recueillis par François Dalla-Riva.