Reportage de François Dalla-Riva
Le quotidien régional Le Progrès s’est lancé dans une politique de suppléments thématiques. Une manière nouvelle d’aborder l’actualité et d’élargir son public. Après un ouvrage sur 1945 publié l’an passé, le journal lyonnais vient de publier courant juin deux suppléments, l’un consacré à la Libération de 1944 et l’autre à la guerre 1914-18. Rencontre avec des collègues, membres de la rédaction, réunis au Club de la presse deLyon.
A l’occasion du 100e anniversaire du début de la Première guerre mondiale, le quotidien régional basé à Lyon a mis à contribution ses lecteurs. Plusieurs centaines ont répondu à l’invitation du journal. Ensuite, une équipe d’une quinzaine de journalistes, historiens, chercheurs s’est mises au travail sous la houlette de deux journalistes Bénédicte Georges et de Nathalie Garrido.
Ainsi est né un supplément broche format tabloïd intitulé « 14-18, Du front à l’arrière, Notre région dans la guerre« . 110 collections familiales ou privées ont fourni le fond des témoignages et de 700 photos. Parmi les documents collectés, on trouve même les petits journaux de salariés du quotidien, ouvriers du Livre ou journalistes, engagés dans les combats.
Elargir le regard sur le vécu des populations en temps de guerre
Ce supplément vendu 19,90 € permet d’élargir le regard à la situation des villes d’appui qui n’étaient pas au front. C’est le cas de Lyon, du Rhône, de Saint-Etienne, Roanne ou de la Loire qui se sont développés durant cette période et ont vu ses usines travailler contribuer à l’effort de guerre et continuer à nourrir la population.
« 14-18, Du front à l’arrière, Notre région dans la guerre » ne fait pas l’impasse sur les efforts pour éviter la guerre avec le dernier discours de Jean Jaurès le 25 juillet 1914 tenu devant des ouvriers dans le quartier de Vaise à Lyon.
En près de 200 pages, cet ouvrage fourmille de trouvailles, de documents personnels ou publics et de photos, avec une multitude d’angles différents permettant d’ausculter la vie des départements du Rhône, de la Loire, de la Haute-Loire, du Jura ou de l’Ain durant la période de cette guerre qui ne prendra fin qu’en 1921.
Bénédicte Georges, journaliste de la rédaction lyonnaise du Progrès explique l’objectif de cette parution et les trésors que l’on peut y dénicher. Un entretien recueilli au Club de la presse de Lyon par Jean-François Cullafroz.
Une politique éditoriale soutenue
« 14-18, Du front à l’arrière, Notre région dans la guerre » n’est pas le premier supplément du quotidien Le Progrès. Il faut aussi citer 39-45 Témoignages, Quel drôle de temps, 40 faits divers extraordinaires, 150 ans d’actualité à la une… , sont quelques uns des titres qui ont précédé.
Et dans le même mois de juin, le journal a fait coup double avec un opuscule consacré à la Première guerre mondiale et un autre à la Libération de 1944 dans différents départements rhonalpins. Un thème qui était indispensable tant l’attitude du Progrès et de ses salariés fut exemplaire. Ne s’est-il pas sabordé le 11 novembre 1942 quand les allemands franchissant la ligne de démarcation sont entrés en zone dite libre et à Lyon ? Des journalistes tels Marcel-Gabriel Rivière, Yves Farge et bien d’autres ouvriers du Livre n’ont-ils pas rejoints les rangs de la Résistance, au prix même de leur vie comme René Leynaud ?
Manuel Da Fonseca assure la responsabilité des suppléments du quotidien Le Progrès. Notre confrère détaille les choix qui guident la conception de ses ouvrages au micro de Jean-François Cullafroz.
Après les situations des départements au fil des deux guerres du 20e siècle revisités par toute une équipe, le quotidien rhonalpin a d’autres projets dans ses tiroirs. A découvrir dans quelques mois.