Par Jean-François Cullafroz-Dalla-Riva, journaliste professionnel honoraire, carte de presse 49272, correspondant du Courrier (quotidien à Genève).
Entre 1943 et 1944, le Plateau des Glières fut un des hauts-lieux de la Résistance au nazisme et au régime de Vichy. Depuis plus de quinze ans, parallèlement aux commémorations d’anciens combattants, des citoyen.ne.s venu.e.s de toute la France témoignent que dans différents secteurs de la société civile, résister est aujourd’hui encore un terrain d’engagement. En 2024, cette initiative a été une nouvelle fois une réussite…
A deux heures et demie du département du Rhône, du 10 au 12 mai 2024, des femmes et des hommes de tous âges, épris de justice et espérant un monde différent ont convergé vers le petit village de Thorens-Glières, pour s’informer, échanger, dialoguer.
A 20 kilomètres d’Annecy, leur démarche sera analogue à celles des jeunes garçons, qui, à partir de février 1943, ont afflué en nombre dans les montagnes alpines. Comme dans le Vercors, les Glières, massif alpin haut-savoyard a accueilli dans les maquis ceux qui refusaient d’aller travailler en Allemagne pour le régime nazi.
Débats, expositions, films et théâtre
Dans un timing très serré, vendredi soir 10 et samedi 11 mai 2024, les points de rencontres, débats, expositions, projections de films et autres propositions artistiques se sont succédé entre le cinéma Le Parnal, la salle des fêtes, le gymnase et le village des associations.
La tonalité de ce rassemblement qui attire chaque année plusieurs milliers de personnes a débuté assez naturellement par un propos philosophique déployé sur mode de théâtral. Le « Discours de la servitude volontaire » d’Étienne de la Boétie, sera traduit en langage moderne par la compagnie Avec vue sur la mer.
Samedi 11 mai, à raison d’une proposition par heure, les débats aborderont des sujets aussi variés que les libertés publiques, les dérèglements climatiques, l’avenir de la terre et la sécurité sociale alimentaires, le féminisme et l’organisation de l’État, des communes et des entreprises avec la capacité citoyenne à s’organiser. Ainsi, un hommage a été rendu à Charles Piaget, chrétien engagé, militant de la CFDT et du PSU, qui ouvrit collectivement des voies d’espérance, aussi bien avec ses camarades chez Lip à Besançon qu’avec les Comités de chômeurs.
En clôture, sur le plateau des Glières
Côté 7e art, où le jeune public n’a pas été oublié, avec plusieurs films seront projetés en avant-première. On a ainsi pu voyager dans l’histoire (le camp de concentration de Theresienstadt a été évoqué), comme dans la géographie mondiale avec un retour sur la guérilla des Farc en Colombie, ou sur la situation présente vécu par le peuple palestinien à Gaza notamment. En soirée de ce second jour, la troupe des Goguettes a revisité en paroles et en chansons trois quinquennats présidentiels.
Comme à l’habitude, depuis dix-sept ans, le point d’orgue s’est déroulé sur le plateau des Glières, à portée de vue du mémorial de la Résistance. Là-même, où est venu début avril le président de la République, les témoignages livrés ont été d’une autre nature, puisqu’il a été question des petits actes de résistance posés aujourd’hui.
Une façon de montrer que le programme des Jours heureux élaboré par le Conseil national de la Résistance, que présida Jean Moulin, reste d’une vibrante actualité.
Un tel rassemblement ne restera pas sans suite. Les luttes à mener ne manquent pas, dans le contexte social, sociétal et politique national comme international. Le rassemblement annuel des Citoyens résistants d’hier et d’aujourd’hui se veut un lieu d’éducation populaire pour informer, élargir les horizons, mettre en perspective afin de conduire à l’action. C’est ce qu’a expliqué Gilles Perret, un des responsables de ce mouvement au micro de notre confrère Gérard Fumex du média d’info alternative Librinfo74.