Par Jean-François Cullafroz, journaliste professionnel honoraire, carte de presse 49272, correspondant du Courrier (quotidien à Genève).
Le 26 août 1942, un drame se déroulait dans les communes bordant le lac d’Aiguebelette (Savoie). Une trentaine de familles juives était raflée sur ordre du régime de Vichy. Grâce à l’association Mémoire Août 1942, cet acte ignoble ne restera plus oublié. Quatre-vingts après, les survivants et les familles juives concernées ont témoigné lors d’une cérémonie très émouvante au cœur du village d’Aiguebelette-le-Lac. Récit d’un temps mémoriel important.
Alors que l’orage s’était enfin éloigné, est venu le temps des témoignages des survivants de la rafle du 26 août 1942 à Aiguebelette et ses communes voisines.
Avec une grande acuité mémorielle, Simha Arom a ouvert le ban des témoignages. Celui qui est devenu un universitaire et musicologue reconnu a encore en mémoire le moment, où lors d’un arrêt du car qui les emmenait dans le camp de Vénissieux (Rhône), son père l’a poussé dehors, lui sauvant ainsi la vie.
Betty Eppel est venue de Jérusalem où elle vit maintenant. Pour elle, cette commémoration était importante. Polonaise réfugiée, cachée par une famille savoyarde, elle a échappé à la rafle du 26 août 1942 et à la déportation à Auschwitz à laquelle ont été condamnées sa maman et son petit frère lors d’une précédente rafle à Valenciennes.
Sa gratitude pour l’association Mémoire Août 1942 et Frédéric Pélisson, son président est immense. Avec humour, elle témoigne et rend hommage à Victor et Joséphine Guicherd qui l’ont cachée avec son autre frère dans une ferme à Dullin, près d’Aiguebelette.
Albert Szyfman était hébergé avec sa famille à l’hôtel Beauséjour. Il exprime sa reconnaissance pour les habitants d’Aiguebelette-le-Lac et notamment de la famille de Louise Patat qui ont assuré sa protection et celle de ses proches.
Il est venu saluer avec chaleur les amis et celles et ceux qui furent des Justes parmi les nations.
Fille de Juifs persécutés, elle se rappelle de la fuite de sa famille en France, réputée terre d’asile et de liberté et de son assignation à résidence à Aiguebelette-le-Lac. Elle rappelle la mémoire de son papa, rescapé d’Auschwitz.
Aux cotés de son frère Jacky Grauman, Gabrielle Halperin-Grauman souligne que grâce à l’association Mémoire Août 1942, elle a pu retrouver la mémoire d’événements dont ses parents ne voulaient pas parler. Pour elle, il est indispensable de ne pas oublier.
Les petites filles de Paulette, Anne Krauss et Ana Rothman, sont venues de Boston pour représenter Paulette, leur maman qui a salué les participants dans une vidéo diffusée lors de ce temps d’hommage. Pour elles aussi, leur gratitude est immense
Jean-Pierre Foucault, fils d’une juive polonaise rescapée de la Shoah et d’un père Juste des Nations. a livré aussi un témoignage émouvant. Même s’il est né deux années après la fin de la guerre 1939-1945, l’animateur de radio-télévision reste profondément marqué par ce moment de notre histoire collective mondiale et de son histoire personnelle.
C’est sa tante Paulette qui a été hébergée à la Maison des Tilleuls où elle était assignée à résidence. De son côté, le papa de Jean-Pierre Foucault sauva deux enfants et a été reconnu Juste parmi les nations.
Pour ce temps d’hommage, l’association Mémoire du 26 août 1942 a tenu à diffuser le témoignage de Robert Badinter, lui aussi rescapé de la Barbarie nazie et de la complicité du régime de Vichy.
D’abord réfugié en Haute-Savoie, c’est à Cognin, près de Chambéry (Savoie) qu’il fut caché avec sa maman et son frère… Un témoignage à découvrir…
(à suivre)
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