Reportage dans la cité des papes par François Dalla-Riva, journaliste honoraire carte de presse 49272
Le Tour de valse représenté à l’Espace Alya d’Avignon était un des 1300 spectacles du festival off 2015 (© Pierre Nouvelle).
Musicien, enseignant à l’Ecole supérieure de musique de Villeurbanne et à Dijon, il a adapté avec son compère Tony Canton, une bande dessinée Le Tour de valse qui raconte l’histoire de Vitor et de Kalia. Au sortir de la guerre où il a combattu dans l’Armée rouge, ce citoyen russe est arrêté, condamné à dix ans de goulag en Sibérie pour idées différentes du régime stalinien. Laissant ses deux enfants, avec qui elle ne va pas cesser de converser par lettre, son épouse Katia part à sa recherche. Elle découvre l’horreur des camps qui ont perduré bien après la mort du « Petit père des peuples ». Plongée dans un spectacle qui mérite de tourner pour être vu par le plus grand nombre.
Dans la foule des spectacles proposés, l’Espace Alya offrait un bel échantillonnage (© Pierre Nouvelle).
Aux environs de la rue Guillaume Puy, où l’Espace Alya a situé son siège, les propositions de spectacles sont légion. Pour la 50e édition du festival off, plus de 1 300 spectacles étaient en lice. Autant dire que si on n’a pas un carnet d’adresses à jour pour connaître les impressions ‘ami-e-s arrivé-e-s avant vous, les choix s’avèrent difficiles. Alors, on va au feeling ou après une consultation minutieuse du vaste catalogue gratuit et copieux (près de 400 pages), édité par l’équipe du festival off.
J’ai choisi pour ma part deux artistes lyonnais, musiciens de profession, auteurs d’un spectacle produit par un ami qui m’avait suggéré de tester l’alliage subtil de la bande dessinée et de la création musicale. Le tout sur un fond d’actualité malheureusement persistante : la difficulté à faire vivre la liberté de conscience en Russie, hier au temps de Joseph Staline, et aujourd’hui encore !
Quand la BD fait vibrer les sons…
L’Espace Alya dispose en Avignon de salles agréables et confortables. Aussi, quand à 10 heures, on s’installe dans un fauteuil moelleux, on peut se laisser porter pendant un peu plus d’une heure par le récit du Tour de valse. Le noir s’est fait, les accents d’une musique jouée « live » s’élèvent et une image apparaît sur le fond de scène qui va servir de grand écran tout au long du spectacle Sur un fond de violon, auquel va succéder des percussions, la bande son dévide une lettre. Missive d’une mère à ses enfants depuis le fond de la lointaine Sibérie…
C’est la fin de l’été. Un train, orné de l’étoile rouge sur la proue, file sans s’arrêter sur une voie qui semble infinie. Une femme tombe fourbue, puis rejoint une vieille femme dans une isba à l’orée d’une forêt. La forêt, les travaux durs des bûcherons, la violence des gardiens envers les zeks, ces prisonniers politiques, arrêtés au fil des purges successives du régime stalinien, qui ne supporte pas la moindre contradiction.
… pour faire approcher l’enfer du goulag stalinien
Comme la locomotive qui avale les kilomètres dans l’immense désert froid, le système soviétique stalinien broie les humains pour annihiler toute expression de dignité. Et celui qui relève la tête sera lui aussi broyé… Et pourtant, dans les jours d’enfer du goulag, il peut surgir quelques instants d’amour que peut procurer le tour de valse à ceux et celles qui peuvent en saisir l’occasion.
Pour monter ce spectacle très original, Tony Canton, Jean-Pierre Caparossi sont partis d’une BD de Ruben Pellejero (dessin) et Denis Lapière (scénario). Dans le Tour de Valse, tous les sens sont mis à contribution par une douzaine d’instruments avec lesquels les interprètes (Tony Canton, Jean-Pierre Caparossi et Christophe Waldner) jonglent à merveille. Aussi, l’œil et l’ouie font-ils vibrer tout le corps. Une vibration profonde à l’unisson du chant d’amour qui trace le fil rouge de cette évocation d’une histoire aussi authentique que dramatique.
Une fois le spectacle terminé et la pression du stress retombée, Jean-Pierre Caparossi explique ses choix artistiques.
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Une production appelée à être vue et revue…
Cette pièce, a été créée avec le soutien des villes de La Talaudière, Chartres et Apt, ainsi que par les Concerts de l’Auditorium à Villefranche-sur-Saône. Coproduite par Athos Productions, elle était jouée au festival off d’Avignon jusqu’au 26 juillet 2015, mais elle est appelée à tourner en Fran,ce et à l’étranger au gré des sollicitations des directeurs de salles et aussi à l’incitation du public qui l’a appréciée en Avignon. Et elle ne perdra pas de son actualité, tant la liberté de penser est mise à mal dans les cinq continents de la planète.
Robert Caro a créé et dirige Athos productions. Au nombre des cordes de son arc : la Biennale du Fort de Bron, à laquelle la municipalité a mis fin, malgré sa réussite et son audience croissante. Parmi de nombreux groupes de théâtres, de musique et de chant, Athos productions a co-produit Le Tour de valse, un spectacle qui a été représenté pendant une vingtaine de jours dans le cadre du 50e festival off.
Robert Caro expose les joies et les difficultés du métier de producteur dans le cadre d’un festival comme Avignon où près de 3 400 spectacles étaient présentés dans le programme off 2015. Il parle aussi du Tour de valse.
Pour retrouver l’histoire poignante de Kalia et Vitor Kolonieitsev, vous pouvez d’ores et déjà vous procurer la BD Le Tour de valse (Editions Dupuis, collection Aire libre, à partir de 12 ans). Et aussi vous renseigner sur les lieux de productions, et pourquoi pas suggérer son invitation en MJC, Foyer rural, salle de spectacles, collèges et lycées…
Renseignements : www.tourdevalse.com ; contacts : contact@letourdevalse.com et 07 83 97 40 80.
Pour sa 50e édition le « off » a accueilli plus de 1 300 spectacles dé théâtre, poésie, musique, chant, danse. un véritable festival d’arts populaires (© Pierre Nouvelle).