Par Guy Ginon, journaliste honoraire
La classe politique s’insurge : Jérôme Cahuzac a menti à la représentation nationale. La belle affaire ! Est-il vraiment le premier à ne pas dire la vérité aux Français ? Notre confrère réagit aux aveux de l’ex-ministre du Budget publiés le 2 avril 2013 à 15h52. Il exprime son désaccord avec la pratiquen journalistique de notre confrère Edwy Plenel.
Ce qu’il y a de bien chez les politiciens, c’est que même dans les drames ils réussissent à nous faire sourire. Jérôme Cahuzac a berné tout le monde et nos hommes politiques apprécient modérément. En soi, c’est effectivement indigne et l’homme doit être blâmé. Les politiciens de droite, de gauche et du milieu se déclarent outrés et tous, à des degrés divers, pensent que la République a été salie.
Des réactions qui sous-entendent qu’eux, naturellement, n’ont jamais proféré le moindre mensonge. Et là, chaque Français peut légitimement s’interroger : n’est-on pas en train de se moquer de nous ?
Mentir est la raison d’être d’un politicien et plus encore celle d’un dirigeant. Les intenables promesses électorales n’en sont-elles pas le meilleur exemple ? Quant aux vœux pieux exprimés devant les députés lors des interventions de politique générale, mieux vaut ne pas trop détailler car là encore une menterie succède à la précédente.
La classe politique discréditée…
Pour les politiciens, cette affaire discrédite toute la classe politique auprès des Français. A mon sens, cela fait belle lurette que nos compatriotes ne se font plus d’illusions sur la probité de nos hommes politiques, même si certains, à juste titre d’ailleurs reconnaissent une honnêteté sans faille à des dirigeants comme Simone Weill ou François Bayrou. Pour l’homme de la rue, tous les politiques traîne au moins une casserole et certains trimballent carrément la quincaillerie.
Autre interrogation légitime des Français : le rôle de Médiapart dans la vie politique. « Indispensable en démocratie » diront les uns. « Ce n’est pas du journalisme d’investigation, c’est du journalisme poubelle », diront les autres. Il y a un peu de vrai des deux côtés. Edwy Plenel s’est visiblement donné une mission : faire tomber le maximum d’hommes politiques, sans distinction de bord sans doute par souci de crédibilité. Car l’homme est un grand donneur de leçons. Pour lui, la France ne compte pratiquement qu’un seul journaliste, lui-même, les autres n’étant à ses yeux que des écrivaillons à la petite semaine.
Si la volonté de faire du journalisme d’investigation est louable, celle de détruire tous les politiciens l’est moins. Sans défendre Jérôme Cahuzac, il faut constater que Médiapart prive la France d’un excellent ministre et ils ne sont pas si nombreux que cela dans l’actuel gouvernement. A jouer ainsi les Zorro, Edwy Plenel aura un jour ou l’autre un pépin. Quelle sera sa réaction si un politicien se suicide après la révélation d’une babiole par Médiapart ?
Monsieur Plenel, ne vous en déplaise, votre journalisme n’est pas le mien. A votre propension à détruire les hommes, je préfère participer à la construction d’un monde meilleur.