Reportage de Jean-François Cullafroz, carte de presse 49272
Vendredi 9 janvier, alors que les assassins de Charlie Hebdo étaient en cavale entre Aisne et Seine-et-Marne, à Autun (Saône-et-Loire), la population se recueillait à l’invitation des élus municipaux en hommage aux journalistes, policiers et autres salariés assassinés mercredi. Plongée entre salon d’honneur et marches de l’hôtel de ville.
12h. la mairie d’Autun arbore Je suis Charlie sur sa façade. A l’intérieur, la foule emplit le hall d’entrée et a du mal à entrer dans le salon d’honneur. Les élus se rapprochent du pupitre, sortent leur affiche de soutien à Charlie, slogan blanc sur fond noir.
12h10. Les deux assassins réfugiés dans l’imprimerie sont cernés par la gendarmerie. En attendant que la cérémonie ne débute, certains participants lorgnent sur leur IPhone. Un journaliste converse avec sa rédaction…
D’autres échangent des vœux ou de leurs nouvelles. Isabelle, une mère de famille, accepte de confier ses impressions
12h15. Les sirènes de la ville retentissent comme la veille ; Jeudi, le test mensuel allait de pair avec l’hommage rendu par les personnels municipaux. Aujourd’hui près de 500 personnes ont répondu à l’appel diffusé par Rémy Rebeyrotte, le maire, dans le Journal de Saône-et-Loire. Le premier magistrat prend la parole devant des participants très concerné. Propos recueillis par François Dalla-Riva.
La Marseillaise conclut cet hommage très vibrant. A Autun où la résistance aux allemands a été vive, et la libération de la ville fut le fruit des maquisards du Morvan, on se rappelle du prix de la liberté et de la démocratie. On mesure aussi toute l’importance d’une presse libre.
Dans la salle, Eric Dujardin, journaliste du JSL (Journal de Saône-et-Loire) brandit sa carte de presse. A ses côtés, un de ses collègues qui voulait lire le communiqué des syndicats de journalistes n’a pas eu droit à la parole.
Beaucoup de jeunes, profitant de la pause méridienne sont venus en voisins. Sortis des lycées, public ou catholique, tous pour faire mémoire avec d’autres. Ainsi, Fanny est là avec un trio de copains. Elève de première au lycée Saint-Lazare, elle témoigne sur Charlie, sur la presse, les journalistes devant la caméra de François Dalla-Riva.
Tout à côté d’elle, Elise, élève du lycée Bonaparte est entourée de camardes de classe. Ils sont venus en nombre du bahut situé juste de l’autre côté de la place du Champ de mars. Accroc de dessin, elle admirait les dessinateurs de Charlie. Elle raconte.
12h30. La cérémonie se termine sous une pluie fine. La foule se disperse. Dimanche, la municipalité favorisera le transport vers Dijon pour une grande marche régionale silencieuse.
Dans l’après-midi, le mauvais feuilleton entamé mercredi se durcit. Porte de Vincennes à Paris, des clients d’un hypermarché casher sont retenus en otage par l’homme qui a tué deux jours plus tôt une fonctionnaire de police. Yoav Hattab, Philippe Braham, Yonan Cohen et François-Michel Saada seront ensuite assassinés.
Contre les fanatiques et tous les intégrismes, la démocratie est un rempart à préserver. Charlie Hebdo, le Journal des survivants paraîtra mercredi 14 janvier. Achetez le. Abonnez-vous pour qu’il perdure !