Reportage de François Dalla-Riva journaliste professionnel honoraire, carte de presse 49272
Le film 120 battements par minute a été un choc lors du dernier festival de Cannes 2017. Alors qu’il est sorti sur les écrans depuis quelques semaines, le cinéma Arletty à Autun le projetait en avant-première le 26 août dernier. Une projection suivie par une centaine de personnes qui ont ensuite dialogué avec Didier Roth-Bettoni auteur du récent livre Les années Sida à l’écran. Rencontre avec une militante du mouvement Act up qui a vécu les événements décrits par le film de Robin Campillo, grand prix du 70e Festival de Cannes. Le film sera projeté dans un cadre rénové car les fauteuils des salles et le son auront été remis à neuf l’espace d’une quinzaine de jours d’ici le 12 septembre. Ceci avant l’agrandissement, l’ajout de deux salles supplémentaires venant compléter le dispositif actuel par la suite.
On ne peut rester insensible à la vue des images du film de Robin Campillo. Le long métrage 120 battements par minute est tout à la fois la narration des premières armes du mouvement Act up, et aussi le récit d’un parcours individuel, celui d’un des animateurs de cette organisation et de son compagnon, qui va l’accompagner jusqu’à son dernier souffle.
Emouvant, ethétiquement réussi et efficace quant au message
Film tendre, émouvant, esthétiquement réussi, mais aussi très percutant, comme l’étaient dans la réalité les actions de ce mouvement qui a démarré aux Etats-Unis. Il atteste que si la communauté homosexuelle a été la première touchée, d’autres personnes ont été touchées, soit par l’usage de seringues contaminées, soit même lors de transfusion de sang, comme dans l’affaire du sang contaminé.
La presse a été unanime, non seulement les journaux Libération ou Télérama, mais aussi la presse généraliste grand public telle les quotidiens Le Figaro ou La Croix, qui n’a pas eu peur de donner un coup de projecteur sur ce film, réussi sur le fond comme la forme. Qu’il s’agisse du scénario et du montage des images de fiction au plus de l’actualité et des moments saillants des actions mises en œuvre depuis 1989, comme de la photographie ou de l’illustration musicale..
Si l’actualité Sida était très prégnante dans les années 80-90, avec les moyens de protection, les informations en milieu scolaire, et la campagne qui en a fait la promotion, elle semble désormais être retombée. Certes, les traitements, dont la trithérapie, ont été efficaces, mais cette maladie n’a pas disparu en France. Et encore moins dans d’autres pays où l’achat de médicaments reste un luxe permit à quelques uns.
Continuer à informer et prévenir
A l’issue de la projection du film au cinéma Arletty, un débat a eu lieu avec la salle en compagnie de Didier Roth-Bettoni, auteur du livre Les années Sida à l’écran et de plusieurs ouvrages sur l’homosexualité au cinéma. La nécessité de repartir en campagne pour informer est revenu avec insistance dans le dialogue avec la salle.
Aujourd’hui, en France, comme dans les pays occidentaux, la sensibilité des jeunes générations à la prévention semble n’être plus de mise, alors même que les rapports sexuels sont de plus en plus précoces.
Zita Fressin était parmi les militants d’Act Up à Paris au moment où les interventions étaient les plus vives. Elle parle de la situation d’hier et d’aujourd’hui.
120 battements… dans une salle remise à neuf
Dès lundi 18 septembre, les cinéphiles qui n’ont pu voir 120 battements par minute en avant-première le 27 août pourront voir ce film. Il est souhaité que de très nombreux enseignants et leurs élèves, ainsi que des personnels de santé et le grand public viennent en nombre. L’œuvre est belle et indispensable. ceux qui viendront dans le petit multisalles de la rue Pernette trouveront un cadre nouveau.
En effet, Astrid et Jean-Christophe Pape, les patrons du cinéma depuis quatre ans, ont mis deux semaines à profit pour donner un coup de jeune aux trois salles de l’Arletty, et à leurs 350 fauteuils.
En attendant, durant encore une semaine, on peut voir les meilleurs extraits du film postés sur Internet. On peut aussi se procurer le dernier livre de Didier Roth-Bettoni : Les années Sida à l’écran (collection ErosOnyx). Cet ouvrage d’une centaine de pages est accompagné d’extraits de films, fictions ou documentaires qui traitent de la maladie.