Par Jean-François Cullafroz-François Dalla-Riva journaliste professionnel honoraire, carte de presse 49272, correspondant du Courrier (quotidien à Genève).
Les élections législatives auront lieu en Italie dimanche 25 septembre 2022. Avec l’accession de 400 député.e.s et 200 sénateurs-trices au Parlement, c’est la couleur et l’orientation politique du gouvernement qui sont en jeu. Dans un climat de confusion et de désillusion vis à vis des partis politiques, l’ambiance est morose. Nous l’avons constaté entre Turin et Gênes. Reportage et entretiens avec des citoyens de base.
Notre enquête d’opinion, débutée dans les rues de Turin, s’est poursuivie à Gênes avec des contacts avec des salariés et retraités.
Des promesses à la réalisation…
Autour d’un cappuccino pris à la terrasse de la petite place San Giorgio, nous avons rencontré Luciano Biancchi. Ce commerçant en chaussures reconnait que la droite et la gauche ne sont pas la même chose, et qu’entre la flat-taxe (baisse des impôts, notamment pour les plus riches) défendue par la coalition de droite extrême, et l’engagement pour un salaire minimum qu’entend réaliser l’alliance de gauche, européenne et écologiste, il n’y a pas photo !
Pour lui, tous les responsables politiques ne sont pas pourris, mais cependant, il doute de la mise en œuvre des promesses par les futur.e.s élu.e.s.
A l’heure du déjeuner, dans un petit restaurant de la Via di Pré, où les salariés du port ont leurs habitudes, nous avons croisé Silvano. Ce tout jeune retraité était il y a peu encore conducteur de camion.
Une situation à la française…
Pour cet électeur traditionnel du Parti démocrate, la situation est terrible et s’apparente à ce qu’a vécu la France avec la campagne d’Emmanuel Macron en 2017.
Se référant au chanteur Giorgio Gaber, très francophile et ami de Jacques Brel, il estime qu’il n’y a plus de gauche ni de droite… En conséquence, il n’ira pas voter le 25 septembre.
Natif de Gênes, Claudio Rizzi est cuisinier depuis plus de trente ans dans sa ville. Depuis trois années, avec son épouse Cristina, il tient le restaurant A Toa de Zena. Une halte que conseille le guide Le Routard, situé Via di Ravecca, sur les hauts de la vieille ville, pas loin de la Porta Soprana et de la maison de Christophe Colomb.
Tout sauf les héritiers du fascisme
Père d’un fils de 23 ans et d’une fille de 19, toujours étudiants, il s’inquiète pour leur avenir. Même si pour lui, la situation est meilleure que durant les deux années de Covid, la société est en prise à la folie depuis la chute du gouvernement Draghi qu’il appréciait.
Traditionnel électeur de la gauche, il votera un candidat de centre modéré, mais surtout pas à l’extrême-droite. En la matière, il suivra les conseils de son père, un ouvrier qui avait connu le fascisme et lui avait donné un seul ordre : ne pas voter le MSI (Mouvement social italien) de Giorgio Altamirante, dont Giorgia Meloni s’inspire.
En point d’orgue de cette incursion italienne, c’est vers la jeunesse que nous nous sommes tournés. Situé à côté de l’église de l’Annonciation, le lycée public classique Cristoforo Colombo compte un millier d’élèves.
Une jeunesse abstentionniste
A la sortie des cours du matin, parmi les groupes de lycéens en discussion Julio et Gustavo ont accepté de donner leur avis. Pour eux, le rejet est évident vis à vis de la liste de droite et d’extrême-droite. Pour eux, elle remet en cause les droits sociaux, notamment sur les questions sexuelles et de genre.
Cependant, en âge de voter, ils n’iront pas aux urnes, car ils ne sentent pas représentés par les grandes formations politiques, et les partis qui pourraient leur plaire ne feront pas 3 %…
Contrairement, à la famille tzigane immigrée en Ligurie depuis une dizaine d’années et qui finalement vit bien de son art, au pays du Bel canto, tout ne finit pas par des chansons…
… ni autour d’une rencontre footballistique du calcio ! Comme ici sur la terrasse d’un bar place San Lorenzo à Gênes.
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Élections en Italie (5) :
Un siècle après l’élection du Duce et l’expulsion de ma famille, une perspective plus qu’incertaine…