Par Jean-François Cullafroz-Dalla-Riva, journaliste professionnel honoraire, carte de presse 49272, correspondant du Courrier (quotidien à Genève).
En cet été 2023, Pierrette Dupoyet a retrouvé la Cité des papes et le festival off d’Avignon, pour faire revivre deux aventures extraordinaires, celle de comédienne Sarah Bernhardt et du génial découvreur Louis Braille. Après quatre décennies sur les planches, c’est le tour de force pour d’une actrice attachée à mettre en lumière le meilleur côté de l’humanité qui était offert aux spectateurs qui la rejoignaient aux théâtres La Luna et Buffon. Rencontre avec une artiste qui met son talent au service de ses convictions où la fraternité domine.
Le spectacle consacré à Louis Braille est tout aussi inédit qu’emplit d’émotion.
De la description de la ferme familiale à Coupvray à sa fin tragique, victime de la tuberculose à l’âge de 43 ans, Pierrette Dupoyet narre avec une grande sensibilité la vie d’un enfant devenu aveugle par un accident stupide. C’est la maman du jeune Louis, déjà mère de trois enfants, qui raconte la vie de ce petit dernier inentendu et chéri avec une grande tendresse.
Grâce à Pierrette Dupoyet, on partage la vie d’une famille de gens du peuple, simples et attentifs à l’avenir de leur dernier fils, entre joie profonde de la maman et attitude taiseuse mais bienveillante de son bourrelier de père.
Rendre ce qu’on a reçu
D’une intelligence vive, sujet des bienfaits de son instituteur, du maire et du curé du village, Louis Braille sera un immense découvreur. Avec son alphabet, il permettra aux personnes aveugles et malvoyantes de sortir de leur isolement et des moqueries dont elles pouvaient être victimes. Sur les traces de Valentin Haüy, il saura rendre ce qui lui a été donné de recevoir.
C’est sur le message généreux de Louis Braille que Pierrette Dupoyet ouvre la fin de sa nouvelle création.
Au terme de son spectacle « seule en scène », qui est un véritable tour de force, Pierrette Dupoyet prend le temps de saluer le public qui l’attend, de donner quelques autographes et de répondre au journaliste que je suis.
Dans la cour du théâtre La Luna, avant de se reposer pour donner une ultime fois le spectacle consacré à Sarah Bernhardt, Pierrette Dupoyet jette un œil dans le rétroviseur.
Elle revisite plus quatre décennies de spectacle vivant où fraternité, justice et amour ornent le fil rouge de son action artistique.
J’ai vu Pierrette Dupoyet sur scène pour la première fois en 1967. Marcel Sylvestre, un de nos amis, apprentis-instituteur jouait dans la toute nouvelle compagnie du Théâtre du Béguin à Lyon.
Pierrette Dupoyet, Lyonnaise éprise de théâtre depuis son adolescence, faisait alors ses premiers pas d’artiste sous la houlette de Gilbert Léautier. Dans l’ancienne salle de spectacles de la paroisse Saint-Louis, l’adepte de Roger Planchon et Marcel Maréchal, créait La Jacassière où Pierrette Dupoyet excellait.
Souvenir, souvenir…
Pierrette Dupoyet publie tous les textes des pièces qu’elle écrit puis monte, tout en assurant le choix de la mise en scène, des costumes et de la musique, sas oublier les relations presse, la diffusion des flyers et affiches et la parade quotidienne dans les rues d’Avignon.
Pierrette Dupoyet témoigne de son amour du jeu théâtral dans Au Fil des rêves, sa dernière publication réalisée avec sa fille
(à suivre)
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Festival d’Avignon off (3) : Marion Cousineau, une pépite à découvrir