Reportage de Jean-François Cullafroz-Dalla Riva, journaliste professionnel honoraire, carte de presse 49272, correspondant du Courrier (quotidien à Genève)
Plus d’une centaine de personnes de personnes avait rejoint le Grand Amphi de l’université Lyon2 en ce mardi 22 octobre pour débattre autour des défis auxquels sont confrontés les syndicats ( © Pierre Nouvelle ).
Réunir une centaine de personnes pour se poser et réfléchir dans un cadre universitaire, pour des syndicalistes, ce n’est pas la première fois à l’Université Lyon 2 et avec le laboratoire Triangle. Dans la foulée de l’Institut d’histoire sociale CGT et du Groupe de travail CFDT 1968-2018, le Forum syndical européen a tenu colloque mardi 22 octobre 2019 sur le thème de l’avenir et des défis du syndicalisme. Retour sur cette initiative qui a permis au public de dialoguer avec des journalistes, un historien, des responsables syndicaux sur le mode d’un dialogue apaisé et bienveillant.
A la tribune de cet après-midi débat initié par le Forum syndical européen et le laboratoire Triangle, des syndicalistes, journalistes et un historien : Bernard Thibault (Organisation Internationale du Travail), Leïla de Comarmond (Les Échos), Stéphane Sirot (Université de Cergy), et les responsables régionaux Agnès Naton (CGT) et Pierrick Aillard (CFDT) ( © Pierre Nouvelle ).
L’anniversaire de la disparition du syndicaliste Louis Viannet il y a tout juste deux ans, a fourni le prétexte, et la projection du film produit par le Forum syndical européen et réalisé par Moderniser sans exclure-Rhône Alpes le point de départ.
Un constat mitigé
Mais la question de l’intérêt, du rôle et de l’avenir des syndicats en France fortement posée depuis plus d’un par différents mouvements sociaux dont les Gilets jaunes, a été aussi un déclencheur important à la demi-journée qui s’est déroulée le 22 octobre 2019.
Il y a d’abord eu le constat dressé par la journaliste des Echos Leïla de Comarmond, après la mise en perspective historique de l’universitaire Stéphane Sirot, et l’observation internationale de Bernard Thibault qui termine un second mandat au Bureau international du travail
Les responsables syndicaux régionaux Agnès Naton et Pierrick Aillard ont témoigné de leur travail en commun ( © Pierre Nouvelle ).
Il était temps que le public s’exprime pour témoigner de ce qu’il vivait dans les entreprises et sur les territoires, et pour questionner les invités situés à la tribune.
L’accroissement de la précarité, la dureté des conditions de travail, le creusement des inégalités, les difficultés à pouvoir vivre sont revenus avec insistance. Face à cela, la division entre organisations syndicales, leurs fonctionnements internes, conduisant à une impuissance globale, ont aussi mis en exergue.
Une note d’espoir des responsables régionaux
Les secrétaires régionaux de la CFDT et de la CGT ont apporté une note différente en faisant part des réalisations menées de concert.
Pour Pierrick Aillard, jeune responsable de la CFDT Auvergne-Rhône-Alpes, dont l’engagement syndical a débuté à l’hôpital Lyon-Sud, la réflexion menée avec la CGT est sur une bonne voie. Cette coopération n’exclut pas le travail avec les associations de la société civile initiée il y a plusieurs années dans le cadre des Places de la République, et dopées par l’initiative confédérale du Pacte du pouvoir de vivre.
Une coopération plus que nécessaire entre acteurs sociaux de nature très diverse pour faire pièce aux discriminations, aux inégalités croissantes, au racisme et à l’homophobie, et à une attitude désinvolte d’un pouvoir politique qui nie la représentativité et l’utilité des corps intermédiaires?
Les défis posés par l’évolution climatique et la prégnance du contexte numérique a renforcé la nécessité que les principaux syndicats apportent une réponse ensemble. Pierrick Aillard détaille cette dynamique.
L’exemple du Forum régional de l’industrie
Agnès Naton, responsable régionale CGT Auvergne-Rhône-Alpes, les relations positives entre les deux centrales syndicales ne datent pas d’aujourd’hui.
L’exemple de la réaction commune en regard du nouveau président de la Région Auvergne-Rhône-Alpes s’inscrit dans le terreau d’initiatives avec les syndicalistes des régions voisines comme le Piémont, ou des quatre moteurs (Bade-Wurtemberg, Catalogne, Lombardie).
La dernière preuve qu’un syndicalisme qui rassemble n’est pas une vue de l’esprit est l’organisation du Forum régional de l’industrie le 26 novembre 2019 au siège du Conseil régional. Agnès Naton explique la démarche.
Réussir la transition industrielle est le thème de ce forum régional où les deux syndicats ont su rallier des organisations patronales. Mais c’est aussi face aux transitions climatiques et numériques que ces acteurs sociaux sont attendus, dans un contexte où la jeunesse se mobilise fortement notamment sur la crise écologique.
De l’art de lier fin du mois et fin de la planète. Tout le défi des mois à venir…
Samedi 26 octobre, le 50e samedi des Gilets jaunes posera à nouveau la question du lien de cette nouvelle forme d’action avec le mouvement social traditionnel historique ( © Pierre Nouvelle ).
Affaire à suivre donc…