La guerre engagée par la France au Mali n’arrange rien. Si, un an après les tueries de Montauban et de Toulouse, l’antisémitisme a connu une recrudescence, il est aussi réel que les attaques contre les musulmans vont aussi bon train. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que dans les deux cas, comme dans d’autres approches des questions religieuses, nos collègues de la presse, surtout audiovisuelle, font rarement preuve de discernement et de finesse. A la veille d’un colloque lyonnais sur l’Islam, nous avons demandé à un universitaire franco-libanais de l’université catholique de Lyon, de préciser ce que recouvrent des mots qui ont trait à la religion musulmane.
Islam, islamisme, djihad, salafisme… voilà des termes qui reviennent constamment sur les ondes et sur les écrans, au point d’en imprégner les conversations familiales. Il suffit d’évoquer l’intervention des troupes françaises au Mali, la mort d’un de nos soldats, l’arrestation d’un compatriote engagé au sein d’un groupe terroriste, les affrontements quotidiens en Syrie et la composition des forces résistantes, ou un nouvel attentat à Kaboul ou Bagdad pour que la soupape libère un flot de mots où l’on a peu de chances de s’y retrouver.
Diversité ou nébuleuse ?
D’ailleurs, qu’y a-t-il de commun entre des pratiquants et ceux qui sont observants principalement le temps d’un mois de Ramadan, entre des adeptes d’une rigueur religieuse qui prenne le pas dans le fonctionnement des états et ceux qui sont respectueux d’une stricte séparation laïque ? Comme dans toutes les religions, intégristes, fondamentalistes côtoient ceux qui mettent en pratique leur foi avec discernement et dans le respect des autres, et notamment ceux qui ne pensent pas comme eux.
A l’Université catholique existe depuis bientôt une dizaine d’années un Centre d’études des cultures et des religions, le CECR). Ce centre organise vendredi 16 mars une journée d’études sur l’Islam en France et sa représentation. Michel Younès est l’organisateur de cette initiative qui réunira des universitaires laïcs et religieux, musulmans et chrétiens. Franco-Libanais, ce professeur connaît bien le monde musulman, la réalité d’un état pluriconfessionnel et l’état de la géopolitique arabe.
Dans l’entretien qui suit, il a a accepté de préciser différents termes employés à temps et à contre-temps, afin que plus de lumière éclaire la réflexion de chacun.
Propos recueillis par François-Dalla-Riva
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