Reportage de François Dalla-Riva, journaliste professionnel honoraire, carte de presse 49272
Vienne-Condrieu Agglomération, est une entité du bassin du bassin viennois forte de 90 000 habitants de 30 communes répartis sur les deux rives du Rhône (© DR/L’Essor).
Avec la nouvelle année, un nouveau regroupement de communes a vu le jour dans la région Auvergne-Rhône-Alpes et a été installé jeudi 4 janvier 2018. Au sud de Lyon, Vienne-Condrieu agglomération est une entité qui occupe une place originale avec ses 30 communes réparties d’une rive à l’autre du Rhône. Contrepoids aux quatre métropoles, cette agglomération de 90 000 habitants, située sur les départements du Rhône et de l’Isère, pourrait être appelée à s’élargir si les réalités d’un bassin de vie, qui va de Chasse-sur-Rhône à Salaise-sur-Sanne,et de Loire-sur-Rhône à St-Pierre-de-boeuf, sont prises en compte, et lorsque la fusion de deux anciennes communautés de communes aura été digérée.
Jeudi 4 janvier 2018, les trois coups ont sonné pour une nouvelle entité dans la vallée du Rhône : l’agglomération Vienne-Condrieu qui compte 90 000 habitants (© Pierre Nouvelle).
Avant que les cérémonies de vœux ne se succèdent dans les communes, les élus du bassin viennois ont tenu à concrétiser la fusion des deux communautés de communes de l’agglomération viennoise (Viennagglo) et de la région de Condrieu (CCRC).
Les pourparlers et préparatifs étaient en route depuis longtemps et d’ailleurs, les préfets de l’Isère et du Rhône avaient fixé le 17 novembre 2017 la composition de leur nouvel organe directeur.
Cinquante-et-un conseiller.e.s d’agglomération
Désormais, 51 personnes, maires, adjoints ou conseillers municipaux siègeront au sein du bureau de l’assemblée communautaire qui sera aussi de suppléants d’ores et déjà désignes. Nombre d’habitants oblige, dans ce nouvel aréopage, la ville de Vienne se taille la part du lion avec dix-sept titulaires, loin devant Chasse (trois conseillers), Condrieu (deux), les 27 autres communes étant représentées par une seule personne.
Ouverte par le doyen d’âge, André Masse, maire de Ste-Colombe-les-Vienne, l’assemblée se devait d’élire celui ou celle qui allait avoir à l’animer et à la représenter au plus haut niveau. Le suspense n’était pas de mise, puisque la presse locale, et notamment nos confrères Le Dauphiné libéré, du Progrès et de L’Essor, avait annoncé la candidature à la charge de président du maire de Chasse, Claude Bosio, face au maire de Vienne, Thierry Kovacs.
Quelque 51 représentants des 30 communes ont élu les 15 vice-président.e.s et 16 conseiller.e.s délégués de cette nouvelle assemblée (© Pierre Nouvelle).
Au terme d’un passage par l’isoloir de chacun des votant.e.s, le maire de Vienne est sorti vainqueur par 38 voix contre 13. Depuis son nouveau fauteuil de président, celui qui est aujourd’hui conseiller régional et président de la commission des finances de l’assemblée Auvergne-Rhône-Alpes, a insisté sur la personnalité de la nouvelle agglomération, qui entend jouer un rôle de contrepoids face à l’attraction des métropoles voisines, à commencer par la très influente mégalopole lyonnaise.
Une partition qui reprendra l’antienne déjà entonnée par le maire de Vienne au sein du Pôle métropolitain, dont il est un de vice-présidents aux côtés de ses collègues de Lyon, de St-Etienne et de Bourgoin-Jallieu (communauté d’agglomération des portes de l’Isère).
Extrait du discours inaugural de Thierry Kovacs, premier président de la nouvelle agglomération Vienne-Condrieu.
L’élection du président ne s’est pas faite sous la loi du consensus. Mais, si les oppositions n’ont pas été très importantes, les quinze vice-président.e.s n’ont pas été mis.e.s en place avec un accord total, entre sept et douze voix se prononçant contre.
Forger une indispensable cohésion
Au delà du clivage entre des élus de droite et la gauche, ce sont aussi des divergences sur les méthodes, qui ont notamment engendré ces votes contraires. Ainsi, selon nos collègues du Dauphiné libéré et de L’Essor, en a-t-il été pour les élus de Chasse et de Reventin-Vaugris. Deux communes qui ne bénéficient pas d’une responsabilité de conseillers délégués
Aussi, une partie de l’intervention liminaire de cette assemblée constitutive a-t-elle été consacrée à la cohésion entre les 30 communes. Une démarche qui pourra s’appuyer sur la coopération déjà développée par le passé au sein de l’instance Rhône Pluriel. Extrait des propos de Thierry Kovacs.
