Reportage de Jean-François Cullafroz-Dalla Riva, journaliste professionnel honoraire, carte de presse 49272, correspondant du Courrier (quotidien à Genève)
En ce mercredi 4 mars 2010, je viens de voir le film de Gaël Le Bomin sur Mon Général, et je suis sorti enthousiaste et ému par ce 18e film de ce réalisateur d’à peine cinquante ans. Pour avoir travaillé sur la Résistance, à Lyon et en Haute-Savoie, je ne méconnaissais pas le rôle majeur de Charles, le général de brigade qui lança deux appels londoniens à ne pas baisser les bras. Mais j’ignorais celui d’Yvonne, son épouse, qui, pour moi, restait Tante Yvonne, brocardée. par le Canard enchaîné. Le film De Gaulle a changé ma vision des choses…
Pour moi, De Gaulle, c’était l’appel du 18 juin, la Résistance, celui qui avait appelé à soutenir l’armée et rejoindre les aéroports lors de la révolte des généraux d’Alger en avril 1961. Il y a eu aussi le président des voyages en province, et une poignée de main Place des Terreaux en octobre 1958, lors d’une prise de parole où m’avait conduit mon père.
Et puis, De Gaulle, c’était en 1965 le candidat aux élections présidentielles. Mes condisciples communistes, au lycée Antoine Charial à Lyon (Eh oui !, Michel Hallet et consorts), s’étaient étonnés que moi, le militant de la Jeunesse ouvrière chrétienne (JOC), je ne vote pas pour François Mitterrand comme eux lors du scrutin organisé par notre prof de philo, M. Fiole.
L’année 68 s’est chargé de m’ouvrir les yeux, et » Dix ans, ça suffit « et » Nous tous sommes des Juifs allemands « , clamés dans les manifs de mai-juin m’ont vacciné contre dix ans de pouvoir autoritaire…
De Gaulle, père attentif et mari amoureux
Alors ce film de Gaël Le Bomin sonne pour moi comme une révélation. De Gaulle, ce peut être une autre personne que le président imité par Henri Tisot, et son célèbre « L’Europe, de l’Atlantique à l’Oural, et de Dunkerque à Tamanrasset « , martelé lors de conférences de presse que je suivais à la radio.
De Gaulle, ce peut être un mari amoureux, un père attentif à ses enfants, dont Anne, une toute jeune handicapée. Yvonne, ce peut être une mère de famille, soucieuse de sa famille, et prêtre à prendre un cargo hollandais pour une destination inconnue, et rejoindre son époux dans la capitale britannique…
C’est ce que m’a révélé le scénario de Valérie Ranson Enguiale et Gabriel Le Bomin, avec un jeu très ajusté et pas tout emphatique de Lambert Wilson (le général) et Isabelle Carré, une très émouvante Madame de Gaulle. On appréciera Olivier Gourmet en Paul Reynaud, dernier président républicain du Conseil de la IIIe République, et Philippine Leroy-Beaulieu dans le rôle d’Hélène de Portes, compagne de Paul Reynaud. A découvrir aussi Félix Back en Philippe de Gaulle et Victor Belmondo (qui tient beaucoup de son grand-père), en Claude Hettier de Boislambert. A suivre aussi l’interprétation de Winston Churchill par Tim Hudson.
Valérie Ranson Enguiale est une grande spécialiste de l’histoire par l’image et de l’histoire de l’art, excelle au côté de Gaël Le Bomin, qui totalise dix-huit films à son actif en vingt ans, dont un bon nombre plongé dans l’Histoire, tels L’Occupant, Guerre d’Algérie, la déchirure, Giscard, de vous à moi, Bruno Le Maire, l’étoffe d’un héros, Ve République…