Reportage de Jean-François Cullafroz, journaliste professionnel honoraire, carte de presse 49 272
En terre viticole, la St Vincent est un jour de fête par excellence. La Bourgogne le sait bien avec la St Vincent tournante. Dans la vallée du Rhône, le terroir de côte rôtie a la chance de pouvoir allier fête du saint patron des viticulteurs et marché aux vins. Mais alors que la manifestation commerciale dure depuis deux jours, le dimanche venu, c’est la dimension religieuse qui occupe le devant de la scène. Et en la matière, à Ampuis, capitale septentrional du cépage syrah, le chant choral et les trompes de chasse viennent soutenir la foi des fidèles. Plongée dans l’office catholique du 22 janvier 2017.
On parle de la foi du charbonnier, mais on pourrait aussi bien évoquer la croyance des vignerons, patrons, ouvriers agricoles et employés de cave et négociants. Car ils le savent tous, la météo est souvent capricieuse : printemps trop précoce et gel qui vient endommager la floraison, alternance d’humidité et de soleil qui favorisera les maladies : oïdium, mildiou et autre botrytis… Et puis, il faut aussi compter sur les orages estivaux dont les grêlons savent tailler net les ceps et leur charge de grappes noires de dame ampélopsis. Et avoir des trésors d’espérance est bien le moins qu’on puisse souhaiter !
Croire pour espérer…
Sans doute faut-il y croire, comme on dit dans cette terre à proximité de la métropole lyonnaise et du Dauphiné ! Et il faut croire. Alors, le courageux saint Vincent, martyr au 4e siècle, et des prières ferventes peuvent aider, ils ne demandent pas mieux. Certes, en ce 22 janvier 2017, il y avait bien moins de monde sur les travées de l’église saint Baudille à Ampuis, et les têtes chenues l’emportaient sur celles des générations plus jeunes qui avaient préféré le Marché aux vins et les stands d’une quarantaine de vignerons à moins de cent mètres de là.
N’empêche,sous la houlette de Sylviane Cognet, les voix étaient assurées et la chorale paroissiale a ainsi pu entrainer l’assemblée dans son sillage. Du chant d’entrée Dieu nous a appelés, au cantique d’envoi Par la musique et par nos voix, l’enthousiasme était de rigueur. Extrait de ce florilège.
Le son des trompes pour accompagner une confrérie
Au côté du chœur, il y avait en contrepoint les effluves de notes des cors de chasse de l »ensemble Les trompes des Révolets. A différents moments charnière de la messe, les sons des trompes sont venu embellir la liturgie catholique. Echos sonores.
Les fêtes de terroir voient aussi se déployer les confrères. pour la saint Vincent à Ampuis, c’est la confrérie de Probus qui a le beau rôle. Un ensemble de douze personnes quasi exclusivement composé de femmes. Probus était un empereur romain d’origine celte qui a gouverné l’empire au 3e siècle de notre ère, de 276 à 282.
A la différence de ses prédécesseurs, il a rétabli l’exportation en Italie des vins produits en Gaule, et notamment dans la vallée. François Gérard, viticulteur entre terroir de côte rôtie et de condrieu, est le leader de la centurie de Probus. Il rappelle la personnalité de cet empereur et les objectifs de cette confrérie vigneronne qui compte parmi ses membres de nombreux pratiquants catholiques.
Quelle fraternité en actes ?
Qui dit confrérie suppose fraternité et conversion personnelle pour la mettre en œuvre. c’est ce qu’a rappelé le Père Eugénio Elias, curé de la paroisse Bienheureux Frédéric Ozanam. Un élan qui doit dépasser les temps de réjouissances pour irriguer les moments plus difficiles.
C’est l’objet de nombreuses associations dont la Saint Vincent à Ampuis qui a pour objet de venir en aide aux familles de viticulteurs.