Par Jean-François Cullafroz, journaliste professionnel honoraire, carte de presse 49272, correspondant du Courrier (quotidien de Genève)
Avec le confinement et l’heure du couvre-feu, comme l’an passé, en cette année 2021, il était bien difficile de tenir une véritable veillée pascale en ce samedi 3 avril. La célébration de la vigile a donc eu lieu en fin d’après-midi dans nombre de communautés catholiques. Puis, comme avec la paroisse Saint-Ferréol du diocèse de Lyon, c’est au petit matin, que les fidèles ont accueilli la lumière du Ressuscité. Pour les chrétiens, le Christ, le Messie attendu par les juifs, c’est le Sol invictus, la lumière invaincue. Échos d’une célébration de deux heures dans l’église de Sainte-Colombe-les-Vienne, où les chrétiens mettent leur pas dans l’alliance contractée entre le peuple hébreu et son dieu.
Tout a démarré sur le parvis de l’église, puis, près la bénédiction du feu, la procession s’est déployée dans l’allée centrale de l’église, aux sons d’un chant de joie. Et la lumière du soleil levant, venue de l’Orient, s’est alors répandu d’un cierge à l’autre pour acclamer le Christ qui est lumière.
Sept passages de la Bible hébraïque ont été lus successivement, marquant ainsi que le foi des chrétiens s’inscrit dans les pas des juifs et de l’Alliance contractée avec le dieu d’Israël, et sur le chemin de Jésus, l’envoyé du Père, né et mort selon la tradition rituelle juive.
« Bereschit : Au commencement… », ainsi s’ouvre la Torah, au premier verset du premier chapitre de la Genèse, histoire de l’humanité au premier jour, quand tout était informe, et que l’esprit soufflait sur les eaux.
Shéma Israël : Souviens-toi Israël, des premiers jours de la Création… De la création du ciel et de la terre, de la lumière et des ténèbres, à celui de l’Homme, homme et femme…
» Il y eut un soir, il y eût un matin, et Dieu vit que cela était bon… »
Comme pour le baptême chrétien, le rite de la lumière s’accompagne de celui de l’eau…
Et avant d’entrer dans la célébration chrétienne de la messe, la vigile s’est conclue avec la lecture de passages de livres des prophètes Ésaïe et Ezéchiel, et le chant d’un psaume.
La centaine de fidèles participant à cette cérémonie très matinale a alors renouvelé sa profession de foi trinitaire, avant de participer à la célébration de l’eucharistie, dans la mémoire de la Cène, le dernier repas de Jésus avec ses apôtres, en conformité avec la tradition juive du Seder pascal.
Avant le chant d’envoi, la communion au corps du Christ a cédé la place au partage d’une tasse de café, avant le départ dans un petit matin froid, sur fond de cloches sonnant à la volée.
Dans cinquante jours, les chrétiens fêteront Pentecôte, en consonance avec Chavouot, une des trois fêtes juives de pélerinage, ouvrant pour les chrétiens, l’année religieuse au temps liturgique ordinaire.