Par Jean-François Cullafroz-Dalla Riva, journaliste professionnel honoraire, carte de presse 49272, correspondant du Courrier (quotidien à Genève)
La rentrée du spectacle vivant et la fréquentation du 7e art restent incertaines en cette période d’après-pandémie. Si les théâtres et salles de concert devraient débuter leur saison mi-septembre 2020, les salles obscures ont rouvert depuis deux mois. Et pour reprendre une activité soutenue, la teneur de la programmation, mais aussi les initiatives des responsables de salles devront être conjuguées. Reportage à Vienne (Isère) et rencontre avec Laurence Bernard, directrice-adjointe du cinéma L’Amphi.
L’inquiétude est palpable parmi les acteurs du monde de la culture. D’ailleurs, Roselyne Bachelot, en charge de ce secteur, devrait recevoir d’ici début septembre les représentants du spectacle vivant. Pour le 7e art, les responsables de salles seront tributaires des sorties que les producteurs et distributeurs accepteront de livrer sur les 6 000 écrans français. A Vienne (Isère), la famille Bouquet héritière d’une lignée d’exploitants locaux maintient un multiplexe de huit salles. Elle a dans ses projets un agrandissement, mais la pandémie est venue perturber sa réalisation.
Laurence Bernard, membre de cette famille et directrice-adjointe du cinéma L’Amphi, détaille ses craintes, mais exprime aussi ses espoirs du retour des spectateurs. La réussite de l’avant-première du film Poly le 20 août atteste que les spectateurs peuvent revenir, malgré la crainte persistante qu’engendre la Covid.
Il est indéniable que la nature et la qualité des films qui seront proposés joueront un rôle important dans la reprise.
A cet endroit, les responsables de L’Amphi ont programmé cinq sorties à compter de ce mercredi 26 août 2020.
Des grosses productions américaines…
Au multiplexe viennois l’Amphi, Les Nouveaux mutants, la dernière création de la 20th Century Fox (sous le label Disney) bénéficiera de pas moins de 24 projections entre le 26 août et le 1er septembre 2020.
En nombre de séances, cette bande dessinée (« comics » issue de la maison d’édition Marvel) sera à la hauteur de Tenet, œuvre du réalisateur anglosaxon Christopher Nolan dont la sortie était attendue.
… au cinéma français et aux film classés art et essai
Pour autant, avec la sortie de trois films, la production cinématographique française ne se laissera pas damer le pion. Tout d’abord, thriller, suspense et espionnage ne seront plus l’apanage des studios d’Outre-Atlantique.
Ainsi, on pourra découvrir Spycies, un film d’animation de Guillaume Ivernel, qui signe là sa troisième œuvre en tant que réalisateur.
Après La Promesse de l’aube, adaptation du roman de Romain Gary, c’est à partir du livre de Gaël Faye. Un ouvrage autobiographique qui évoque l’histoire bousculée d’enfants burundais d’ethnies hutue et tutsie.
On suivra avec passion l’évocation de cette guerre civile, qui n’est pas sans renvoyer à la guerre du Rwanda, où la présence de l’armée française, inactive si ce n’est complice, est mise en cause, trente ans plus tard encore.
Dans le déroulé du film d’Eric Barbier qui devait sortir en mars 2020, le rôle de Jean-Paul Rouve et de la bande d’enfants qui l’entoure sont déterminants. Un long-métrage que le cinéma L’Amphi a placé sous la bannière de l’association Cinéclap.
Comédie et engagement
C’est dans une même veine d’engagement, mais sans doute avec plus de légèreté, que l’on pourra voir Effacer l’historique, dernière réalisation de Guillaume Kerven.
En effet, cette comédie réunit un trio de comédiens confirmés : Blanche Gardin, Corinne Masiéro et Denis Poladylès, pour une dénonciation des réseaux sociaux et de la tyrannie du téléphone portable.
+Avec une quarantaine de rôles, onze films comme réalisateur et scénariste, c’est une nouvelle œuvre en coopération avec Benoit Delépine, que Gustav Kerven offre aux spectateurs dans la lignée des facéties du Groland de Canal +.
Filmé dans la région Nord chère à Corinne Masiéro
On devrait retrouver Blanche Gardin d’ici quelques semaines avec le film Par un demi-clair matin de Bruno Dumont.
Quant à Corinne Masiéro, après Lucky sorti il y quelques semaines, avant de voir Effacer l’historique en salle, on peut retrouver Corinne Masiéro sur France Culture, au lendemain de l’avant-première à la Cinémathèque française à Paris.
Comme le fait le film tourné près d’Arras, l’actrice roubaisienne évoque les ronds-points des Gilets jaunes, les combats gagnés de David contre Goliath, les luttes qui obtiennent des acquis sociaux…
Des films à voir en salle dès ce mercredi 26 août 2020.
(à suivre)
Notre prochain article :
Cinéma (3) : avec CinéClap , un festival de sept films art et essai, du 15 au 22 septembre 2020 à Vienne