Reportage de François Dalla-Riva, journaliste honoraire, carte de presse 49272
Le 13e congrès de la Confédération européenne des syndicats s’est déroulé du 29 septembre au 2 octobre à Paris. Près de 1 500 personnes y participaient parmi lesquels 500 délégués de 39 pays. Les quatre organisations syndicales françaises étaient là (CFDT, CFTC, CGT et FO), la CFDT ayant aussi cédé une place à l’Unsa. La délégation française se montait à 33 membres, sans compter les militants présents dans les délégations de leurs fédérations professionnelles européennes. Si les revendications à mettre en avant;sont communes à tous les syndicats français, et si dialogue social reste une règle partagée, tactique et stratégie peuvent diverger et alimenter le pluralisme de la représentation française. Revue de détail conclue par la secrétaire générale de la CES sortante.
Des syndicalistes critiques et déterminés
Parmi les 90 organisations syndicales représentées, confédérations nationales et fédérations professionnelles internationales, la CGT française comptait huit délégués. Philippe Martinez, le secrétaire général de la centrale de Montreuil conduisait cette délégation. Il précise le sens de la participation de la CGT aux instances syndicales européennes.
Force ouvrière est une organisation inconditionnelle de l’Europe, ce qui ne l’empêche pas d’être critique quant à la stratégie à mettre en place au niveau de la CES. Pour cette confédération française, si le dialogue social doit être impérativement renforcé au niveau européen comme au niveau national, pas question de confondre les rôles et missions du syndicalisme et des responsables politiques. L’indépendance et l’autonomie doit primer, souligne Andrée Thomas, secrétaire confédérale de FO, qui s’inscrit dans les pas de Jean-Claude Mailly, présent au 13e congrès de la CES..
Dialoguer pour obtenir des normes sociales ambitieuses
Last but nit the least des confédérations, la CFDT était venue avec neuf représentants issus de l’équipe confédérale et aussi des régions. Laurent Berger conduisait cette délégation aux côtés d’Yvan Ricordeau, secrétaire national en charge des affaires internationales. Le secrétaire général de la CFDT précise la nouvelle dynamique européenne de la confédération dont il est la tête de cordée.
Les jeunes CGT et CFDT au créneau
Barbara Gomes fait partie de l’équipe jeunes de la Confédération européenne des syndicats. Issue d’une famille portugaise, elle connaît bien la situation des personnes migrantes. Militante de la fédération CGT construction-bois-ameublement,.elle témoigne de l’attente de jeunes vis à vis de l’Europe et de la CES.
Toujours du côté des jeunes, Thiébaut Weber était pour la dernière fois dans la délégation CFDT. Ce jeune militant alsacien a fait ses classes dans le mouvement étudiant avant de rejoindre la CFDT. Jusqu’alors, il représentait sa centrale au comité jeunes de la Confédération européenne des syndicats. Depuis le 13e congrès de Paris, avec lui, la CFDT réintègre l’équipe du secrétariat général de la CES.
Présenté par l’ensemble des syndicats français (CFDT-Unsa, CGT, FO et CFTC), Thiébaut Weber entend porter « des projets européens qui organisent le rapprochement des économies et des travailleurs » pour contribuer à mettre en place une « société juste », comme l’affirmait le slogan de ce 13e congrès.
Thiébaut Weber explique les raisons de sa démarche qui font retrouver à la CFDT une place qui avait été occupé par le cédétiste Jean Lapeyre entre 1991 et 2003.
Bilan positif et vigilance pour l’avenir
Depuis sa sortie de la faculté de philosophie de Toulouse, Bernadette Ségol a accompli tout son parcours professionnel au service des syndicalistes européens. Tout d’abord aux côtés des salariés du secteur-habillement-cuir-textile, elle a ensuite accompagné les employés, techiciens et cadres au sein de la Fiet puis d’une nouvelle fédération Uni-Europa.
Secrétaire générale de la Confédération européenne des syndicats depuis 2011, elle a vécu de près l’accentuation de la crise économique, et les situations drastiques qui ont prévalu en Espagne, au Portugal et en Grèce. L’opposition résolue au dumping social et à l’austérité réclamée lors de ce 13e congrès n’est pas fait pour lui déplaire. Elle compte bien aussi que son successeur, Luca Visentini, saura doper le dialogue social, auquel le patronat européen conforté par Manuel Barroso, l’ex-numéro de la Commission européenne, se sont opposés. La venue à paris pour le congrès de la Ces de Jean-Claude Juncker, Martin Schulz et François Hollande devrait conforter les syndicalistes dans cette perspective, qui devra passer des belles paroles à la réalité, de l’Europe jusqu’aux entreprises.
A l’heure de sa retraité syndicale, la Française Bernadette Ségol dresse le bilan de l’action de la CES et de son engagement personnel.