
Par Jean-François Cullafroz-Dalla Riva, journaliste professionnel honoraire, carte de presse 49272, correspondant du Courrier (quotidien à Genève).

Notre confrère a accompli toute sa carrière au sein du quotidien Le Progrès. Au fil de plus de trois décennies de journalisme, il jette un regard sur son parcours qu’il a entamé en 1960, au retour de son service militaire en Algérie.

(© Aléas éditeur)
Après vingt-quatre mois de service militaire accompli durant la Guerre d’Algérie, Paul Gravillon a démarré sur le tas en 1960 au sein de la rédaction du Progrès. Là, il a rencontré une génération de journalistes qui avait vécu la période de l’Occupation, où ils furent à être résistants et plusieurs déporté.e.s en camp de concentration, tels Marcel-Gabriel Rivière, Eugène-Edmond Desprat, Renée Jolivot… Avec à la clé, le sabordage du quotidien par Émile et Hélène Brémond, les propriétaires, après l’entrée des troupes allemandes en zone dite libre le 11 novembre 1944…
Paul Gravillon se souvient aussi de personnalités marquantes comme l’écrivain Bernard Clavel ou l’humaniste Bernard Frangin. Des amis qui se retrouvaient après le bouclage dans les cafés voisins comme Le Chien qui fume.
Paul Gravillon a commencé son parcours au sein de la rédaction du quotidien Le Progrès par un travail de nuit à la rubrique des faits divers, on disait alors les « chiens écrasés »…
Durant trente années, il a ensuite couvert l’actualité locale rhodanienne, chroniquant par exemple l’actualité sociale ou religieuse. Mais un des fleurons de son travail journalistique est d’avoir mis en lumière et en valeur les poètes et la poésie lyonnaise des années 1960-1990, comme d’autres le firent pour le théâtre avec Jean-Jacques Lerrant ou la peinture avec René Deroudille.
En entrant au quotidien Le Progrès, Paul Gravillon plonge dans un milieu qu’il ne connaissait pas, très marqué par la période de la Résistance, quinze après la Libération de Lyon. Un quotidien, qui en son temps, avait été des soutiens pour le capitaine Dreyfus.
Le Progrès considéré comme être de centre-gauche dans une ville au double visage, entre la colline qui prie (Fourvière) et la colline qui travaille (La Croix-Rousse). Une dualité qui marquait aussi la presse avec en miroir du Progrès, héritier du radical-socialisme le quotidien L’Écho-Liberté qui avait succédé au journal collaborationniste Le Nouvelliste.
Parmi les nombreux collègues que Paul Gravillon a côtoyé au sein de la rédaction du Progrès, notre confrère évoque Pierre Mérindol, qui comme lui, avait débuté au service des faits-divers.
Paul Gravillon a écrit quotidiennement dans les colonnes du Progrès à Lyon. Mais il est aussi auteur de nombreux livres dont certains sont autobiographiques. Dans tous ses ouvrages, il livre le fond de sa pensée : celle d’un homme libre, homme de foi, en l’homme et en Dieu, homme engagé sans être partisan…

(à suivre)
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