Parcours d’artistes (1) : Des Minguettes à l’Opéra, Fred Bendongué, danseur et chorégraphe

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Dans son livre Up rock, Fred Bendongué livre son parcours personnel, essentiellement marqué par sa carrière de danseur (© Pierre Nouvelle).

Par Jean-François Cullafroz-François Dalla-Riva, journaliste professionnel honoraire, carte de presse 49272, correspondant du Courrier (quotidien à Genève).

La sortie de ce livre mémoriel a permis aux ami.e.s de Fred Bendongué, rencontrés depuis son adolescence, de se retrouver dans le studio du photographe Didier Michalet, qui a accompagné son parcours chorégraphique (© Martine Pullara).

Le livre Up Rock retrace quarante ans de vie artistique d’un jeune lyonnais né dans le quartier de la Croix-Rousse, et qui a éclos à l’art au début des années 80, dans la foulée de la marche pour l’égalité et contre le racisme. Fred Bendongué témoigne de son irrépressible envie de danser. Un parcours qui l’a conduit des improvisations sur le bitume de la Zup des Minguettes aux scènes les plus prestigieuse en France et aux États Unis, inaugurant ainsi une ouverture nouvelle des plateaux aux jeunes venus des banlieues sous la houlette de la Compagnie Traction avant. Rencontre avec l’artiste avec un livre à offrir en cette fin d’année dans la corbeille du réveillon.

Didier Michalet a été un témoin privilégié des créations artistiques de Fred Bendongué
(© Pierre Nouvelle).

Le parcours de Fred Bendongué plonge dans la vie des jeunes des quartiers populaires des années 1970-80. Ce jeune d’une famille franco-camerounaise né dans le quartier lyonnais de la Croix-Rousse a vu se développer sa vocation de danseur et chorégraphe au cœur de la Zone à urbaniser en priorité (Zup) des Minguettes.

Sur le plateau de Vénissieux, les champs de blé ont laissé la place au mi-temps des années soixante à un vaste ensemble de tours et de barres. C’est là, que des jeunes, tout juste sortis de leur adolescence ont fait entendre leurs voix et leur désir de justice, de reconnaissance et de respect. La marche pour l’égalité illustra ces aspirations.

Passeur de culture par excellence, Marcel Notargiacomo a su entraîner les jeunes des Zup sur les plus grands plateaux de danse du monde (© DR/Journal Expressions).

La révolte qui grondait dans le cœur de la jeunesse muta dans l’art, et notamment la danse. Dans la dynamique de l’éducation populaire que développait la Maison des jeunes et de la culture (MJC), Marcel Notargiacomo fit jaillir la Compagnie traction avant.

En son sein, Fred Bendongué et une équipe d’ami.e.s confrontèrent alors leurs potentialités et leurs talents au fil d’un long apprentissage rigoureux et d’un incessant travail corporel. Des chorégraphes et danseurs lyonnais comme Pierre Deloche, acceptèrent de transmettre leur savoir-faire pour faire croître cette passion.

Dans le livre qu’il a fait paraître début décembre 2022, Fred Bendongué témoigne à mots comptés de son aventure.

Venue des États-Unis, au moment même où émergeait la modern danse dans les studios de Merce Cunningham et autres Paul Taylor, sur les traces des précurseurs Isadora Duncan, Loie Fuller et Martha Graham, la danse de rue a trouvé un écho au sein d’une jeunesse qui trouva là un moyen de s’exhiber artistiquement.

La break-dance, le smurf se développèrent au même titre que le hip-hop, le mouvement DJ, le rap, le slam… C’est dans ce creuset artistique bouillonnant que se développa la bande de Fred et de ses copains Zoro, Harry Albert, Amar Bouinoual, Uriel Daciano, Robalo Lendes, Jorge Gomes et Toni Moreiro.

Le livre Up Rock raconte cette histoire, où les jeunes des banlieues durent jouer des coudes pour faire reconnaître leurs talents, et passer du parvis de l’Opéra de Lyon au plateau de la Maison de la danse, où Guy Darmet avait su faire éclore de jeunes pousses.

Fred Bendongué se souvient.


Livre de mémoire personnelle, cet ouvrage est aussi la chronique collective de jeunes qui ont muri au fil d’une aventure artistique talentueuse. L’artiste-photographe, Didier Michalet a accompagné ce parcours et les illustrations de Up Rock en rend témoignage.

Ces clichés saisis à la confluence de la Saône et du Rhône illustrent la convergence de passions profondes et de la rigueur d’un art beau mais difficile (© Pierre Nouvelle).

(à suivre)

Notre prochain article :

Parcours d’artistes (2) : Didier Michalet, la photographie dans la peau

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