Reportage de Jean-François Cullafroz, journaliste professionnel honoraire, carte de presse 49272, correspondant du quotidien Le Courrier (Genève)
Le théâtre Al Andalus, situé au cœur de la vieille ville d’Avignon, accueille cette année pas moins de sept pièces de la littérature russe avec la part majeure accordée à Anton Tchekhov. Pour honorer ce grand poète et dramaturge un duo de comédiens, mène la danse dans dans Les Méfaits du tabac, mis en sc_ne par Nika Kosenkova. L’un est Français (Cyril Griot), l’autre Russe (Elena Shkurpelo) Ils illustrent une très ancienne coopération artistique menée sous le couvert de la compagnie grenobloise Le Bateau de papier, créée et animée par Cyril Griot. Une forme théâtrale où la musique n’est pas absente, voire joue un rôle de choix, comme dans le conte musical Rutabaga, interprété par Myriam Courbet. Récit et entretiens.
Les enfants ont parfois le sommeil court, et les parents doivent faire des prouesses pour leur proposer de bon matin d’enter au théâtre.
Heureusement, avec Rutabaga, pas de prise de tête. Adapté de la littérature russe, ce conte musical est joué avec talent par la musicienne dauphinoise Myriam Courbet, qui passe des flûtes au mélodica, de la balalaïka au tambourin et carillon.
Myriam Courbet est flutiste. Cette musicienne, qui dirige aussi l’harmonie L’Echo des balmes a accepté de passer sur sc_ne au lieu de rester dans la fosse d’orchestre. Spécialiste de musique ancienne, elle s’est glissée dans la peau d’une comédienne de théâtre contemporain.
Avec Rutabaga, on est complètement emporté par l’histoire simple d’un gros radis qu’un grand père ne peut tirer de terre. Toute la maisonnée doit s’en mêler, y compris les animaux. Ce conte, dont toute la philosophie réside dans le rôle déterminant joué par le plus petit de tous les partenaires (une souris), a radicalement passionné le public. Et ce ne sont pas les adultes qui étaient les moins attentifs.
La flutiste, qui évolue sur les instruments les plus variés, met à l’œuvre ses aptitudes de comédienne.Le jeu d’acteur, un bon moyen pour permettre à des musiciens de s’échapper de leur partition pour faire vibrer leur corps ? C’est ce que constate Myriam Courbet.
Un duo franco-russe pour honorer Tchekhov
Elena Schkupelo et Cyril Griot se connaissent depuis longtemps. A raison de trois ou quatre voyages par an en Russie, le comédien et metteur en scène grenoblois et la comédienne moscovite ont eu l’occasion de frayer ensemble, au fil de stages et de représentations. Les Méfaits du tabac tranche avec les pièces les plus connues de Tchekhov. ici, en un acte et en heure, la metteuse en scène Nina Kosenkova livre une tranche de vie d’un couple en perdition.
Le propos est habile. Tantôt en français, tantôt en langue russe, tantôt mêlant les idiomes, on voit un professeur de matières les plus diverses cheminer; avec plus ou moins de bonheur avec une épouse, d’abord merveilleuse, puis présentée comme la plus avare des directrices d’école de musique;
La musique justement est un vecteur utile, clarinette portée par Cyril Griot, pour détendre la relation lorsque le dialogue de couple est tari. Extrait.
Un trop long mariage
Pour Elena Shkupelo, cette présence en France n’est pas une nouveauté, mas participer à une production ici au royaume mondial du théâtre, fusse par le canal du festival off, est une expérience sans pareil.
Dans son rôle, Elena, qui maîtrise fort bien notre langue; joue à souhait l’épouse enjouée servant le thé aux spectateurs comme dans son salon, puis la femme blasée, épuisée par un trop long mariage.
Le duo de ces deux comédiens est calé de telle façon que la barrière linguistique linguistique n’est jamais un obstacle, et ne nuit en aucune façon au déroulé de l’intrigue qui tient e bout en bout ses rebondissements de la comédie.
Cette comédienne russe parle de sa présence en France et à Avignon.
Entre le clown qui jongle et le metteur en scène toujours heureux de jouer la comédie,voire de tirer quelques mélodies d’une clarinette, il y a un quart de siècle de travail passionné, mais aussi de partage de cette aventure toujours renouvelée qu’est le spectacle vivant.
Cyril Griot est bien vivant sur scène comme à la ville, et sa présence en Avignon au théâtre Al Andalus témoigne de ses talents, au nombre desquels la détermination n’est pas la moins pertinente.
Tenir l’affiche trois semaines avec deux spectacles proposés par sa compagnie (Le bateau de papier) est un beau challenge qui mériterait d’être encouragé par une présence plus soutenue des spectateurs. Cyril Griot fait partager ce qui le motive.
Rutabaga, 10h et 10h30 ; Les méfaits du tabac, 18h15, théâtre Al Andalus, 25 rue d’Amphoux, Avignon.