CFDT : la presse au rassemblement des 10 000 (2)

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Reportage de Jean-François Cullafroz, journaliste professionnel honoraire, carte de presse 49272

Après le rassemblement de 10 000 militants CFDT au Parc Event Center de la Villette mardi 3 octobre 2017, mes collègues journalistes n’ont pas été avares de commentaires. Quels points ont retenu l’attention des médias ? Qu’est-ce-qui a été mis en perspective ? Retour sur l’évènement social qu’a constitué cette initiative cédétiste, et analyse du traitement journalistique avec une modeste revue de presse.

Parmi les très nombreuses personnes à questionner, les (© Pierre Nouvelle). journalistes, fidèles à leur démarche, sont allés à la quête de témouignages qui interpellent (© Pierre Nouvelle).

Parmi les très nombreuses personnes à questionner, les journalistes, fidèles à leur démarche, sont allés à la quête de témoignages qui interpellent, comme ici un collègue de France Inter (© Pierre Nouvelle).

Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’un fait chasse l’autre… Et jamais notre blog, dont la définition du patronyme a fait l’objet d’un remue-méninges d’un groupe de journalistes rhodaniens, n’a été autant d’actualité. « L’écume des jours »…, le titre du roman de Boris Vian ne pouvant être utilisé comme tel et ainsi est né lecumedunjour. Une fois la vague instantanée passée, il ne reste plus que l’écume ballotée au gré du flux et reflux de l’océan.

L'interview d'Edouard Philippe dans Libération a éclipsé le rassemblement CFDT, même si au fil de l'entretien, la question syndicale reste bien présente (© Pierre Nouvelle).

L’interview d’Edouard Philippe dans Libération a éclipsé le rassemblement CFDT, même si au fil de l’entretien, la question syndicale reste bien présente (© Pierre Nouvelle).

Mercredi 4 octobre, au lendemain du rassemblement CFDT, les journaux d’infos des radios et télévisions, publiques et privées, parlaient d’Édouard Philippe et de son interview dans Libération, du déplacement d’Emmanuel Macron en Corrèze, de l’attentat de Las Vegas, du référendum catalan, du rapprochement entre la Turquie et l’Iran, et de la dernière bataille de Raqqa… mais l’initiative CFDT avait momentanément quitté les radars médiatiques.

Pour autant, cela veut-il dire que la teneur du rassemblement CFDT et les propos des responsables de la confédération CFDT étaient passés définitivement à la trappe ? Pas si simple ! Avec les techniques numériques, les possibilités sont infinies pour re-visionner (replay) synonyme de télévision de rattrapage, et pour enregistrer (podcast), permettant ainsi la réécoute d’une émission radiodiffusée. Ainsi, paroles et images resteront présentes pour peu que leurs supports techniques soient encore efficients et accessibles.

Et puis, il y a le retour sur le long terme à partir du fond de l’événement. Nous allons y revenir.

Une marée humaine que l'oubli naturel de la démarche médiatique ne pourra effacer (© Pierre Nouvelle).

L’oubli naturel de la démarche médiatique ponctuelle ne pourra effacer la marée humaine présente le 3 octobre à Paris (© Pierre Nouvelle).

Le nombre, la fête et la grogne

Puisque nous parlons de mers, mardi 3 octobre, porte de la Villette au centre d’exposition et  convention, c’est bien une marée humaine qui se pressait à l’appel de la CFDT. Et ce fait n’a pas échappé aux observateurs journalistes . Mes consœurs et confrères ont aussi insisté sur la dimension festive telle que l’avait voulu les organisateurs, sans occulter la part de contestation et de grogne à l’égard tout à la fois du président Macron, mais aussi de la méthode utilisée par les leaders de la CFDT face aux récentes ordonnances.

L'appel des militants CFDT à leurs respionsables a été relevée par différents quotidiens (© Pierre Nouvelle).

L’appel des militants CFDT à leurs responsables a été relevée par différents quotidiens (© Pierre Nouvelle).

Mais, comme on le dit fréquemment dans le microcosme des journalistes, on s’intéresse plus facilement aux trains qui n’arrivent pas à l’heure…, aux faits saillants, à ce qui va mal. Mais est-ce une particularité journalistique, ou un trait de notre humanité personnelle ? Les chiffres de vente des journaux à sensation, l’appétence pour les faits divers, et la volonté de faire du buzz pour booster les audiences et les ventes, comme le développent les patrons de presse, attestent de la multiplicité des raisons.

 » Dix mille représentants du personnel CFDT ont lancé mardi un appel à destination du gouvernement, entre autres, pour qu’il ne cède pas « aux visions les plus rétrogrades » qui voient le syndicalisme comme un obstacle « , soulignait l’édito d’Europe 1 au terme du rassemblement.

Le secrétaire général de la CFDT était l'invité de Télématin sur France 2 mardi 3 octobre (© DR/France télévisions).

Le secrétaire général de la CFDT était l’invité de Télématin sur France 2 mardi 3 octobre (© DR/France télévisions).

En tête et à la fête !

L’ampleur de cette initiative, la fête aussi, car si « Le progrès est en tête » comme le titrait la CFDT, il était naturellement invité de la fête.

