Reportage de Jean-François Cullafroz, journaliste carte de presse 49272, correspondant du quotidien Le Courrier (Genève)
Les 2e Assises chrétiennes de l’écologie ont réuni plus de 2 000 personnes, chrétiennes ou non, du vendredi 28 au dimanche 30 août 2015 au Parc des expositions de St Etienne (Loire). « Changeons de climat » était l’unique sujet mis au programme des séances plénières et des ateliers. A cette occasion des personnalités de renommée nationale : philosophes, théologiens, responsables politiques et religieux, ou militants du tissu associatif ont exposé leurs convictions et confronté leurs approches. Tous ces témoignages incitaient d’abord à une prise de conscience et une réflexion profonde pour changer les principes qui gouvernent nos sociétés et les choix quotidiens des personnes afin de contribuer à la préservation du climat et la sauvegarde de la planète. Rencontres.
Il a fait beau et chaud à St Etienne ce week-end de fin août. Et la cuvette stéphanoise a pu faire ressentir ce que pouvaient être les effets de la chaleur et de la nécessité de l’eau. D’ailleurs, ceux qui sont venus, au nombre de 2 000 dans la ville des Verts, se sont régalés des propos entendus par des orateurs de talent et des experts compétents.
Tout avait débuté le vendredi 28 août par un message du cardinal Peter Turkson, président du conseil pontifical Justice et paix au Vatican, rappelant les auditeurs à une prise de conscience lucide et un engagement déterminé et vigoureux pour lutter pour la sauvegarde de la planète. Dans la foulée,Gaël Perdiau, le jeune maire du Saint-Etienne (Les Républicains) qui a prêté le Parc des expositions de la ville a exposé les raison de son accord avec l’encyclique du pape François, Laudato si, des motivations universelles qui dépassent tous les partis et sensibilités politiques.
Après cette onction religieuse et politique, il ne restait plus qu’aux animateurs de la rencontre (le père Jean-Luc Souveton, chargé par le diocèse de St Etienne du développement personnel et des spiritualités hors frontières, et le journaliste Jean-Claude Noyé, représentant l’hebdomadaire chrétien d’actualité La Vie) de mettre à contribution des intervenants de poids, comme le Père Dominique Lang, aumônier du mouvement Pax Christi, et le journaliste Patrice de Plunkett.
Priorité à la décroissance
Ancien membre de la rédaction du Figaro, notre confrère a effectué il y a quelques années une double conversion, d’abord aux questions écologiques et puis spirituelles, puisqu’il dit être lui-même être revenu à la foi de son enfance. Une démarche totalement en phase avec la dernière lettre-encyclique du pape François. Laudato Si, publiée en France le 18 juin, axe tout son propos sur l’avenir de la planète, la responsabilité de l’humanité pour le respect de la création, tout à la fois humaine et naturelle. Pour Patrice de Plunkett, aujourd’hui, ce qu’on entend par le mot « progrès » doit être revisité, et la décroissance doit être un leitmotiv qui contribue à la survie et au développement réel des hommes.
Dans la seconde partie de cette première journée des Assises chrétiennes de l’écologie, militante politique (Myriam Cau), philosophe (Patrice Viveret) et théologien (Fabien Revol) se sont renvoyées leurs propres interrogations et expériences de terrain.
Réunir philosophie et action politique
Place à la philosophie d’abord pour prendre un peu de hauteur. Patrick Viveret est connu aujourd’hui pour sa recherche philosophique et une réflexion poussée sur la vie nos sociétés et le système économique. Une analyse qu’il fonde sur une expérience pratique depuis plus de 50 ans, menée en tant que militant chrétien étudiant (Jeunesse étudiante chrétienne), puis politique (PSU) et aussi une expertise dans les rouages de notre Etat en tat que conseiller à la Cour des comptes, puis membre de cabinets ministériels au service de différents gouvernements. Pour lui aussi, qui s’affirme chrétien, les mots « valeur », « plus-value » et « bénéfice » propres au monde économique capitaliste, devraient être repensés. Il s’explique.
Le Nord-Pas-de-Calais, laboratoire du changement
La ville de Calais est une terre de passage, on le voit tous les jours avec l’arrivée de personnes migrantes, désireuses de passer en Angleterre. Plus globalement, ainsi en va-t-il de la région Nord-Pas-de-Calais. Aussi, sur cette zone frontalière, la responsabilité des élus est grande pour faire face aux difficultés sociales d’une population en proie au chômage, sur une terre marquée par l’industrie, mines, acièries qui ont participé à la pollution de ce territoire. Pour autant, avec le soleil qui n’est pas aussi absent que cela, le vent et la mer, le Nord-Pas-de-Calais est depuis plus d’un quart de siècle un laboratoire pour les élus politiques soucieux de l’écologie.
Myriam Cau est une de ses responsables, en tant que vice-présidente de la Région chargée des questions de pauvreté et de démocratie participative. Assise à la tribune à côté de Fabien Revol, théologien et professeur de l’université catholique de Lyon, cette élue du parti Europe-écologie-les Verts explique en quoi politique et spiritualité peuvent se compléter dans une recherche sur le sens de l’action et plus globalement sur la marche du monde. Témoignage.
Les religions étaient présentes pour ces 2e assises chrétiennes de l’écologie. Des catholiques, protestants et orthodoxes, amis aussi des responsables des communautés juives et musulmanes. d’ailleurs, un des ateliers de travail se déroulait à la Grande mosquée de St Etienne, voisine du Parc des Expositions.
J’ai rencontré il y a quelques jours le rabbin Philippe Haddad. Ce responsable religieux officie à la synagogue de la rue de la Victoire à Paris, après avoir été rabbin de la communauté des Ullis. Philippe Haddad est un homme de dialogue, au sein d’un judaïsme aux multiples sensibilités, avec les autres religions dont le christianisme et l’islam, et puis aussi entre le domaine religieux et la vie quotidienne.
Invité par les moines et moniales bénédictins du monastère Ste Lioba à Simiane-Collongue, près de Marseille, il explique comment une lecture renouvelée des premiers chapitres de la Bible, invite à comprendre notre monde et à agir pour préserver la planète et l’humanité.
Aux termes de trois jours très denses, les 2 000 personnes qui ont séjourné au parc des expositions de St Etienne, ont été invitées à se mettre en marche pour que la voix de la population se fasse entendre à l’occasion de la Cop 21 qui réunira les chefs d’état du monde entier à Paris fin-novembre-début décembre 2015. Affaire à suivre donc !