Par Jean-François Cullafroz, journaliste
Les confessions chrétiennes bougent. Alors qu’à Rome, l’Eglise catholique tient un synode extraordinaire pour réfléchir et proposer des orientations sur la famille, en Europe les protestants lorgnent vers 2017, 500e anniversaire des thèses du moine Martin Luther, qui posèrent les bases de la Réforme. L’Eglise protestante unie de France n’échappe pas à cette célébration et s’est mise en route à la fin de l’année passée. Une nouvelle étape a été lancée le 11 octobre 2014. Explications et entretien avec un fidèle de la paroisse de Vienne (Isère).
« 2017, nos thèses pour l’Evangile » est un parcours qui a débuté le 29 décembre dernier. Après 40 semaines de réflexions autour de questions les plus quotidiennes auxquels sont confrontés les protestants, l’Eglise protestante unie de France (EPuDF) a passé un nouveau cap : celui qui doit la conduire vers l’été 2017.
Il y a 500 ans en effet, le moine catholique augustinien Martin Luther affichait sur les portes de l’église de Wittenberg 95 thèses qui constituaient sa confession de foi. Un véritable appel à la conversion de l’Eglise romaine, auquel, pour des raisons multiples, tout autant politiques que théologiques le pape n’a pas répondu. Après plusieurs années de dialogue de sourds, Luther fut excommunié et la Réforme protestante se mit en route. Certaines de ses intuitions avaient déjà développées par Pierre Valdo et ses fidèles lyonnais, François d’Assise, Jan Hus et les Frères moraves, les béguines rhénanes... avec plus ou moins de succès au sein de l’Eglise d’Occident.
Exposer à la société les raisons de croire
La réforme luthérienne fit des adeptes, et depuis la suisse puis la France, Guillaume Farel et Jean Calvin initièrent eux aussi une autre tradition réformée. Il n’est pas anodin qu’en France où les guerres de religion furent désastreuses, les traditions luthérienne et réformée se soient rassemblées il y a un an en une Eglise unie, à l’instar d’autres pays européens qui les ont précédées.
De concert, elles ont choisi de revisiter les bases de leur croyance en Jasus-Christ, ce qu’on appelle dans le langage « maison » leur confession de foi. Une façon de donner un nouveau visage au Credo de Nicée-Constantinople adopté au 4e siècle, et socle commun de toutes les confessions chrétiennes, des orthodoxes russes aux anglicans d’Afrique du Sud.
S’inscrivant dans une histoire dont les figures ont pour nom Luther, Calvin, Farel, Zwingli, Mélenchton, mais aussi Jean-Sébastien Bach, l’ardéchoise Marie Durand, l’engagé social William Booth et au 20e siècle le théologien suisse Karl Barth, Dietrich Bonhoeffer, le pasteur allemand martyr du nazisme, Madeleine Barot, fondatrice de la Cimade et des réseaux d’aide aux juifs persécutés… On pourrait ajouter le fondateur de la Croix Rouge, Henry Dunand, le marcheur infatigable Théodore Monod membre d’une ligne lignée protestante, le médecin, organiste et théologien alsacien Albert Schweitzer, ou encore le leader de la cause noire américaine et apôtre de la non-violence : Martin-Luther King...
Trois années de cheminement
Concrètement, sur la base d’outils de communication multimédia allant de pair avec les rencontres de paroisse et réflexion personnelle, le cheminement connaîtra trois phases : en 2015, il s’agira de réfléchir et débattre, en 2016, d’élaborer et associer l’ensemble des organisations du protestantisme et de ses partenaires, et en 2017, d’afficher un témoignage de leur foi ancré dans la vie sociale, économique, politique et culturelle de notre pays, à la suite d’autres témoins qui n’ont pas hésiter à résister.
En France, la démarche a été lancée samedi 11 octobre 2014, sous le regard intéressé et bienveillant de la Fédération protestante de France et des autres confessions chrétiennes, dont l’Eglise catholique romaine. Dans l’Isère, à Vienne, siège depuis le 2e siècle d’une des plus anciennes communautés chrétiennes de Gaule, c’est au cœur de la cathédrale St Maurice que s’est déroulé l’événement.
Vincent Moulin est membre de la paroisse viennoise de l’Eglise protestante unie de France, chargé des relations avec les autres chrétiens. Il expose ce que signifie pour lui, être aujourd’hui protestant.
Renseignements : www.theses2017.fr