Ce mardi 12 mars 2013 à 10 heures du matin, les 115 cardinaux chargés d’élire le nouveau pape entreront en conclave. Pour combien de temps ? Un jour comme pour Benoit XVI ? deux, trois jours ou plus ? Le déroulement de cette assemblée nous le dira. Le verdict du conclave révèlera aussi la figure du nouveau chef de l’Eglise catholique romaine, son parcours, ses inflexions…Mais qu’en pensent les fidèles ? Réaction de deux laïcs engagé dans leurs paroisses, Patrick Dancer et Hélène Ogier. L’un est originaire de Haute-Loire et termine sa licence de théologie à l’université catholique de Lyon, et l’autre est une habitante d’Ampuis (Rhône), engagée dans le service de la liturgie.
Le processus électoral pour trouver un successeur à Benoit XVI débute 12 jours après sa démission. Bien sûr, il y a eu des réunions préparatoires appelées congrégations, permettant à des prélats qui se fréquentent peu de faire mieux connaissance et de cerner les attentes des différentes Eglises locales. Car si toutes baignent dans une société mondialisée, elles ont des approches différentes vis à vis des questions qui traversent la planète : questions économiques et sociales, mais aussi culturelles et de mœurs. sans oublier les difficultés des rapports entre états et religions, ainsi que les relations inter-religieuses, et notamment entre les christianisme et les islams, tant il est vrai que les communautés chrétiennes et musulmanes sont composées de sensibilités diverses. L’intégrisme ou le souci d’ouverture n’étant l’apanage d’aucune croyance en particulier.
Mais l’essentiel est ce qui va se passer ce matin dès la messe d’ouverture du conclave et jusqu’au jaillissement de la fumée blanche. Car de la teneur des échanges entre les dignitaires catholique dépendra son avenir, vers laquelle beaucoup de regards sont tournés, qu’ils émanent de croyants, de pratiquants d’une religion, ou tout simplement de femmes et d’hommes attentifs à l’évolution de cette institution. Les débats, affrontements, manifestations autour du projet de loi sur le mariage pour tous sont, en France, là pour nous le rappeler.
Pasteur, théologien, manageur, homme de com…
Le nouveau pape aura-t-il un profil plutôt pastoral, propre à dynamiser des paroisses occidentales en proie au vieillissement des fidèles ? Ou sera-t-il plutôt centré sur la théologie ou l’administration d’une Eglise qui réunit plus d’un milliard de fidèles ? Sera-t-il homme de communication ou de dossiers ? De fait, quelles que soient son parcours précédent et ses tropismes, le nouveau pape devra être tout cela à la fois, à l’instar de ce que furent Jean XXIII et Paul VI. Mais, comme il ne saurait omniscient, il devra mettre en œuvre une collégialité réelle avec les 2 000 évêques de la planète et avec l’ensemble du « peuple croyant », appliquant avec plus de vigueur le principe de subsidiarité que met en avant, par ailleurs, la doctrine sociale de l’Eglise catholique, sans avoir su se l’appliquer à elle-même. On saura aussi si le nouvel élu poursuivra sur la voie de son prédécesseur a quitté la scène publique sur un geste prophétique de désacralisation.
Une chose est sûre : les attentes des fidèles sont multiples et diverses, à l’image de celles des évêques et cardinaux, prêtres, religieux et religieuse de base. C’est assurément dans le respect de ce pluralisme des femmes et des hommes et de leurs espoirs que devra s’engager le 266e pape, tout en maintenant la cohérence d’une foi catholique qui devra sortir d’un climat de défiance vis à vis du monde.
Une boussole d’actualité : le concile Vatican II
Pour cela, lz nouveau primat romain aura à son usage les textes du concile Vatican II, dont les implications concrètes ont été souvent mises en sourdine voire tout simplement gommées, quelles que soient les célébrations dont cette assemblée et ses orientations aient pu être l’objet.
Un retour à ces textes et à l’esprit qui les a inspirés pourra être un moyen de cimenter une communauté universelle aux prises avec des enjeux multiples, mais qui ont tous une ligne force : être à l’écoute des joies et des peines des hommes et des femmes de notre temps.
Les attentes des fidèles
C’est le fond des propos que nous a livrés Patrick Dancer. Ce haut-Ligérien, laïc engagé dans son Eglise, termine sa licence de théologie à l’Université catholique de Lyon. Moins de rituels et de formalisme, et plus de présence concrète aux questions de la société caractérisent ses attentes. Ecoutez-le.
Les femmes représentent près de 80 % des laïcs engagés dans un des nombreux services d’Eglise, sans d’ailleurs qu’aucun ministère spécifique ne leur soit reconnue. même si certains cardinaux se sont laissés à confier que l’Eglise catholique pourrait revenir à la tradition des diaconesses, comme cela le fut au Ier siècle de notre ère.
Hélène Ogier est native d’Ampuis, un petit village de 2 000 habitants dans le département du Rhône. D’une famille très catholique, nièce de l’ancien archevêque d’Auch, Mgr Gabriel Vanel, cette paroissienne est engagée dans le service de la liturgie et des chants de la messe dominicale. Elle confie ses attentes en regard du futur pape.
Propos recueillis par Jean-François Cullafroz