De l’autre côté du Rhône, en terre vigneronne, on aurait pu s’attendre à une première vice-présidence attribuée au président sortant de la CCRC, le maire d’Ampuis, Gérard Banchet.
C’est en fait la première magistrate de St-Romain-Gier, Valérie Ostojic, édile de la plus petite commune de l’agglomération, qui remplira cette tâche. Elle aura en charge la question des transports, qui préoccupe cette élue d’un village de la vallée du Gier, assez éloigné de la partie dauphinoise de la nouvelle agglomération.
De son côté, Gérard Banchet, élu 4e vice-président, aura pour suppléant son adjoint ampuisais Richard Bonnefoux.
Le maire d’Ampuis, Gérard Banchet, ancien président de la Communauté de communes de la région de Condrieu devient le 4e vice-président de la nouvelle agglomération Vienne-Condrieu (© Pierre Nouvelle).
Un nouvel avenir pour les bus entre rive droite et rive gauche ?
Lors de la cérémonie des vœux à la population dans la salle des fêtes d’Ampuis, le nouveau président de la nouvelle agglomération a rappelé les oppositions qui avaient existé entre lui et le maire d’Ampuis.
A l’automne 2015, Gérard Banchet avait très clairement assuré que la communauté de communes de la région de Condrieu n’irait pas avec Viennagglo. Contredit par ses collègues de la rive droite, ces dernier.e.s lui auraient donc préféré sa collègue de la vallée du Gier.
Des questions d’avenir sont posées à ce territoire doté de solides potentialités économiques et touristiques (© Pierre Nouvelle).
Lors des menaces de suppression de la ligne 231 des Cars du Rhône entre Condrieu et Vienne à la demande du département du Rhône, les cris d’alarme persistants d’usagers, préoccupés par une suppression mise en route depuis l’automne 2015, n’avaient pas trouvé le soutien escompté à la mairie d’Ampuis, à la différence de celui accordé par les élus de Condrieu et par le député d’alors de la circonscription, M. Georges Fenech.
Pour sa part, Thierry Kovacs, déjà maire et président de l’ancienne agglomération viennoise, avait soutenu les demandes d’habitants de la rive droite auprès de la région Auvergne-Rhône-Alpes et du Syndicat des transports en commun lyonnais (Sytral).
Devant une salle des fêtes comble d’Ampuisais, venus pour la cérémonie de la nouvelle année, Thierry Kovacs a cependant célébré la concorde revenue entre Vienne et Ampuis, puis a vanté les atouts du territoire qu’il aura la charge d’animer, avec des potentialités économiques et touristiques de taille au sein d’un couloir de circulation bimillénaire.
La question des déplacements sera une des questions majeures pour la nouvelle agglomération, où plusieurs des grandes voies et carrefours sont congestionnés aux heures de pointe. Ce sont deux femmes qui auront le suivi. de ce dossier?
Virginie Ostojic, maire de St-Romain-en-Gier, suivra particulièrement la question des transports, et sa collègue Laurence Lemaitre, maire des Haies, se focalisera sur les modes doux de déplacements.
Quelle place pour les habitants ?
Les prochaines réunions du conseil communautaire les jeudis 11 et 18 janvier 2018 préciseront la composition des commissions de Vienne-Condrieu Agglomération, et donc des élus communaux qui les accompagneront dans leurs missions.
Les habitants pour leur part découvriront la place qui leur sera faire, à l’occasion de l’élargissement d’instances consultatives, telles que le Conseil de développement durable.
Mais à moyen terme, c’est une autre perspective qui peut être envisagée. Compte tenu de la logique de bassin, et des réalités vécues quotidiennement par les citoyens de ce territoire, son périmètre sera-t-il suffisant ? N’est-il pas incontournable, à l’aune de l’expérience engrangée par l(instance Rhône Pluriel, que la Communauté de communes du Pilat Rhodanien, puis celle du Pays Roussillonnais rejoignent celle de Vienne-Condrieu Agglomération.
Ces différentes entités partagent déjà des lignes de bus, des gares et des dessertes ferroviaires, ainsi qu’un des plus importants fleuves français, et une voie autoroutière parmi les plus empruntées.
Les jeux politiques et de pouvoir permettront-ils d’ouvrir la voie à une harmonisation raisonnable conférant aux services rendus à la population un gain en termes d’efficacité et de qualité ?
Une affaire à suivre donc !