Reportage en Avignon de François Dalla-Riva, journaliste professionnel honoraire, carte de presse 49272
Pierrette Dupoyet, Marie-Joséphine Susini et Mitchélée sont trois comédiennes parmi des milliers d’artistes que réunit le festival d’Avignon. La 71e du nom pour la manifestation officielle créée par Jean Vilar il y a soixante-dix ans, et le 52e Off, réunissent au bas mot 1 500 compagnies de théâtre et de danse. Rencontres avec ces amoureuses de liberté qui seront encore sur les planches jusqu’au 30 juillet.
Elles ne feront pas relâche avant le dernier jour de juillet, et je les ai toutes abordées rue des Teinturiers, au numéro 29, au théâtre de l’Albatros. J’ai fait un saut en Avignon le temps d’une journée, tout d’abord pour revoir Pierrette Dupoyet.
J’ai découvert Pierrette la première fois sur la scène du Théâtre du Béguin. C’était à l’automne 1967.Marcel Sylvestre, un de mes condisciples de l’Ecole normale d’instituteurs de Lyon, avait conduit la promotion d’élèves-maîtres dans cette ancienne salle de cinéma de la paroisse St Louis, dans le quartier de la Guillotière. Il y débutait lui aussi. Avec Gilbert Léautier, Pierrette Dupoyet entrait dans un métier qu’elle n’a plus quitté depuis.
Cinquante ans plus tard, à Avignon, présente pour la 35e fois, elle réalise un authentique tour de force, jonglant entre trois scènes différentes entre 11 heures à 18 heures. Un parcours entre le théâtre Buffon, l’Albatros et la Luna où elle ne ralentit jamais le pas.
En 2017, la comédienne lyonnaise qui a fait souche à Paris depuis 1973, incarne un homme et deux femmes. Dreyfus ouvre le bal comme le faisait il y a deux ans Jaurès. Une histoire de justice et de liberté, liberté et amour au cœur de la vie aventureuse d’Aurore Lucile Dupin dite George Sand.
Entre des amants connus et un compagnon discret
Dès son plus jeune âge, la baronne Dudevant, s’est éprise de la nature, et c’est au gré des saisons qu’elle a déployé sa vie. Successivement enfant, jeune épouse et amante, mère et grand-mère, la comédienne, qui aime « rassembler ce qui est épars », feuillette les étapes d’une vie libre entre Nohant et la capitale où elle tint salon avec Delacroix, Flaubert. Sand, dont Pierrette Dupoyet s’emploie à évoquer la tendresse d’un Alexandre Manceau, un artiste plus discret que Musset et Chopin, et pourtant ce compagnon de quinze ans.
Au terme de son spectacle Sand, prénommée George, Pierrette Dupoyet évoque devant son public, son parcours présent et passé en terre papale. Une aventure qu’elle a ramassée dans l’ouvrage « 30 ans au cœur du festival d’Avignon », qu’elle vient de publier. Une manière « d’apporter sa pierre » à l’édifice de l’art dramatique et de la culture qui n’a pas fini de s’élever.
Sur les traces de Gelsomina
Marie-Joséphine Susini s’est éprise de Gelsomina, un des textes de Pierrette Dupoyet élaboré à partir du film de Federico Fellini. La Strada est sorti dans les salles obscures en 1955, et les personnages qu’a mis en lumière le réalisateur italien n’ont rien perdu de leur vigueur et de leur capacité d’émouvoir.
Il y a vingt ans, celle qui est tombé en théâtre adolescente, a envoyé au festival des élèves adultes d’un atelier de théâtre. L’une d’elles en est revenue avec l’adaptation théâtrale de Pierre Dupoyet. L’idée a mûri, maturé, et en 2017, la Bastiaise est venue tenter sa chance au cœur de ce palais des arts qu’est la ville provençale.
Le théâtre Alizé ouvre ses portes matinales avec Gelsomina. elle aussi éprise de liberté, Marie-Joséphine Susini incarne tour à tour l’enfant misérable muée en clown et bonne à tout-faire, le forain rustaud Zampano, et le funambule auquel la comédienne s’identifie. Je l’ai rencontré devant le théâtre de l’Albatros, elle promenait son caddie ornée d’une affiche de son spectacle. Nous nous sommes attablés.
A la croisée des spiritualités orientales
A la table voisine, Mitchélée était assise. Elle s’est retournée, a salué sa collègue Susini. La comédienne corse et l’amoureuse de la Kabbale et de la Bhagavad Gita ont exploré des points de rencontre.
L’auteure de La Forêt de taliths, disciple du rabbin et professeur de philosophie Marc-Alain Ouaknin, tout à la fois comédienne et chanteuse, a conçu ce spectacle comme un double hommage à Mordechaï Buchman, père du cinéaste roumain Radu Mihaileanu et aux disparus d’Auschwitz-Birkenau.
Je n’ai pu voir la représentation qui a pris place au Théâtre de la Carreterie, mais nul doute que cet hiver à paris, au Théâtre Falguière, ceux qui comme moi l’ont raté, prendront plaisir à le découvrir
Nous reviendrons sur ces trois amoureuses de la liberté dans de prochains articles. En attendant, et jusqu’à la fin de juillet 2017, allez découvrir ces trois comédiennes, et vous les apprécierez dans leurs différents one-woman show :
Pierrette Dupoyet, jusqu’au 30 juillet au Théâtre Buffon (11h30) dans Dreyfus, l’affaire, Sand, prénommée George au théâtre Albatros (14h30), ou la toute nouvelle création Jacqueline Auriol ou le ciel interrompu à la Luna (18h05) ;
Marie-Joséphine Susini dans Gelsomina au théâtre Alizé, jusqu’au 30 juillet à 9h45 ;
et
Mitchélée au théâtre La Carreterie dans La forêt de taliths, jusqu’au 29 juillet à 12h36. On peut aussi retrouver Mitchélée dans le numéro de juillet-août 2017 du magazine Le Monde des religions
Je découvre à l’instant ce reportage.
Merci de l’intérêt porté à ce fabuleux festival qu’est le OFF d’Avignon où le souffle de la Liberté et l’envie de partage triomphent à chaque coin de rue !
Rendez-vous en Juillet 2018… je serai de nouveau là avec 3 spectacles, dont une création sur APOLLINAIRE