Reportage de Jean-François Cullafroz, journaliste professionnel honoraire, carte de presse 49272
François Bayrou n’a pas ménagé les journalistes, les médias, les réseaux sociaux et même la justice, qui seraient tous unis dans le dénigrement et le soupçon… Refrain connu, déjà employé lors de l’affaire Fillon, et qui ne peut qu’interroger de la part de l’ex garde des Sceaux, qui devait présenter la loi sur la moralisation de la vie publique. La CFDT-Journalistes n’a pas manqué de réagir quelques heures après ces attaques.
CFDT-Journalistes réunissait son conseil national ce jeudi 22 juin à Paris dans l’immeuble des fédérations CFDT. A l’ordre du jour figurait notamment la mise en œuvre de la loi Bloche sur la protection des sources des journalistes qui contraignait les éditeurs de presse écrite, audiovisuelle et numérique à négocier une charte déontologique.
L’attaque frontale du président du MoDEM contre les journalistes n’a pu que susciter la réprobation. La CFDT attachée dans son essence même à la démocratie et à la liberté de la presse était particulièrement concernée. Un large tour de table des entreprises de presse, a montré que les militants CFDT rencontrent une obstruction notoire des patrons de presse qui veulent se limiter au règlement intérieur existant.
Dans la foulée, ils ont donc rappeler au gouvernement sa responsabilité en matière d’application de la loi portant sur la protection des sources et la mise en place de chartes déontologiques, alors même que le numéro trois s’en est pris aux professionnels, et qu’un autre de ses membres (Stéphane Travert), ministre de l’agriculture, assistait Patrick Bloche sous l’ancien quinquennat.
Sous l’enseigne » Journalistes : vigies de la démocratie « , CFDT-journalistes rappelle que » les journalistes ne sont pas des délateurs ! «
Et l’organisation syndicale poursuit en soulignant qu’ » en incluant dans la même déclaration, les dénonciations pratiquées par des Français à l’incitation du régime de Vichy, les « sycophantes », les journalistes, les magistrats, les médias et les réseaux sociaux, l’ex-garde des Sceaux, ne peut que s’attirer la réprobation de CFDT Journalistes ».
La CFDT-Journalistes, corédactrice de la charte européenne des Journalistes de Munich (1971), la CFDT ne méconnaît aucun de ses 15 articles, et » sait parfaitement que le libre exercice de la profession et la protection des sources sont au service de la quête incessante de la vérité. Autant de principes qui doivent contribuer à la qualité de l’ information « .
Des risques préoccupants de mise au pas de la presse
Préoccupée par des risques de mise au pas des médias et des professionnels, l’organisation syndicale demande aux rédactions d’exercer à tous les niveaux, et au sein de toutes les formes de presse, leur devoir d’investigation. Mener des enquêtes, rechercher des informations, mettre en perspective les éléments recueillis, protéger les lanceurs d’alerte qui sont souvent des sources d’information, reste un impératif, dit la CFDT-Journalistes.
Et elle insiste sur le fait que » l’honneur de la profession reste plus que jade ne pas confondre information et communication de respecter, en effet, les personnes et les droits afférents, dont la présomption d’innocence, de garder la même exigence de vérité dans l’exercice de leur métier « .
Un dénigrement auquel ont participé des responsables politiques
Après une très longue période électorale où les professionnels de l’information ont vécu un dénigrement croissant, CFDT-Journalistes s’élève « contre la propension croissante des politiques à attaquer les journalistes, de manière de plus en plus décomplexée. La CFDT demande aux pouvoirs publics de préserver le fragile équilibre entre liberté des journalistes et de la presse, et droits des citoyens. On peut s’étonner que l’ancien garde des Sceaux place sur le même plan réseaux sociaux et professionnels de la justice et des médias.
Particulièrement active lors de l’élaboration de la loi Taubira, puis de la loi Bloche, la CFDT conclut en demandant » l’extension de la protection des sources des journalistes, comme l’avait prévu le projet de loi Taubira, au moment-même où les dispositions de l’état d’urgence s’apprêtent à connaître une nouvelle législation « .