Reportage de François Dalla-Riva, journaliste professionnel honoraire, carte de presse 49272, correspondant en Région du quotidien Le Courrier (Genève)
Dans le Val de Loire naissant, Nevers un regain d’intérêt a trouvé à l’été 2016 et 2017. Le spectacle son et lumière sur Bernadette Soubirous a, en effet, attiré des milliers de personnes venues découvrir ou relire la vie de la petite Lourdaise, arrivée ici en 1860. Cette initiative, dont Jacques Alexandre et Nicolas Joanne ont la paternité de l’idée, doit beaucoup au talent de Marie-Cécile du Manoir, la metteuse en scène, et de 250 bénévoles réunis par Jacques Alexandre. Retour sur les éditions 2016 puis 2017 dont la presse régionale s’est fait l’écho avec chaleur.
Le succès de la première édition nivernaise de l’évocation historique de Bernadette Soubirous, tenait à l’ampleur de la manifestation artistique, inédite en terre nivernaise, à la qualité du spectacle proposé, ainsi qu’au contenu même : un récit de plusieurs décennies de vie du milieu rural en terroir pyrénéen.
En 2017, pour la deuxième fois, le Son et lumière a été redonné, et si la pluie a, notamment, entravé la fréquentation, le jeu théâtral a gagné en densité grâce à Marie-Cécile du Manoir, créatrice et l’animatrice de la Compagnie du rève, qui n’en est pas à son coup d’essai.
Mettre en scène, une aventure très personnelle
L’espérance, chère à l’écrivain Charles Péguy, l’est aussi pour le comédien Michael Lonsdale, qui marque de sa voix chaleureuse et grave, les différents tableaux de l’évocation. un pan d’histoire se déroule : de la misère des campagnes en regard des fastes princiers, du chômage endémique aux débuts d’une industrialisation tout aussi galopante que déshumanisante.Que viennent alors faire dans ce contexte social difficile, les visions d’une jeune enfant illettrée ?
Marie-Cécile du Manoir a ainsi mis en perspective le parcours personnel atypique de la coutumière du Gave, dans un milieu en voie de déchristianisation et face à des autorités, civiles subjuguées des idées positivistes, et religieuses plus proches de la bourgeoisie que des petites gens.
Pour cette artiste, le théâtre est comme une seconde patrie, où elle met en lumière des sujets tris différents, mais souvent inscrits dans le registre religieux. Elle s’explique.
Le témoignage de Bernadette, a été mis en doute, de Lourdes à Nevers, du terreau familial à la communauté religieuse qui l’a accueillie. Pourtant, la simplicité, l’humilité, la fraicheur d’âme en a désarmé plus d’un, à commencer par le magistrat venu enquêter sur ses « hallucinations »
Des bénévoles enthousiastes
Réunir plus de 200 personnes pour préparer les installations, accueillir le public, incarner un rôle, voilà qui n’est pas une mince entreprise. Enfiler plusieurs des 400 costumes, incarner sept ou huit personnages, déambuler sur la vaste prairie de l’Espace Bernadette dans la ville haute de Nevers, là aussi c’est un rude challenge.
Mais au terme de deux heures de spectacle, après le salut final et les remerciements de la metteuse en scène et du président de l’association, les bénévoles semblaient ravis. Exemple avec Patrick, qui incarnait un déporté politique français dans un camp de concentration. Car la fresque historique balaie large, du 17e siècle au moment où le Père Jean-Baptiste Delaveyne fonde la congrégation des Sœurs de la Charité de Nevers, jusqu’au 21e siècle, où les motards chrétiens rendent visite à la grotte des apparitions miraculeuses.
Mêmes impressions livrées par deux amies. En spectatrice, Sylvie est venue voir jouer Ginette, bénévole en 2016 et 2017 et habitante de la Charité-sur-Loire. Entretien.
La force de l’imaginaire et de l’organisation
Jacques Alexandre est venu de Paris, il y a quelques années, faire souche en terre nivernaise. Spécialiste de la communication, il a aussi fait montre d’un fort talent d’organisateur, car fédérer plusieurs centaines de personnes, gérer les tâches les plus diverses, des relations avec les autorités locales à la bonne marche de la cantine des bénévoles, ce n’est pas rien.
Et puis, il y a aussi l’idée même du spectacle. Membre de l’Office de tourisme de la ville, Jacques rêvait d’un spectacle estival qui réveille la belle endormie qu’était Nevers. D’une fresque sur le duc de Nevers et son disciple en matière d’escrime, le mousquetaire Lagardère que l’ancienne mairie, il a su faire accepter par la nouvelle équipe municipale une évocation de Bernadette, qui est devenue en quelque sorte le héraut de la cité.
Il détaille cette aventure dont l’origine se trouve dans l’amitié avec Nicolas Joanne, alors recteur de l’Espace Bernadette.
L’aventure de Bernadette sur la prairie du couvent est donc terminée après deux années de représentations. N’empêche, A l’issue de ce son et lumière, c’est avec au cœur la petite flamme de l’espérance que sont reparties les spectateurs.
Espérance aussi du côté des autorités religieuses et civiles qui entendent bien garder la chasse-reliquaire de la sainte au sein de la congrégation des Sœurs de la charité.