Par Jean-François Cullafroz, journaliste professionnel honoraire, carte de presse 49272, correspondant du Courrier (quotidien à Genève).
Le 18 octobre 2021, notre consœur Anne Jouan, journaliste de le magazine Marianne publiait le témoignage de Luc Gemet, qui, affirmait avoir été abusé à l’âge de huit ans par le père Louis Ribes. Six mois plus tard, début mai 2022, Anne Moulin, elle-aussi accusait ce prêtre. Accompagnés par deux de leurs enfants, ils ont décidé de revenir sur crimes, afin d’obtenir réparation de la part de l’Église catholique. Témoignages recueillis de deux de la cinquantaine de victimes recensées à l’heure présente.
Après l’action menée par des enfants abusés par des prêtres et les initiatives de l’association La Parole libérée, et les travaux de la Commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Église (Ciase), dite Commission Sauvé, des témoignages surgissent de semaine en semaine. A Lyon, avec l’appui de la fédération de la Libre pensée du Rhône, deux victimes du père Louis Ribes, prêtre du diocèse de Lyon, ont décidé de revenir les crimes sexuels dont ils déclarent avoir été victimes pendant plusieurs années.
De Pomeys à Toussieu…
Annick Moulin, est, avec Luc Gemet, l’initiatrice d’un collectif qui a recensé une cinquantaine de victimes du père Louis Ribes, un prêtre originaire du département de la Loire, qui a exercé son ministère entre les diocèses de Lyon et Grenoble.
A la veille d’une rencontre avec les journalistes au Club de la presse de Lyon, vendredi 6 mai 2022, Annick Moulin a accepté de témoigner à nouveau sur les crimes qu’elle a subis par cet ecclésiastique, ami de sa famille, qui l’a contrainte de poser nue pendant quatre années dès l’âge de huit ans.
… en passant par le séminaire de Vienne (Isère)
Luc Gemet a encore dans les narines l’odeur sentie lors des agissements du prêtre à son encontre. Une sensation qui lui est revenue quand il a été reçu par Mgr Guy-de-Kérimel, alors évêque de Grenoble. Il était venu lui dénoncer des actes qui se sont déroulés dans sa propre famille, mais aussi dans les locaux d’église, lorsque le Père Louis Ribes, peintre réputé, réalisait ses œuvres picturales ou vitraux.
Comme Annick Moulin, Luc Gemet a parlé à Mgr Emmanuel Gobilliard, évêque auxiliaire de Lyon, et il est toujours en attente de sa réponse et d’une action sérieuse des diocèses de Lyon, Saint-Étienne et Grenoble.
Très posément; il exprime sa volonté de faire reconnaitre les crimes commis, obtenir une réparation morale et financière, et contribuer à ce que de tels actes ne se reproduisent plus.
La Commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Église (Ciase) présidée par Jean-Marc Sauvé, ex-conseiller d’État a estimé à plus de 300 000, le nombre des victimes de personnels de l’Église catholique, prêtres, religieux et religieuses.
Des crimes systémiques dénoncés au théâtre
Les crimes commis étaient systémiques, a assuré dans son rapport la Ciase, instance voulue par la Conférence des évêques de France. Une commission que le pape François n’a toujours pas reçue.
Après le film Grâce à Dieu du réalisateur François Ozon, le théâtre va s’emparer de l’affaire Ribes. En effet, le metteur en scène Gilles Champion, qui excelle avec la compagnie La Lettre G, prépare la pièce Et les ténèbres ne l’ont point saisi.
Gilles Champion est aussi militant de la La libre pensée. Il réagit sur l’affaire Ribes et détaille le travail théâtral qui la présentera.
Les traumatismes profonds vécus par les victimes n’ont pas disparu, malgré les soins reçus, thérapies suivies, et parole qui s’est un tant soit peu libérée. Ces crimes ont aussi touché leurs familles, conjoints et enfants. Nous y reviendrons.
(à suivre)
Notre prochain article :
Affaire Père Louis Ribes (2) : Les enfants des victimes prennent la parole