Editorial de François Dalla-Riva, carte de presse honoraire 49272
La Vache est un véritable cri d’amour avec la France, empli de légèreté, d’humour. La salle éclate de rire. Et le nombre d’entrées en ce premier jour de l’année semble à la hauteur des espérances. Courrez vite le voir !
Fatsah Bouyamed n’est pas un novice à l’écran : pas moins de onze films en cinq ans, depuis De l’huile sur le feu jusqu’à Slim The man sorti en 2015 comme La Vache dont il a écrit le scénario. Fatsah Bouyahmed est un humoriste, né à Montreuil. Il a grandi à Aubervilliers où il s’est initié à la comédie avec la compagnie Etincelles, et Molière ne lui est pas inconnu. Il a joué dans toute la France une douzaine de pièces différentes, avec plusieurs compagnies de théâtre, avant de rejoindre le Jamel Comedy Club. On comprend pourquoi il s’est retrouvé dans plusieurs films au côté de Jamel Debbouze, vingt-deux films à son actif.
Fatah crève l’écran de la télé avec son histoire de paysan algérien, comme sa vache, une belle tarine, comme on en voit entre Aravis et Tarentaise. Tous deux vont faire un tabac au salon de l’agriculture pour le traditionnel concours de bovins, après un parcours pédestre de 2 000 kilomètres. Ce cheminement montre aussi les liens qui subsistent entre l’Algérie et la France, les jeunes français nés en France de parents algériens qui allient les liens avec le bled qu’ils n’ont jamais connu et le rendez-vous mondial de l’agriculture qui n’est pas non plus leur tasse de thé. L’islam, la prière et les règles alimentaires sont présents et rencontrent l’aristocratie française dans un bonheur jouissif !
Retraités et jeunes lycéennes en hijab
A l’heure où l’état d’urgence et les menaces djihadistes plombent l’ambiance, il est bon de se retirer dans une sale obscure pour rire à gorge déployée avec ses voisins. Au sortir de la salle, ce soir à 21h30 de jeunes filles portant hijab témoignaient avec des retraités du bon moment qu’ils avaient vécu côte à côte.
A Paris comme à Vienne (Isère) où nous avons La Vache, pour les premières projections en salle ce mercredi 17 février 2016, le film arrivait en troisième position pour le nombre d’entrées à 14h30 derrière Zootopie, le dernier né des studios Disney, et Ave Cesar des frères Ehtan et Joël Coen. Souhaitons un beau et bon parcours à La Vache car sa quinzaine d’acteurs et à Mohamed Hamidi, son réalisateur qui, après Né quelque part signe ici son second long métrage.
Après avoir vu La Vache, si vous allez au Salon de l’agriculture, passez devant le concours général des animaux, et découvrez le défilé des vaches et taureaux et le grand ring de la Porte de Versailles qui sert de décor au dernier plan du film. Mais n’oubliez pas que la crise agricole est plus vive que jamais, et qu’au delà de la question légitime des revenus des paysans, ce sont aussi des « paysans qui crèvent » et des pratiques respectueuses de la nature qui sont en filigrane, comme le soulignait ce jeudi matin encore José Bové sur France Inter au micro de Patrick Cohen.
Ce film très humoristique ne doit pas faire passer sous silence le dernier long métrage de Roschy Zem. Chocolat est lui aussi une œuvre majeure à voir, dans un registre plus tragique, même s’il s’agit de la vie d’un clown. Là encore, c’est un artiste français de la seconde génération immigrée issu du Maghreb qui en est l’auteur. Un long métrage à ne pas manquer avec Omar Sy en acteur central.