Reportage de Jean-François Cullafroz, journaliste honoraire carte de presse 49272, correspondant du quotidien Le Courrier (Genève)
Après le conseil de la communauté de communes de la région de Condrieu, le comité syndical du Sytral était attendu. En effet,c’était la première réunion des élus de la Métropole lyonnaise et du Département du Rhône après le conseil départemental du Rhône du 29 janvier 2016 qui a décidé de supprimer 35 % des lignes des Cars du Rhône. Un choix décidé pour faire une économie de 8,3 millions d’euros sur les 58 millions que le département consacre aux transports publics. Lors de la réunion du Comité syndical du Sytral, vendredi 19 février 2016, la question de l’avenir des liaisons des Cars du Rhône a occupé près d’une demi-heure et quasiment toute la séquence des questions diverses. Cela a contraint les élus concernés à se positionner. Dès lundi 22 février, le Collectif des usagers des lignes 134 et 231 livrait son sentiment par la voix d’Aurélie Nortier. Explications.
L’ordre du jour du dernier Comité syndical du Syndicat des transports en commun de l’agglomération lyonnaise ne comportait que quatre points à l’ordre du jour dont le dossier d’enquête publique sur la ligne T6 qui prolonge la ligne T1 de la station Debourg (Gerland) aux hôpitaux Est, et le pôle d’échanges multimodal de Perrache avec l’extension de la ligne T2 à l’arrêt Suchet. Des dossiers adoptés sans coup férir. Le consensus n’a plus été de mise lors de la séquence consacrée aux questions diverses.
Saisie par différents membres du comité syndical (dont les élus socialistes de la Métropole), Annie Guillemot, la présidente du Sytral a ouvert les échanges, en rappelant que le Sytral ne peut en aucun cas intervenir dans les décisions d’une autre collectivité, et en l’occurrence dans les délibérations du Département du Rhône.
Christophe Guilloteau, président du Conseil départemental du Rhône a rappelé les raisons de la politique d’économie qu’il a impulsée, et a réaffirmé qu’il ne serait pas possible de maintenir des liaisons qui, « avec deux passagers par voyage font figure de lignes exotiques ». Revenant sur la pétition des usagers, il a ajouté « j’aimerais bien que les 500 personnes qui l’on signée soient aussi des voyageurs des cars ».
Le dossier n’est pas bouclé… une nouvelle réunion programmée
Ensuite, Christiane Agarrat, conseillère départementale et rapporteure du budget a souligné que la question des modifications de lignes n’était pas nouvelle et s’était déjà posée au sein du Syndicat mixte des transports du Rhône (SMTR). Tout en regrettant la fréquentation réduite de certaines lignes, elle a félicité la présidente du Sytral qu’une nouvelle réunion de la commission de l’offre soit programmée d’ici avril où pourraient être réexaminées les suppressions qui avaient été préconisées le 13 novembre 2015 au Sytral et présentées aux conseillers départementaux le 8 décembre suivant.
Pour sa part, Daniel Jullien, maire de Vaugneray, conseiller départemental et membre du comité syndical du Sytral, a quant à lui exprimé son désaccord lors du conseil départemental du 29 janvier et a réitéré son opposition lors de cette séance du comité syndical du Sytral du 19 février 2016.
Tenir compte des élus, des territoires et de leurs habitants
La maire de Dardilly, Michèle Vullien, 2e vice-présidente de la Métropole, a abondé dans le même sens. Elle a insisté pour dire que les économies étaient possibles, mais que cela ne devait pas se faire au détriment des territoires et du lien social à conserver. Les lignes de bus participant de cet élément important pour ce que Mme Guillemot a appelé la « couture » de la cité.
En clôture, Pierre Hémon, président du groupe des élus EELV de la métropole de Lyon et membre du comité syndical du Sytral, a exprimé les raisons qui militait pour le maintien des lignes 134 et 231 des Cars du Rhône, des lignes qui n’ont rien « d’exotique », contrairement à ce que pense le président du département du Rhône. Pour lui, elles correspondent à un besoin de la population, et si l’on veut augmenter leur fréquentation, faut-il encore que la promotion en soit faite, ce qui n’est pas le cas, et l’accès rendu facile par des tarifications groupées entre Cars du Rhône, TCL et SNCF, ce qui est aujourd’hui impossible. De plus, une coordination est nécessaire avec les autres réseaux de bus comme ceux de l’Isère et de la Loire.
Sur le terrain, les élus et la population qui n’ont pas été informés s’inquiètent. Cette question est revenu au chapitre des questions diverses du comité syndical du Sytral du 19 février 2016. Ainsi, Aurélie Nortier, membre du Collectif des usagers des lignes 134 et 231 exprime sa réaction lundi 22 janvier au pôle multimodal train-cars de Vienne (Isère).
En plus du service des usagers et de vitalisation des territoires, il y a aussi la question importante de l’emploi des salarié-es des sociétés de transport. Comment imaginer qu’une suppression partielle ou totale des lignes n’aura pas d’impact sur les contrats à temps partiel voire même es contrats à durée indéterminée, et de toutes façons sur les conditions de travail des personnels ? Conducteurs et conductrices évoquent déjà l’ampleur de leur mise à disposition : pas moins de 12 heures d’amplitude sans possibilité de rentrer à son domicile pour un temps de conduite inférieur à 8 heures.
On le voit donc, élus, population et salariés des sociétés concessionnaires sont tous impactés par les décisions du département du Rhône et de la Métropole, tous représentés au Sytral.