24 avril 2022 (3) : Des catholiques et des francs-maçons disent non à l’extrême-droite

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Dimanche 24 avril 2022, la nation française, en métropole, en Outremer ou à l’étranger vivra un moment intense pour le second tour des élections présidentielles (© Pierre Nouvelle).

Par Jean-François Cullafroz, journaliste professionnel honoraire, carte de presse 49272, correspondant du Courrier (quotidien à Genève).

Pour ce rendez-vous électoral, les dangers des idées d’extrême-droite ont été mis en lumière durant les deux semaines qui ont ponctué l’entre-deux tours (© Pierre Nouvelle).

Plus de 48 millions de Français.e.s sont invitées à faire leur choix dimanche 24 avril 2022 pour le deuxième tour des élections présidentielles. Pour beaucoup, quelles que soient leurs sensibilités politiques de droite, de gauche ou du centre, c’est le choix d’un type de société qu’ils voudront sans doute exprimer. Dans la semaine
qui précède le second tour, après des syndicalistes, des sportifs, des artistes, des responsables religieux, des voix courageuses se sont levées pour éclairer le choix des électeurs-trices. Un scrutin qui intervient le jour-même où l’on commémore le génocide des Arméniens et le souvenir des des victimes et héros de la déportation.

A 8 heures du matin, les premier.e.s votant.e.s faisaient déjà la queue pour déposer leur suffrages dans l’urne (© Pierre Nouvelle).

Les deux bureaux de vote de ma commune de près de 3 000 habitants n’ouvraient qu’à 8 heures, comme partout en Métropole ce dimanche 24 avril 2022. En effet, après Saint-Pierre-et-Miquelon qui a voté en premier, les autres départements et autres collectivités d’outre-mer se sont exprimés depuis plusieurs heures.

A Ampuis (Rhône), les portes de la salle polyvalente, où se déroule le processus électoral, n’étaient pas encore ouvertes que déjà une file se constituait.

Autour du maire de la commune, des assesseur.e.s bénévoles accueillaient les premiers votant.e.s (© Pierre Nouvelle).

Avant ce jour où l’on commémorait tout à la fois le génocide arménien et la journée nationale du souvenir des victimes et héros de la déportation, des autorités morales avaient pris la parole pour mettre en lumière les enjeux du scrutin présidentiel du 24 avril 2022.

Francs-maçons et catholiques éclairé.e.s à l’unisson

Après des artistes, des sportifs, des intellectuels, des religieux protestants, juifs et musulmans, sept obédiences maçonniques ont fait connaître une position commune.

« Chaque élection voit l’érosion de la participation des citoyens aux différents scrutins. Si l’abstention grandissante doit conduire les responsables politiques et gouvernementaux à s’interroger sur leur responsabilité à l’égard du peuple, pour les obédiences maçonniques, il est primordial que les citoyennes et citoyens se saisissent de cette échéance pour affirmer le principe démocratique du suffrage universel », expriment ces responsables d’organisations qui furent interdites par le régime du maréchal Pétain dès l’été 1940


Comme en 2017, des institutions maçonniques ont fait connaitre leurs approches sur les enjeux électoraux (© DR/NAV).

Et les sept obédiences maçonniques soulignaient que « La prochaine échéance électorale constituera un enjeu majeur pour notre pays », ajoutant « Des menaces inquiétantes pèsent sur notre pays, attisant le racisme, le rejet et la haine de l’autre, les pulsions identitaires. Exercer son droit de vote, son devoir de citoyen, est plus que jamais essentiel afin de préserver notre démocratie. »


Fidèle à ses convictions, Christian Delorme, prêtre lyonnais, membre du Prado a lancé un vibrant appel aux évêques français pour qu’ils expriment leur préoccupation pour la République et la démocratie (© Pierre Nouvelle).

Les évêques français se sont contentés de rappeler la doctrine sociale de l’Église catholique : accueil de l’étranger, justice sociale, attention aux plus pauvres, et aussi protection de la vie, alors même que lors d’élections précédentes, ils avaient été plus explicites face à la candidature d’extrême-droite.

Il faut dire que cette prudence était sans aucun doute liée aux penchants politiques des fidèles pratiquants de plus en plus orientés à droite et votant même pour les candidats de l’extrême-droite.


A la Une du quotidien La Croix, le directeur de la rédaction n’a pas hésité à souligner que le vote pour l’extrême-droite pouvait être le choix du pire » (© Pierre Nouvelle).

Un quotidien courageux qui mécontentera sans doute des lecteurs

Dans on éditorial du vendredi 22 avril 2022, le directeur de la rédaction de La Croix n’a pas hésité à souligner que le vote pour l’extrême-droite « pouvait être le choix du pire »

Une attitude jugées excessivement précautionneuse dénoncée par des catholiques, à commencer par le père Christian Delorme, dans une tribune diffusée par le quotidien Le Monde.

 » Que les évêques de France disent qu’aucune voix chrétienne ne doit aller à l’extrême droite le 24 avril ! « , tel est fil conducteur de cette prise de position naturelle pour ce prêtre lyonnais, chargé des relations avec l’Islam, militant non-violent, membre de l’association des prêtres du Prado, et ex-coanimateur de la Marche pour l’égalité et contre le racisme appelée Marche des Beurs.

Témoignage chrétien fidèle à son histoire depuis 1941

Cette prise de position a été suivie par un autre appel de catholiques engagés, initié par Christine Pédotti, directrice du magazine Témoignage chrétien.

 » Quelques jours avant le second tour de l’élection présidentielle, alors que la candidate du Rassemblement national n’a jamais été aussi proche des portes du pouvoir, plusieurs études révèlent que 40 % des catholiques ont voté au premier tour pour l’un des trois candidats d’extrême droite. En tant que catholiques, ce chiffre nous bouleverse. C’est pourquoi nous avons décidé de vous adresser, frères et sœurs dans la foi, cette lettre ouverte, qui se veut à la fois franche et fraternelle ».

Ainsi débute cette déclaration dont les premier.e.s signataires sont Anne-Marie Aitken, religieuse xavière. Guy Aurenche, avocat honoraire, militant des droits de l’homme, Christian Delorme, prêtre du diocèse de Lyon, Laurent Grzybowski, journaliste et liturge, militant du dialogue interreligieux, Anne Guillard, docteure en science politique et en théologie, Monique Hébrard, journaliste, autrice, Christine Pedotti, directrice de Témoignage chrétien, Jean-Pierre Rosa, éditeur, auteur, ancien délégué général des Semaines sociales de France, Gérard Testard, responsable associatif.

Quand la démocratie et la République sont en danger, on est conduit à élire celui dont on ne partage pas le programme (© Pierre Nouvelle).

A 20 heures le 24 avril 2022, les résultats du scrutin dira si le choix de la raison l’aura emporter sur celui du cœur.

A suivre avec attention donc !

(à suivre)

Notre prochain article :

Après le 24 avril 2022 : En perspective du 3e tour, des livres pour réfléchir


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