Par Jean-François Cullafroz, journaliste honoraire, carte de presse 49 272
C’est la deuxième fois qu’il a été victime d’un attentat. la première, c’était le 29 mars 1985 dans une salle de cinéma parisienne. La seconde, c’était le 7 janvier dernier dans l’attentat contre Charlie Hebdo. Défiant le destin, notre confrère Fabrice Nicolino a repris la plume dès que le journal a reparu. Aujourd’hui, rescapé de ces meurtres, il soigne des blessures graves, mais écrit toujours. Pour témoigner, que même si rien ne sera plus comme avant, les meurtres et les tueries ne sauraient faire taire les journalistes. Et même mieux, au-delà de ces écrits, il continue à militer. Dans une des entreprises de presse qui l’emploie, Bayard Presse, il est candidat CFDT aux élections professionnelles DP-CE.
« Je vais aussi bien que possible dans une telle situation. Après une grosse perte de sang, deux transfusions et une opération longue, retour au calme. J’ai reçu des balles dans chacune de mes jambes, j’ai une plaie à la hanche et une autre à l’épaule. Et pas mal d’éclats dans le corps, qui n’en repartiront pas. Ils rejoignent ainsi l’éclat d’une bombe fichée dans mon pied gauche depuis le 29 mars 1985. Ce jour-là – fatalitas ! -, j’ai été victime d’un attentat au cinéma parisien le Rivoli-Beaubourg… », raconte Fabrice Nicolino dans son blog Planète sans visa.
A Charlie-Hebdo, il continue à ne pas ménager sa peine, comme il le fait depuis cinq ans. Le 7 janvier, le jour même de l’attentat sanglant, alors que la Une révélait les prédictions du mage Houellebecq, en page 7, il levait le lèvre des débordements de rivières et autre submersion marine. et depuis, il enchaîne les sujets brûlants : l’abominable tunnel Lyon-Turin (4 mars), les perturbateurs endocriniens, mauvais pour la croissance (15 mars), et la pollution des villes par le CO2 cette semaine.
Pour lui, une chose est sûre : la crise est là. Oui, la crise écologique, bien plus profonde et pérenne que la crise économique, même si économie, écologie et social ne sont pas sans rapport. « Vous le savez, je tiens la crise écologique, si dramatique, comme le cadre neuf dans lequel penser notre avenir commun, aussi compromis qu’il puisse paraître. Sous ma plume, il ne s’agit pas d’une formule, mais d’une conviction définitive. Elle implique, et je ne vais pas plus avant sur ce terrain instable, une politique révolutionnaire. »
Il y a va fort, le Fabrice, et même du fond de sa chambrée, il garde l’œil ouvert et le regard vif sur ce qui va mal dans le monde. Pour ce journaliste soucieux du bien des autres, la politique, si elle doit changer de route elle doit le faire avec tous. C’est cela la démocratie, assure-t-il. « Et démocratique, cela va de soi. Il faut définir les contours du Grand Partage. Partage de l’espace et des ressources, évidemment. Mais à condition d’y inclure nos frères les animaux, dont le sort maudit ne cesse d’aggraver celui de la psyché humaine. Hors ce cadre-là, selon moi, il ne peut y avoir que ravage, destruction du monde, mortels affrontements »
Il la met en œuvre à son niveau Fabrice, sa révolution. A commencer par les élections du personnel chez son principal employeur : Bayard Presse. Alors que les salariés de cette maison de Montrouge désignent leur représentants, délégués du personnel, membre du comité d’entreprise… ils trouveront son nom sur les bulletins de la CFDT. Et même sur des spots diffusés sur l’intranet es différentes rédactions Voyez un peu, il donne de ses nouvelles dans le journal télé CFDT.
https://cfdtbayard.wordpress.com/2015/03/19/tele-cfdt-du-jeudi-19-mars-edition-speciale/
Alors, à la veille du second tour des élections départementales, ses propos méritent d’être méditées. Pensez-y lorsque vous vous rendrez au bureau de vote (car ni lui ni moi n’imaginons pas que si vous y êtes conviés, vous resteriez chez vous au iriez à la pêche). Entre le 7 et le 9 janvier, 17 personnes ont été assassinées parce que nous vivions dans un pays de liberté. Liberté de la presse, liberté d’expression, droit de vote…
Un impératif à ne pas oublier. Après Charlie, voter est devenu plus que jamais un devoir !