 » La fête de Laurent Berger à la CFDT prend un air de mobilisation revendicatrice », titrait le site Internet du quotidien libéral, européen et pro-business L’Opinion. Et le quotidien La Croix, qui ne passe pas pour un quotidien extrémiste ou échevelé, reprenant une dépêche de l’Agence France Presse de titrer sur la contestation entendue au milieu des musiques jazz et rock.

Au soir du rassemblement, à 17h41, le site Internet du journal du groupe Bayard titrait :  » Réforme du travail: des militants CFDT pressent Berger de « descendre dans la rue « . Et le lendemain, avec l’article d’Emmanuelle Réju, le quotidien démarre son article sur les demandes répétées des militant.e.s appelant les responsables CFDT à une attitude plus démonstrative.

La presse régionale et nationale a mis l'accent sur des points différents de la démarche CFDT (© Pierre Nouvelle).

La presse régionale et nationale a mis l’accent sur des points différents de la démarche CFDT (© Pierre Nouvelle).

Rien d’étonnant d’ailleurs de la part des reporteur.e.s envoyé.e.s sur place, puisque l »agora sur les ordonnances fut très vif; le quotidien Les Echos relevant, sous la plume e Leila de Comarmond, que  » La réforme du Code du travail ne passe pas chez les militants CFDT « .

Une situation compliquée et une position pas simpliste

Le site Internet confédéral soulignait d’ailleurs les attentes manifestées par la « base » militante. Une page de ce site officiel est d’ailleurs consacré aux paroles des adhérents, traduisant ainsi leurs attentes, l’impact au sein de la centrale syndicale, et l’écoute de ses responsables.

Dans la presse régionale, à Lyon avec Le Progrès et les autres journaux du groupe Ebra, mon collègue Francis Brochet souligne dans l’édition du 4 octobre que  » ça chahute dans les syndicats « , et que  » Laurent Berger et Jean-Claude Mailly haussent le ton contre le pouvoir « . La veille de la fête CFDT, le quotidien communiste  annonçait déjà que  » Jean-Claude Mailly et Laurent Berger étaient pressés par leur base «  .

Une fois le contexte de la journée décrit, la presse s’est aussi penchée sur le fond des propos des responsables confédéraux, Marylise Léon, Véronique Descacq et Laurent Berger notamment : critique de la méthode et d’un certain nombre de mesures gouvernementales et réponses syndicales proposées aux salarié.e.s.

Sur BFM, le secrétaire générale adjointe de la CFDt a expliqué à nouveau la position original de sa confédération (© DR/BFM).

Sur BFM, le secrétaire générale adjointe de la CFDT a expliqué à nouveau la position original de sa confédération (© DR/BFM).

Descendre dans la rue à bon escient comme le 10 octobre

Ainsi, Le Parisien-Aujourd’hui en France, insistait dans ses éditions nationale et régionale sur le fait que  » Laurent Berger ne descendra pas dans la rue « . Une antienne reprise en boucle par mes collègues, occultant le fait que le secrétaire général de la CFDT avait appelé à l’action intersyndicale dans les Fonctions publiques le 10 octobre avec grève et manifestations de rue, comme l’ont souligné depuis, notamment les enseignants du Sgen-CFDT et les syndicalistes de la police.

Interrogée sur BFM-Business, la secrétaire générale adjointe, Véronique Descacq n’a pas dit autre choses. Elle a insisté sur la position, tout à la fois originale, mais néanmoins combattive de la CFDT, articulant la proximité avec les salariés, la défense au plan national de la justice sociale, de la solidarité et la lutte contre les inégalités. Une position parfois compliquée, mais comme le soulignait l’hebdomadaire L’Express, suppose une stratégie d’action adaptée aux situations avec une voie spécifique, avec en toile de fond l’impérative nécessité que le mouvement syndical manifeste une unité si elle est gage d’efficacité.

Ainsi, comme le soulignait les différentes antennes et sites Internet du groupe Radio France (de France Info à France Culture, en passant par France Inter) matin du 6 octobre, la CFDT se rendra dans trois jours au siège de la CGT à Montreuil pour partager l’analyse de la situation, et la réponse à apporter aux prochaines mesures gouvernementales, à commencer par la réforme du marché du travail.

Pour la CFDT, une première action est en cours avec l’Appel des 10 000, où comme le rappelle L’Obs, elle  » témoigne d’une sévérité croissante envers la politique du gouvernement «  et du patronat. A l’heure où nous mettons en ligne cet article, cet appel totalise 9 815 signatures.

L'histoire du mouvement syndical fran_ais, ce peut être une unité da'ction intersyndicale vécue comme un comabt mais aussi des rapoports amicaux (© Pierre Nouvelle).

L’histoire du mouvement syndical français, peut prendre la forme d’une unité d’action intersyndicale vécue comme un combat, mais peut aussi être tissée de rapports interpersonnels amicaux comme entre Edmond maire et Georges Séguy (© Pierre Nouvelle).

En attendant, ils pourront relire les articles sur Edmond Maire, notamment publiés par Le Figaro et Le Monde. Ils constateront que l’analyse développée par ce syndicaliste et la façon de concilier révolution et réformisme est posée depuis bien longtemps

Affaire à suivre donc !

Notre prochain article :  Après le 3 octobre, le 10, la CFDT dans la rue avec les fonctionnaires.

 

 

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